Jean-Luc Mélenchon accuse le patron des socialistes de "rompre la Nupes"
La Nupes est-elle en train d'imploser ? Jean-Luc Mélenchon a semblé acter mardi la fin de cette alliance politique. Il accuse le patron des socialistes de l'avoir rompue en affirmant que le leader de la France insoumise ne pouvait plus "être celui qui incarne l'ensemble de la gauche et de l'écologie". Depuis l'attaque du Hamas, Jean-Luc Mélenchon refuse de qualifier le mouvement islamiste de "terroriste".
"Olivier Faure rompt la Nupes." Par un tweet en forme d'épitaphe, Jean-Luc Mélenchon a officialisé la fin de cette Nouvelle union populaire écologiste et sociale, mardi 17 octobre. Il a accusé le patron des socialistes de "rompre" leur alliance politique en affirmant que le leader Insoumis ne pouvait plus "être celui qui incarne l'ensemble de la gauche et de l'écologie". Un divorce "pour fait personnel à mon sujet à propos d'Israël (et de la) Palestine", a-t-il précisé.
Depuis l'attaque sanglante du Hamas, le leader de la France insoumise (LFI) et son cercle rapproché refusent de qualifier le mouvement islamiste de "terroriste". La députée Danièle Obono a encore évoqué mardi un "groupe politique islamiste" qui "résiste à une occupation" pour "la libération de la Palestine". Face à cette position, le Parti socialiste a convoqué son conseil national à partir de 19 h 30 pour discuter d'une éventuelle sortie de l'alliance nouée au printemps 2022 et dominée par LFI.
Un "crime de lèse-majesté" aussitôt dénoncé par les cadres de LFI
Olivier Faure y proposera "un moratoire" sur la participation de ses députés à l'intergroupe Nupes, a-t-il annoncé sur France Inter. De fait, les députés socialistes n'étaient pas présents à la réunion hebdomadaire mardi matin. Il s'agit d'"obtenir une clarification", a expliqué le premier secrétaire du PS. Il y a "un sujet avec la méthode Mélenchon", le triple candidat à la présidentielle "ne peut plus prétendre incarner l'ensemble de la gauche et des écologistes". Crime de lèse-majesté aussitôt dénoncé par les cadres de LFI, Manuel Bompard et Mathilde Panot fustigeant à l'unisson de leur chef un "prétexte" pour "rompre avec la Nupes".
"Quand vous êtes, pour certains, les auteurs du bazar permanent à gauche, rejeter la faute sur les autres, ce n'est pas responsable", a dénoncé le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, auprès de l'AFP. Pour lui, "de facto c'est la fin d'une étape. Nous, ce qu'on veut c'est plus d'union et mieux d'union. Nous ne trahirons jamais cette promesse faite aux Français de se rassembler pour changer leur vie".
La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain a proposé de réunir les 151 députés de la Nupes "le plus rapidement possible" pour tenter de dépasser les différends. La coalition bat de l'aile depuis longtemps. L'espoir suscité en juin 2022 a en effet été mis à rude épreuve avec les violences conjugales d'Adrien Quatennens, la stratégie au moment de la réforme des retraites, la guerre en Ukraine ou les émeutes urbaines.
Le parti communiste a déjà fait un pas vers la sortie dimanche, en votant une résolution constatant l'"impasse" de la Nupes, et appelant à "un nouveau type d'union" de la gauche. Au sein du PS, la pression s'accroît sur Olivier Faure, dont les opposants entendent bien obtenir le départ d'une alliance avec LFI à laquelle ils sont hostiles.
"Si Mélenchon aime la gauche, qu'il nous laisse construire une alternative"
Au nom de "la clarté", la présidente de la région Occitanie Carole Delga, la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire de Rouen – rival interne du patron des socialistes – Nicolas Mayer-Rossignol, ont annoncé lundi "la suspension immédiate de tout cadre commun d'actions avec la France insoumise", et appelé le PS, et ses partenaires de gauche et écologistes "à faire de même".
Le moratoire proposé par Olivier Faure, "n'est pas suffisant. ce n'est pas juste un problème de méthode, c'est un problème de ligne politique", argumente Nicolas Mayer-Rossignol. Mais d'autres refusent d'apparaître comme les fossoyeurs de l'union. "Si Mélenchon aime la gauche, il doit s'effacer, qu'il nous laisse construire une alternative", estime la députée Christine Pires-Beaune.
Ce moratoire vise à lancer "deux chantiers", précise son collègue Arthur Delaporte. L'un "sur notre manière de travailler à l'Assemblée qui n'est pas satisfaisante", et un deuxième sur "les désaccords de fond que nous devons mettre sur la table". Olivier Faure réclame d'ailleurs un "fonctionnement plus démocratique" de la coalition pour aboutir à "une candidature commune" en 2027. Il appelle à "un dialogue" avec ceux qui sont "prêts" à "construire le rassemblement sur des bases claires".
Au sein de LFI, le député Alexis Corbière reconnaît qu'il y a "une situation de tensions". Mais, dans ces moments-là, "il faut des militants de l'unité".
Avec AFP