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Mort d'Hubert Germain : les Français rendent hommage au dernier Compagnon de la Libération

À la veille de son inhumation au Mont-Valérien, le grand public s'est recueilli, mercredi, devant la dépouille d'Hubert Germain, sous le dôme des Invalides. Descendants de résistants, militaires, passionnés d'histoire ou simples curieux, tous ont tenu à rendre hommage à l'engagement du dernier Compagnon de la Libération. De chaque côté, deux militaires veillent solennellement sur la dépouille du lieutenant Hubert Germain. Sur le cercueil, un drapeau tricolore. Derrière, la reproduction d’une Croix de la Libération. Entre les caveaux des maréchaux Foch et Lyautey, juste au-dessus du tombeau de Napoléon, le dernier Compagnon de la Libération, décédé le 12 octobre dernier, a le droit à tous les honneurs sous le dôme des Invalides. À la veille de son inhumation dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien à l’occasion du 11-Novembre, les Français ont été invités, mercredi 10 novembre, à lui rendre un ultime hommage "ainsi qu'à travers lui à ses 1 037 Compagnons constituant, selon les mots du général de Gaulle. Une chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l'Histoire de France", selon l'Ordre de la Libération. Transmettre aux plus jeunes l’héritage des Compagnons Sur les Livres d’Or mis à la disposition des visiteurs, c’est une longue litanie de "Merci". "J’ai écrit que c’était un héros de la résistance, a griffonné Louis, un lycéen de région parisienne. Hubert Germain était un homme qui a sauvé la France". Passionné par l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, l’adolescent y voit un modèle. Il sait déjà qu’il veut suivre une carrière militaire. "Plus tard, je ferai partie de la gendarmerie nationale. C’est important pour moi de m’engager". Ariane est également venue avec son jeune fils Emilien. Ils ont fait le déplacement depuis Meudon. Pour cette mère de famille, cette veillée est un excellent moyen de transmission. "Il est important que les jeunes puissent comprendre ce qu’il s’est passé à l’époque. Il faut qu’ils réalisent que si on est libre aujourd’hui, c’est grâce aux Compagnons".   Face au cercueil d’Hubert Germain, Gaspar et Anne semblent, eux, tout intimidés. Vêtus de leur uniforme du lycée naval de Brest, ils sont venus à Paris après avoir participé à un concours organisé par la Fondation des plus grands invalides de guerre. Ils ont profité de l’occasion pour assister à cet hommage. "C’est un devoir pour nous", estime le jeune homme. "Hubert Germain représente le courage. Un jour, je voudrai devenir moi-même commando. Cela me touche, car c’est une page qui se tourne", ajoute-t-il. À leurs côtés, l’adjudant Boyard, qui les accompagne depuis la Bretagne, acquiesce à ces paroles. Il sait que les derniers acteurs et témoins de la guerre sont en train de disparaître, mais il se veut optimiste. "C’était le dernier Compagnon de la Libération à pouvoir porter cette médaille. Cela fait partie de l’histoire maintenant, mais c’est à nous de continuer à faire vivre cette histoire. Il ne sera pas le dernier à porter ces valeurs". "La flamme des hommes libres ne s’éteindra pas" Thérèse et Elisabeth ont grandi avec ces valeurs. Pour ce moment de recueillement, elles ont apporté la médaille de leur père, Jean Lejeune, lui aussi Compagnon de la Libération. "Nous sommes venues pour rendre hommage à Hubert Germain et à tous ses camarades à travers lui. Les générations actuelles ne connaissent plus tout ça. Elles vivent dans un autre monde, alors que dans le futur il faudra peut-être d’autres gens aussi courageux". À quelques mois de l’élection présidentielle, ces descendantes de Compagnon s’emportent aussi contre "la mascarade" de la veille à Colombey-les-deux-Églises où des politiques de tous bords se sont rassemblés autour de la tombe du Général de Gaulle à l’occasion du 51e anniversaire de son décès. Face à la récupération politique de ce passé notamment par l’extrême droite, les deux sœurs veulent rappeler ce qui faisait l’essence de la résistance. "C’étaient des gens tellement divers, de tous horizons. Des étrangers sont aussi morts pour la France". François, fils de Jean Poirel, également Compagnon de la Libération, partage le même écœurement. "L’histoire a été dévoyée hier à Colombey", insiste-t-il. Pour lui, il est plus qu’important de perpétuer cette mémoire face à ceux qui tentent de la falsifier. "C’est notre rôle en tant que famille". Pour cela, il s’implique au sein de l’Ordre de la Libération, chargé de conserver et de transmettre ce passé. "Nous venons de faire donation au musée d’une tunique de mon père. Il faut perpétuer l’idée de ce qu’était la France libre". Alors que le dernier Compagnon vient de disparaître, il se souvient de ces paroles d’Hubert Germain qu’il avait eu la chance de rencontrer. "Que va-t-il rester quand je serai mort ?". Sur l’un des livres d’Or, quelques lignes écrites par un visiteur répondent dores et déjà à cette question. "Puissiez-vous mon lieutenant, nous inspirer et puissions-nous être digne de votre héritage. La flamme des hommes libres ne s’éteindra pas".

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