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Le brief éco. Aéronautique : la fin du "Made in America" pour Boeing

Boeing va délocaliser une partie de sa production hors des États-Unis, en Australie précisément. Cette information serait passée inaperçue s’il n’y avait pas eu l’histoire des sous-marins australiens et la grave crise diplomatique qui s’en est suivie entre la France et le front australo-américano-britannique. Crise, rappelons-le, déclenchée par l’annulation d’un contrat de 56 milliards d’euros pour la fabrication par la France de 12 bâtiments à propulsion classique. L’annonce de Boeing est une preuve supplémentaire que l’Australie est désormais la plateforme géostratégique partenaire incontournable des Anglo-saxons dans la région, face à une Chine de plus en plus menaçante. Ce n’est pas la branche civile mais la branche militaire qui est concernée par cette délocalisation vers l’Australie, comme par hasard. La défense avant tout dans cette région très tendue du monde. Boeing y assemblera un drone militaire, l’ATS, encore appelé "Loyal Wingman". Cette externalisation hors des États-Unis devrait permettre la création sur place de 300 emplois et faire travailler une bonne trentaine d’entreprises australiennes. Toutes participeront à la fabrication de ce drone nouvelle génération. La nouvelle alliance de sécurité entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni n’a fait qu’accélérer un mouvement initié il y a de nombreuses années. L’armée de l’air australienne (la Royal Australian Air Force) est un gros client de l’armée américaine depuis longtemps. Elle vient justement de lui passer commande de plusieurs de ces drones. Stratégie industrielle La branche civile de Boeing peine à se remettre des catastrophes de deux crashs successifs de son B737Max en 2018 et 2019 (près de 350 morts). L’activité civile est tenue à bout de bras par la branche militaire, beaucoup plus rentable, de Boeing. Sans le financement par la défense américaine et ses partenaires étrangers, Boeing serait à terre. Tout cela vaut bien quelques entorses au "Made in America" cher au président Joe Biden, une formule revisitée de l’ "America First" de son prédécesseur Donald Trump et dont les objectifs ne semblent finalement pas si éloignés.

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