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Macron ne veut "aucune limite" au soutien à Kiev, une posture "irresponsable" selon les oppositions

Emmanuel Macron a affirmé jeudi que la France ne devait se mettre "aucune limite" dans son soutien à l'Ukraine, devant les responsables des oppositions qui ont dénoncé une posture "irresponsable" avant un débat parlementaire qui s'annonce tumultueux. Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Prague, le 5 mars 2024 en République tchèque Emmanuel Macron a affirmé jeudi 7 mars qu'il n'y avait "aucune limite" ni "ligne rouge" au soutien de la France à l'Ukraine, ont rapporté les responsables des oppositions en dénonçant une posture "irresponsable". "Face à un ennemi qui ne se met aucune limite, nous ne pouvons nous permettre d'en formuler", a dit le président aux chefs des partis représentés au Parlement, réunis pendant 2 h 30 à huis clos à l'Elysée. Il a ainsi de nouveau totalement assumé ses propos du 26 février, lorsqu'il avait affirmé que l'envoi en Ukraine, à l'avenir, de troupes au sol ne devait pas "être exclu", au nom d'une "ambiguïté stratégique". La plupart des autres alliés de Kiev s'étaient démarqués de cette position, tout comme les opposants en France. Quant au Kremlin, il a accusé jeudi le président français "d'augmenter le niveau d'implication directe de la France" dans le conflit. "Emmanuel Macron est convaincu de sa politique consistant à vouloir infliger une défaite stratégique à notre pays et il continue d'augmenter le niveau d'implication directe de la France" en Ukraine, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une vidéo diffusée sur Telegram par un journaliste russe. "Je suis arrivé inquiet et je suis ressorti plus inquiet", a résumé devant la presse le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard à l'issue de la réunion élyséenne. Selon lui, le chef de l'État a expliqué qu'il "fallait soutenir l'Ukraine 'quoi qu'il en coûte'". "Il n'y a aucune limite et aucune ligne rouge", a aussi déploré le dirigeant du Rassemblement national Jordan Bardella. "Soutien indéfectible" Selon le patron des communistes Fabien Roussel, Emmanuel Macron a notamment esquissé, carte à l'appui, le scénario d'une avancée du front "vers Odessa ou vers Kiev", "ce qui pourrait engager une intervention" pour arrêter la Russie. "C'est vraiment un problème d'amateurisme à ce stade-là", a renchéri la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, évoquant une "déclaration viriliste". L'entourage du président a lui réaffirmé qu'il ne voulait pas d'"escalade", et évoqué des "contradictions" chez les opposants. L'ensemble des forces politiques ont toutes plaidé jeudi pour un "soutien indéfectible à l'Ukraine", a-t-il rapporté . "Cela veut bien dire qu'il ne faut pas faire défaut à l'Ukraine et faire tout notre possible pour que la Russie ne gagne pas. Et donc ne rien exclure", a ajouté un conseiller. Le clivage sur l'Ukraine, déjà au cœur de la présidentielle de 2022 avant de s'estomper, est assumé par le chef de l'État à trois mois des élections européennes de juin. Alors que la liste d'extrême droite menée par Jordan Bardella fait la course largement en tête dans les sondages, la Macronie semble vouloir en faire son adversaire quasi-exclusif lors de sa campagne qu'elle lance samedi à Lille. La semaine dernière, le Premier ministre Gabriel Attal avait donné le ton en se demandant "si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays", visant nommément Marine Le Pen. Jordan Bardella a répondu devant Emmanuel Macron qu'il était "irresponsable" de comparer le RN à "une armée d'occupation étrangère". "On a un président qui malheureusement comme toujours joue", pour "instrumentaliser la guerre" en vue des élections, a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. "C'est pas une Game Boy, en fait, la France", s'est-il indigné. Un débat au Parlement Emmanuel Macron, qui a promis de se rendre en Ukraine avant mi-mars, tente d'imposer son leadership face à la Russie. La France organisait jeudi après-midi une visioconférence ministérielle avec près de 30 pays occidentaux pour détailler de nouvelles options d'aide à Kiev. Côté politique, un débat est aussi prévu la semaine prochaine au Parlement, suivi d'un vote non contraignant - mardi à l'Assemblée nationale, mercredi au Sénat. Ce débat s'annonce agité. Non pas tant au sujet de l'accord bilatéral de sécurité signé mi-février avec l'Ukraine, sur lequel porte formellement le vote, mais en raison des récentes déclarations du président, qui a aussi appelé les alliés occidentaux à ne pas "être lâches", renforçant l'ire de l'Allemagne. Si LR a ouvert la voie à un vote positif, et si les Écologistes et le Parti socialiste hésitent, le reste de la gauche penche pour une opposition franche. Fabien Roussel et Manuel Bompard ont invoqué "la perspective de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne ou à l'Otan" qui figure dans le texte soumis au vote. Une "ligne rouge" aussi pour Jordan Bardella, qui a toutefois laisser planer le suspense sur la décision du RN, favorable au "principe d'un accord bilatéral". Avec AFP

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