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Pierre Fairbank, l'infatigable para athlète qui veut terminer en beauté avec Paris-2024

PARA ATHLÉTISME Pierre Fairbank est, à 52 ans, l’un des doyens de l'handisport français. Sa carrière parle pour lui : plus de trente ans d’athlé-fauteuil, six participations aux Jeux paralympiques et neuf médailles au compteur. Pas rassasié, il compte encore progresser sur piste, et pourquoi pas viser quelque chose à Paris en 2024. Portrait d'un para athlète "persévérant" et à la longévité impressionnante. "J'ai toujours le plaisir de rouler." Ainsi pourrait se résumer la carrière de Pierre Fairbank, rencontré par France 24 le 14 juillet à l'occasion des Mondiaux de para athlétisme au stade Charléty, à Paris. En ce jour de fête nationale, le para athlète calédonien vient de décrocher une qualification pour la finale du 100 mètres T53 (en fauteuil roulant) en terminant 3e de sa série. "Les sensations étaient bonnes, mais il va falloir que je hausse mon niveau", explique-t-il peu après en zone mixte. Il terminera finalement 6e en finale, avec un chrono en-dessous de ses attentes. Mais là n'est pas l'essentiel : à 52 ans, l'un des doyens de l'handisport français n'a pas perdu l'envie de rouler, toujours animé par une insatiable soif de podiums.  Et en plus de trente ans de carrière, Pierre Fairbank a largement fait ses preuves en la matière avec un palmarès fourni : six participations à des Jeux paralympiques pour 9 médailles remportées (dont l'or sur 200 mètres T53 aux Jeux de Sydney en 2000), et 13 médailles supplémentaires glanées lors de ses sept participations à des Mondiaux de para athlétisme. Il n'a pas fait de podium à Charléty, mais la compétition a pour lui valeur de "test à domicile" avant la grand-messe des Jeux paralympiques 2024. "Ici tout est bien organisé, le public met l'ambiance même s'il n'est pas présent en nombre… C'est une bonne répétition avant l'année prochaine", se réjouit Pierre Fairbank, qui garde aussi en ligne de mire les Mondiaux de para athlétisme au Japon, l'année prochaine, pour "faire les derniers réglages". "Dernière olympiade" et longévité au haut niveau Une chose est sûre en tout cas : les Jeux de Paris seront ses derniers. "Ce sera ma dernière olympiade. J'aurai alors 53 ans, c'est bon, je pense qu'après j'aurai d'autres choses à faire (rires)", déclare le para athlète. "C'est un bon bout de ma vie, une belle carrière, j'ai plus de trente ans d'athlé-fauteuil, c'est énorme." Bien que Pierre Faibank a contracté une myélite à l'âge de 9 ans, il démarre sa carrière sportive quelques années plus tard, à 15 ans, avant une première sélection en équipe de France pour les Mondiaux de para athlétisme à Birmingham, en 1998. "Je vis normalement, pour moi, j'ai toujours été assis, je ne me vois pas avec un handicap terrible", affirme l'homme toujours souriant. Il marque ensuite l'histoire de l'handisport français pendant plus de trois décennies avec la réussite que l'on sait… sans oublier de partager son expérience du haut niveau avec d'autres para athlètes, comme le Calédonien Nicolas Brignone, ou avec un plus jeune public – Pierre Fairbank est éducateur sportif de formation. Le principal intéressé résume ainsi sa longévité : "J'y arrive parce que je joue toujours pour la gagne, en m'entraînant je suis encore ‘podiumable'. C'est motivant, et en plus j'ai toujours le soutien de mon entraîneur, de ma famille, de la Nouvelle-Calédonie". À cela s'ajoutent les évolutions technologiques qui ont permis aux para athlètes d'optimiser leurs performances en fauteuil ces dernières années. "J'ai du plaisir à voir le matériel évoluer, la manière de s'entraîner qui change aussi. Je voulais arrêter ma carrière après chaque olympiade disputée, et je me disais que je ne pouvais pas aller plus vite... et finalement si", poursuit Pierre Fairbank. "À chaque fois je vais plus vite, du coup ça me motive de savoir jusqu'où je peux aller. Il y a encore quelque chose à aller chercher, que ce soit sur le matériel, la position (dans le fauteuil), la manière de frapper les roues…" Faire carrière aussi longtemps au haut niveau nécessite aussi beaucoup de travail et de la régularité. Avant les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, Pierre Fairbank "s'est donné les moyens de ses ambitions", comme l'a rapporté le journal La Croix, mêlant une hygiène de vie stricte et un entraînement quotidien de trois heures, six jours par semaine. "Il n'y a que le travail qui paie, le nombre d'heures passées dans sa discipline", confie le para athlète. "Maintenant, les médias et les gens s'intéressent à l'handisport" C'est d'ailleurs ce credo que compte encore suivre Pierre Fairbank pour l'année à venir. "Il faut encore que je progresse", estime-t-il. "Sur le 400 mètres, j'ai battu mon record avant-hier (le 12 juillet), et sur le 100 mètres, je fais des bons chronos. Mais il va falloir que je hausse mon niveau : les deux premières places sont quasiment intouchables (souvent occupées par le Brésilien Ariosvaldo Fernandes et le Thaïlandais Pongsakorn Paeyo, NDLR), alors que derrière, on se tient tous dans une petite fourchette pour la troisième place." Se démarquer, travailler des détails à l'entraînement et tenter de reproduire ensuite ces performances en compétition : le para-athlète va devoir faire preuve de persévérance pour espérer remporter une nouvelle médaille aux Jeux paralympiques de Paris. C'est d'ailleurs ce mot qui revient dans sa bouche quand il s'agit d'adresser un message aux jeunes para athlètes : "Il faut être persévérant, c'est tout. La jeunesse a envie de réussir rapidement car elle voit sur les réseaux sociaux des gens qui brillent. Mais on n'y arrive pas comme ça : il y a du travail derrière, de longues années à s'entraîner sans y arriver, et un jour ça se débloque." Par ailleurs, Pierre Fairbank se félicite de la mise en lumière de l'handisport avec les Mondiaux au stade Charléty, puis les Jeux en 2024 – une dynamique qui va, selon lui, "dans le bon sens". Du haut de ses 52 ans, le para athlète se remémore le chemin parcouru en une vingtaine d'années : "Lors de mes premiers championnats du monde, en 1998, il n'y avait pas de spectateurs et aucun média. Maintenant, il y a des heures de direct (sur L'Équipe TV durant la compétition, NDLR), les médias et les gens s'intéressent à l'handisport. Ils commencent plus à voir ça comme un sport que comme une rééducation." Les progrès technologiques et l'amélioration des performances ont aussi rendu l'handisport "plus spectaculaire qu'avant", relève Pierre Fairbank. "Avant, si tu allais à 20 km/h avec un fauteuil, tu étais le roi. Maintenant, si tu ne vas pas à 36-37 km/h, tu es à la ramasse", commente-t-il. Il ne reste plus qu'à attendre un an pour que le Calédonien fasse le spectacle à domicile, à Paris. D'ici là, il promet de continuer de "chercher le petit détail" pour améliorer son fauteuil. "Mais je n'ai pas encore trouvé le secret", conclut-il en riant.

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