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Présidentielle : à Nantes, Jean-Luc Mélenchon en appelle aux sens et trace sa route en solitaire

Au lendemain de l’entrée en campagne de Christiane Taubira, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon a proposé dimanche un meeting "immersif et olfactif" à Nantes, assumant une nouvelle fois sa stratégie de faire cavalier seul, sans tenir compte des appels à l'union de la gauche. Après les hologrammes, place au meeting immersif et olfactif. Coutumier des innovations et autres expérimentations en campagne électorale, le candidat à l’élection présidentielle (10 et 24 avril) de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a proposé, dimanche 16 janvier, aux 3 000 personnes venues l’écouter à Nantes, une réunion politique d’un nouveau genre. Inspiré des expositions de l’Atelier des lumières, à Paris, Jean-Luc Mélenchon a fait installer une structure dont les quatre murs d'une largeur de 50 mètres et le plafond étaient composés d'écrans, permettant la diffusion d'images à 360 degrés, tandis qu’un système diffusant des odeurs complétait l'immersion. Si les odeurs de l'espace ou de la mer ont visiblement eu du mal à être ressenties par le public, le dispositif mis en place a permis de "montrer en grand angle la vision du monde que nous portons à travers les mesures de l'Avenir en commun", a justifié Jean-Luc Mélenchon. Le candidat a ainsi pu parler environnement, espace, intelligence artificielle, océans et rupture avec le monde capitaliste pendant que des images illustrant ses propos – une petite ville au milieu de la campagne, l’espace, la mer notamment – étaient diffusées en arrière-plan. "Il faut un partage des richesses ferme, assumé, déclaré et qui ne se cache pas", a affirmé le candidat. Puis, évoquant les 14 tranches qu’il compte créer pour l’impôt sur le revenu et en particulier la dernière pour laquelle il promet un taux à 100 % : "Nous allons confisquer tout le reste au-dessus de 12 millions d’euros et je donne tout aux jeunes gens, à l’avenir de la patrie." "Ce n’est pas d’union dont on a besoin, c’est de clarté" Jean-Luc Mélenchon en est convaincu : pour gagner, il doit regarder droit devant lui, mener campagne, dérouler son programme et ne pas se soucier de l’agitation médiatique entourant l’entrée en campagne de l’ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, et les appels répétés pour une union de la gauche. "Nous ne sommes pas concernés par la compétition entre le Parti radical de gauche de (Christiane) Taubira et le Parti socialiste (d'Anne) Hidalgo. (…) Je vais faire quoi avec eux ? Ce n’est pas d’union dont on a besoin, c’est de clarté et de mobilisation populaire. Nous, on avance." Son nom sera pourtant proposé contre son gré aux électeurs de la Primaire populaire, qui se tiendra du 27 au 30 janvier, tout comme ceux de Yannick Jadot et d’Anne Hidalgo, tandis que quatre candidats y participent de bon cœur – Christiane Taubira, qui a officiellement annoncé sa candidature la veille, mais aussi Anna Agueb-Porterie, Pierre Larrouturou et Charlotte Marchandise. Peu importe. "Faites confiance à une tortue électorale sagace comme moi. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. J’ai déjà épuisé quelques lièvres", a lancé le député des Bouches-du-Rhône, paraphrasant la célèbre fable de Jean de la Fontaine. Ses partisans sont du même avis. "Je ne vois pas l’intérêt de réunir toute la gauche sans qu’il y ait un programme commun", juge Manon, 25 ans, présente à Nantes. "C’est d’abord pour son programme que je soutiens Jean-Luc Mélenchon. Je vois des messages sur la 'règle verte' qui s’affichent un peu partout autour et c’est un bon exemple. Nos modes de vie doivent aller vers davantage de sobriété et c’est le programme de l’Avenir en commun qui insiste le plus là-dessus." La règle verte consiste à ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer, ni produire plus que ce qu'elle peut supporter sur une année. Parler aux classes populaires "C’est un peu dommage qu’il n’y ait pas d’union, mais je ne sais pas comment on peut faire autrement car au bout d’un moment, l’union, ça finit par se déchirer", estime pour sa part Bascou, 68 ans, soutien de Jean-Luc Mélenchon depuis 2012. "Au moins les choses sont plus claires comme ça. Je ne vois pas l’intérêt d’une primaire car ça ne règle pas les problèmes de fond, à savoir les idées, et au final ça fait juste une unité de façade." À un peu moins de trois mois du premier tour du scrutin présidentiel et avec huit candidats déclarés – Nathalie Arthaud, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Christiane Taubira –, la gauche avance donc façon puzzle et tout reste encore ouvert ou presque. Même si le candidat insoumis est régulièrement donné en tête dans les sondages d’opinion (autour de 10 %), son avance n’est que de quelques points sur son principal concurrent, l’écologiste Yannick Jadot. Lui espère creuser l’écart dans les prochaines semaines en devenant pour l’électorat de gauche le vote utile, comme en 2017. Il y a cinq ans, le candidat insoumis avait ainsi réalisé sa percée entre la mi-mars et la mi-avril, passant en quelques semaines de 12 % à 19 % dans les intentions de vote, tandis que le candidat socialiste Benoît Hamon décrochait. Le scénario se répétera-t-il en 2022 ? Les insoumis l’espèrent. "Le principal problème ce n’est pas l’éparpillement des candidatures car le total de la gauche est assez faible. C’est plutôt parvenir à parler aux dégoutés de la politique et aux classes populaires. Or, il n’y a que Mélenchon qui arrive à faire ça à gauche puisque les autres ont déserté les questions sociales", tacle Élie, 26 ans, militant LFI depuis qu’il est en âge de voter. Une vision qui est également celle de Jean-Luc Mélenchon. "Je demande aux femmes et aux hommes des milieux populaires : cette fois-ci, il faut se bouger", les a-t-il exhortés, sachant pertinemment que ce défi est immense.

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