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Économie et marchés

Le premier Turc dans l'espace suscite la fierté du pays et d'Erdogan

En s'envolant jeudi pour l'ISS, Alper Gezeravci, un pilote de chasse de 43 ans, deviendra le premier Turc à prendre part à une expédition spatiale. Un motif de fierté pour la Turquie et son président, Recep Tayyip Erdogan, qui a salué un symbole de "puissance". L'astronaute turc Alper Gezeravci, le 29 août 2023, pendant la préparation de la troisième mission de l'infrastructure spatiale privée américaine "Axiom Space" prévue pour le 17 janvier 2024. C'est une grande première pour la Turquie. Alper Gezeravci, un pilote de chasse de 43 ans, dont 21 dans l'armée de l'air turque, s'apprête à décoller pour l'ISS, jeudi 18 janvier, depuis la base de Cap Canaveral, en Floride (sud-est des États-Unis), pour une mission de 14 jours. Le colonel Gezeravci rejoindra la station internationale en compagnie d'un Suédois, d'un Italien et d'un Espagnol à bord d'une navette privée de la société Axiom, qui assurera ainsi sa troisième mission en partenariat avec la Nasa. "Nous voyons cette mission comme le symbole d'une Turquie de plus en plus puissante et affirmée", a estimé mardi soir le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Que ce voyage de notre frère Alper soit bénéfique à toute notre nation et à notre jeunesse" a ajouté le chef de l'État en lui souhaitant "bonne chance". Il avait lui-même introduit la mission d'Alper Gezeravci entre les deux tours de l'élection présidentielle, en mai 2023, et a rappelé à plusieurs reprises l'importance de ce vol pour le pays. "Nous sommes en passe d'atteindre notre but d'envoyer un de nos concitoyens dans l'espace. Sois fière, Turquie !" lançait-il la semaine dernière, en précisant que l'astronaute conduirait 13 expériences préparées par les universités du pays. Ces premiers pas dans l'espace tombent à pic pour le président, soucieux d'imposer son pays sur la scène internationale mais dont les offres de médiation n'ont pas rencontré le succès qu'il escomptait, ni dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine ni, cet automne, entre Israël et le Hamas. Pour Marc Pierini, diplomate et chercheur associé à l'Institut Carnegie Europe, qui salue "un véritable succès" avec cette première mission d'un astronaute turc, "elle n'a aucun rapport avec la capacité de la Turquie à être un acteur qui influencerait l'agenda politique mondial".  "Galvaniser la fierté nationale"                   "Les fluctuations de sa politique étrangère ne laissent pas à Ankara l'espoir de jouer un rôle moteur sur la scène internationale", prédit-il, citant les atermoiements de la Turquie sur l'Otan - elle n'a toujours pas approuvé l'adhésion de la Suède -, ses ambiguïtés sur le conflit ukrainien - dans lequel elle cherche à ménager les deux parties -, et son appui au Hamas islamiste palestinien, qu'elle a qualifié de "mouvement libérateur" face à Israël, "État terroriste". Néanmoins, la Turquie mène un programme spatial sérieux à travers ses satellites et son agence spatiale, créée en 2018. "Cet événement historique va permettre de valider des objectifs technologiques et de galvaniser la fierté nationale du peuple turc", se félicite Halit Mirahmetoglu, directeur du Centre de l'espace et l'aviation Gühem, basé à Bursa (ouest de la Turquie). "Mais aussi de lancer une nouvelle ère d'innovation scientifique et de collaboration internationale" espère-t-il. L'envoi du premier Turc sur l'ISS était le premier des 10 objectifs de la stratégie spatiale turque présentée en 2021, rappelle le responsable qui est en route pour la Floride. Alors qu'Ankara s'illustre depuis plusieurs années avec ses drones de combat, à la fois performants et bon marché, Halit Mirahmetoglu insiste sur "l'interconnexion des industries de l'aviation, de l'espace, de la défense et des logiciels". La Turquie veut dès lors compter parmi les grandes nations spatiales : elle sait déjà "conceptualiser, construire et gérer les opérations de ses satellites géostationnaires et en orbite basse" et compte bien aller plus loin, assure-t-il, vers un "écosystème spatial" complet. "Le domaine de l'exploration spatiale, longtemps réservé à un club de nations développées, s'ouvre à présent à des pays émergents. C'est au tour de la Turquie de rejoindre le club des grands", conclut-il avec flamme, escomptant des "possibilités de découvertes et d'avancements technologiques et scientifiques". Quant au héros du jour, Alper Gezeravci, il mesure tout le poids symbolique de sa mission, se disant prêt à "emporter les rêves du peuple turc dans les profondeurs de l'espace". "Ce voyage n'est pas une finalité pour nous, juste le moyen de parvenir aux objectifs de nos études spatiales", a-t-il déclaré à l'agence officielle Anadolu. Selon la Nasa, l'ISS a accueilli plus de 275 astronautes à son bord, en général pour une durée de plusieurs mois. Avec AFP

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