"Plus besoin de se cacher" : condamné par la maladie de Charcot, Charles Biétry dévoile un message déchirant
Il a été directeur des sports de Canal+ de 1984 à 1998 puis à France Télévisions pendant un an et directeur général de la chaîne BeIN Sports de juin 2012 à novembre 2014. Charles Biétry a accepté de revenir sur la maladie de Charcot dont il souffre. Dans une tribune publiée dans L'Équipe, le journaliste salue le projet de loi sur l’aide à mourir lancé par Emmanuel Macron.
Dans un texte bouleversant, il confie : « Les trois coups frappés discrètement à la porte de ma chambre auraient dû m'alerter, l'entrée de trois médecins aux visages impassibles aurait dû m'inquiéter, leurs paroles impitoyables m'annonçant cette maladie de Charcot auraient dû m'angoisser. Donc j'allais mourir et... je n'avais pas peur”, indique-t-il.
Charles Biétry : "Je ne marche plus"
S’il se renseigne sur la maladie que les médecins viennent de lui annoncer, il indique être “prêt pour le combat”. “Car avant de parler de notre fin, je voudrais dire à mes camarades malades que, aussitôt le diagnostic connu, ça veut aussi dire qu'il nous reste quelques mois ou quelques années à vivre. Ne les gâchons pas, elles sont trop précieuses”, écrit-il.
Charles Biétry décrit alors les symptômes dont il souffre : “Je ne marche plus mais tous les jours, je grimpe sur un vélo d'appartement, je me mets dans les mains de Jean-Baptiste, mon indispensable kiné, j'essaie de barboter dans une piscine. Je ne parle plus mais je peux toujours écrire sur mon ordi, je peux lire, je peux regarder la télé et je ne me sens pas coupé du monde extérieur”.
La question de la fin de vie
Le journaliste indique alors avoir pensé à sa fin de vie. “Lorsque ma réflexion m'a conduit à penser que la fin de ma vie serait un cauchemar, lorsque j'ai compris que quatre étapes m'attendaient, ne plus marcher, ne plus parler, ne plus avaler et enfin ne plus respirer, lorsque j'ai su que d'atroces souffrances m'attendaient, lorsqu'il m'est devenu évident que les miens souffriraient tout autant de me voir dans un lit, inerte, sans échange possible, guettant, longtemps peut-être, un dernier souffle, alors la famille s'est réunie”.
Si le suicide assisté est interdit en France, Charles Biétry a pensé à aller en Suisse. "Et s'il fallait aller en Suisse, nous irions. Les papiers sont prêts, la réservation est faite et les formalités sont remplies. Avec ma femme et mes deux enfants, nous partirons ensemble pour mettre un terme à ma merveilleuse vie. Je n'ai toujours pas peur de mourir mais j'ai peur d'avoir peur durant ce voyage qui sera difficile”.
Ainsi, avec le projet de loi souhaité par Emmanuel Macron, le journaliste tente de voir la vie différemment. “Plus besoin d'aller en Suisse, plus besoin de se cacher dans le cabinet d'un médecin qui transgresserait la loi, plus besoin de se battre pour qu'on respecte ma liberté.”