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Le Conseil de l'Europe s'alarme de la surpopulation carcérale en France

Trois membres du collectif "Trop c'est trop" sont assises dans un carré de 9 m² dessiné sur le sol et reconstituant en taille réelle une cellule de prison, le 02 octobre 2007 sur la place de la Concorde à Paris, pour dénoncer la surpopulation carcérale et demander l'application d'un numerus clausus en prison. Le Conseil de l'Europe, vigie des droits de l'Homme sur le continent, a épinglé la France, jeudi, dans un rapport dénonçant les "conditions matérielles de détention" dans certains commissariats, ainsi que la "surpopulation carcérale". Le Conseil de l'Europe a tiré la sonnette d'alarme sur la surpopulation carcérale en France en publiant, jeudi 24 juin, un compte-rendu dénonçant les "conditions matérielles de détention" dans certains commissariats. Ce rapport fait suite à la septième visite d'une délégation du Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil, menée en décembre 2019 dans douze établissements de police et de gendarmerie, quatre prisons ainsi qu'au sein de l'établissement de soins psychiatriques de Cadillac (Gironde). Dans son compte rendu, le CPT se dit "vivement préoccupé" par les "conditions matérielles de détention" dans certains commissariats, "la surpopulation carcérale" et "l'insuffisance de places en psychiatrie pour les personnes en soin sans consentement". "Comme lors des précédentes visites, la grande majorité des personnes rencontrées (...), tant dans les postes de police et gendarmerie que dans les maisons d'arrêt (...) n'ont fait aucune allégation de mauvais traitements physiques", selon le rapport. Toutefois, le Comité dit avoir recueilli des allégations "d'insultes, y compris à caractère raciste, homophobe ou transphobe, de la part de policiers", ainsi que "des menaces proférées avec arme". "Un nombre non négligeable de personnes, y compris des mineurs, ont indiqué avoir reçu des coups volontaires (...) lors de l'interpellation une fois immobilisées", relève encore le CPT. "Présence de rats" Il mentionne notamment le cas d'une "personne à mobilité réduite" affirmant avoir, lors d'une garde à vue à Lille, "été poussée de son fauteuil roulant, menottée dans le dos, traînée sur le sol jusqu'à une cellule et frappée par des policiers". "Les vidéos consultées par la délégation corroboraient ces allégations", précise le CPT, selon lequel un "message de 'tolérance zéro' des mauvais traitements devrait être rappelé régulièrement à l'ensemble des forces de l'ordre". Les deux derniers rapports du CPT sur la France, en 2012 et 2017, étaient déjà assez critiques. "Les autorités françaises ne tolèrent pas la moindre violence inappropriée des forces de l'ordre" et si "de tels actes" se produisent, ils sont "systématiquement condamnés", insiste le gouvernement français dans ses réponses au rapport. Le "message de 'tolérance zéro' des mauvais traitements est régulièrement rappelé aux forces de l'ordre et continuera de l'être", poursuit le gouvernement, tout en rappelant que "la force physique et parfois violente opposée au policier par une personne" peut nécessiter "des gestes destinés à protéger (l'agent), voire la personne elle-même". "Depuis 1991", les prisons françaises "sont surpeuplées à des niveaux préoccupants, avec des taux d'occupation dépassant les 200 % dans certains établissements", écrivent encore les auteurs du rapport. "Au moment de la visite", de nombreux détenus étaient hébergés "à deux ou trois dans des cellules (de) moins de 10 m²" dans les prisons de Bordeaux-Gradignan, Lille-Sequedin et Maubeuge. La "présence de rats" a été constatée dans ces deux derniers établissements. Mesures "pertinentes" contre le Covid-19 Le Comité dit aussi avoir reçu "un petit nombre d'allégations de violences volontaires du personnel" sur des détenus et "un nombre plus important" de témoignages d'"usage excessif de la force", notamment "lors de placement en cellule disciplinaire". Le CPT appelle Paris à adopter "une stratégie globale" pour "réduire la population carcérale", notamment en recourant aux "aménagements de peines". "Le contexte (...) a profondément changé" depuis la visite du Comité, souligne le gouvernement, puisque "dès le mois de mars" 2020, la France a réduit sa population carcérale afin de "prévenir la propagation" du Covid-19 dans les prisons. Le gouvernement insiste également "sur le développement des alternatives à l'incarcération (...) et sur l'augmentation du nombre de places de prison". Au Centre hospitalier de Cadillac, où "les unités fermées de psychiatrie générale étaient sous tension, souffrant d'un manque de lits et d'une suroccupation régulière", "la très grande majorité des patients" dit être "correctement" traitée. "Un petit nombre", toutefois, a fait état "d'abus de langage" ou "d'un usage excessif de la force". Dans un rapport distinct, également publié jeudi et rédigé après une visite en juillet 2020 dans des lieux de détention à Strasbourg (prison, centre de rétention, commissariats, gendarmeries...) afin d'y évaluer les mesures contre la pandémie de Covid-19, le CPT estime que, "dans l'ensemble", elles ont été "pertinentes" pour protéger les agents et les personnes détenues, même si "la prise en charge de ces dernières peut encore être améliorée". Avec AFP

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