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Le dernier compagnon de la Libération Hubert Germain est décédé, une page d'Histoire se tourne

Le dernier compagnon de la Libération, Hubert Germain, est décédé à l'âge de 101 ans. Ce membre des Forces françaises libres sera inhumé dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, près de Paris.  Il ne reste plus aucun compagnon de la Libération. Le dernier membre de cet Ordre créé par le général de Gaulle en 1940, Hubert Germain, est décédé, le mardi 12 octobre, à l'âge de 101 ans. Avec sa disparition, une page de l'Histoire se tourne. "Quand le dernier d'entre nous sera mort, la flamme s'éteindra. Mais il restera toujours des braises", a cependant écrit cet ancien résistant dans ses mémoires intitulées "Espérer pour la France" (éd. Belles Lettres). "Nous allions gagner la guerre" Fils d'un officier général issu des troupes coloniales, Hubert Germain naît le 6 août 1920 à Paris. Bachelier, il prépare le concours de l'École navale au lycée Michel Montaigne de Bordeaux au moment de la déclaration de guerre de septembre 1939. Quelques mois plus tard, après la débâcle de mai 1940, il prend la décision de continuer le combat.  Il embarque alors à Saint-Jean-de-Luz à bord d'un navire transportant des soldats polonais à destination de l'Angleterre et arrive à Londres le 24 juin 1940, où il rencontre le général de Gaulle. "Après s’être informé de mon parcours, il m’explique où il va m’envoyer poursuivre ma formation et me dit : 'Je vais avoir besoin de vous'. Eh bien, quand, à 19 ans, l’homme qui a pris les affaires de la nation entre les mains vient vous mettre ça dans le cornet, cela vous gonfle la poitrine ! J’ai compris tout de suite qu’avec Churchill, de Gaulle et moi allions gagner la guerre !", décrit-il avec malice dans sa biographie. Engagé dès l'origine dans les Forces françaises libres, il est affecté sur le cuirassé Courbet, où il suit les cours d'élève officier de marine. Au printemps 1941, il est affecté à l'état-major du général Legentilhomme, commandant en Palestine la 1re Division légère française libre destinée à intervenir au Levant. Il combat en Syrie, en Libye, où il est engagé dans les combats de Bir Hakeim, ou encore en Égypte. Des batailles qui affectent ce jeune soldat : "Au début, vous partez avec volonté et courage. Puis vous en avez assez de voir les maisons brûlées, démolies, les forêts défigurées dans lesquelles les obus ont éclaté, les cadavres à ciel ouvert… Cela vous rend insensible, aussi". En Italie, le 24 mai 1944, devant Pontecorvo, alors qu'il commande une section antichars, le lieutenant Germain est blessé au flanc en dirigeant le tir des mitrailleuses lourdes de sa section pour continuer à appuyer le bataillon qui attaque le long du Liri. Évacué sur Naples, il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle en Italie fin juin 1944. "C'est le ciel qui vous tombe sur la tête. Je n'avais jamais pensé à cela. Je m'étais bien battu, mais je n'avais pas travaillé en vue de cela. Cela ne m'intéressait pas", raconte avec modestie celui qui gardera aussi de cette bataille quelques éclats dans le corps. "Tu es de retour en France !" Quelques semaines plus tard, en août 1944, il prend part au Débarquement de Provence. Quatre ans après son départ en Angleterre, il retrouve enfin son pays. "On arrive sur la terre, on débarque, on fait quelques pas, et vous vous écroulez, c’est la terre qui vous aspire, la plage. Et à ce moment-là, vous tombez à genoux et vous pleurez. Pas longtemps, car il ne faut pas perdre de temps, mais vous avez le souffle coupé", s'était-il souvenu lors d'un entretien sur LCI.  "Et là je me disais : 'Voilà, tu es de retour en France ! La France ne t’appartient pas, ce n’est pas ta France, mais cette nuit, elle sera mienne'."  Il participe ensuite aux campagne des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes, dans le massif de l'Authion. Après la guerre, cet attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques s'engage en politique. Il est d'abord élu maire de Saint-Chéron, dans l'Essonne en 1953, puis député de Paris en 1962. Il devient aussi ministre des PTT (1972-1974), puis ministre chargé des relations avec le Parlement (mars-mai 1974). Au cours des dernières années, Hubert Germain continuait de témoigner. Il portait inlassablement la mémoire de ses camarades : "Il vient un jour où ce qui vous reste, c’est le respect que nous devons avoir pour tous ceux qui se sont sacrifiés et dont nous ne parlons plus. Tous ceux que j’ai pu tuer, même sans le savoir, je les porte également dans mes prières. Ceux que je n’ai pas pu secourir aussi. Mon devoir, aujourd’hui, c’est de penser à eux, alors même que certains doivent être oubliés de leur famille". En tant que dernier survivant des 1 038 compagnons de la Libération, il pouvait choisir d'être inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, dans les Hauts-de-Seine. Il y avait répondu par l'affirmative, selon Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l'Ordre de la Libération. Hubert Germain reposera donc dans le caveau numéro 9 de ce monument érigé en hommage aux Français combattants, résistants et déportés de la Seconde Guerre mondiale. Lors d'un hommage national, il va rejoindre les 16 morts pour la France de 1939 à 1945 qui représentent à la fois toutes les formes d'engagement et les différents lieux de combat de la France. Il s'agit de 11 militaires (dont deux tirailleurs d'Afrique du Nord, deux tirailleurs d'Afrique noire et trois membres des Forces françaises libres) et de cinq résistants (dont un FFI du Vercors et un de la résistance indochinoise).  Quatre-vingt ans après la création de l'Ordre par le Général de Gaulle, son dernier représentant n'est plus, mais la mémoire de cet engagement va perdurer. "Nous étions ces braises ardentes et l'Ordre de la Libération s'est donné pour mission de garder ces braises ardentes en témoignage de cette époque", insistait Hubert Germain.

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