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Le blocus des agriculteurs français suspendu aux annonces de Gabriel Attal

Les agriculteurs français poursuivaient, vendredi, leur mouvement de contestation, avec des blocages routiers annoncés dans la journée autour de Paris. Le Premier ministre, Gabriel Attal, est attendu cet après-midi en Haute-Garonne, où Il doit annoncer de premières mesures d'urgence.  Des agriculteurs français déversent du fumier devant la préfecture de la Gironde à Bordeaux, le 25 janvier 2024. Réussira-t-il à éteindrela colère du monde agricole ? Le Premier ministre français, Gabriel Attal, doit annoncer, vendredi 26 janvier, de premières mesures à effet rapide pour répondre aux agriculteurs qui manifestent depuis une semaine. Confronté à sa première crise grave depuis sa nomination, Gabriel Attal doit se rendre vendredi auprès des agriculteurs pour faire "des propositions concrètes de mesures de simplification", en compagnie du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. Selon le grand syndicat agricole FNSEA, il ira en Haute-Garonne (sud-ouest), où a commencé le premier blocage d'autoroutes il y a une semaine. La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles d'Île-de-France annonce cinq barrages autour de Paris à partir de 14 h. Vendredi matin, l'autoroute A1, axe majeur reliant Paris au nord de l'Europe, était fermée à la circulation par des tracteurs et des bottes de paille en deux endroits, provoquant d'importantes difficultés. "Aujourd'hui on attend des réponses du Premier ministre et si on n'en a pas on continuera le mouvement", résume Jérémy Allard, syndicaliste agricole du nord de la France. "Le mouvement s'inscrit dans la durée", avertit Olivier Lelièvre, producteur de betteraves et maïs, également mobilisé sur un barrage. Des revendications diverses Plus de 55 000 personnes se sont mobilisées jeudi, selon un décompte de la FNSEA, organisation agricole majoritaire, qui tente depuis une semaine de canaliser ce mouvement. Rencontrés dans de multiples lieux de France par l'AFP, les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu'ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire l'an dernier, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers, comme Thierry Cazemajou, qui cultive du maïs doux et des haricots verts pour une grande marque de conserves à Sigalens en Gironde. Pour lui, "le GNR (gazole non routier) c'est vraiment une priorité, une baisse primordiale : il faudrait revenir à 80 centimes hors taxes alors qu'on l'achète à 1,20 euro, c'est urgent, ça nous plombe !" D'autres veulent un prix minimum pour leurs produits ou le versement d'aides ou d'indemnisations dues de longue date, voire un moratoire sur l'interdiction des pesticides, comme nouvellement demandé par la FNSEA. Une partie des 140 revendications portées par le syndicat majoritaire nécessitent une loi ou des négociations européennes. Un peu partout dans le pays, les manifestants s'en sont pris jeudi à des symboles de l'État et des grandes surfaces, donnant l'image d'une colère se radicalisant. Sans intervention des forces de l'ordre à ce stade, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, estimant que les agriculteurs ne s'en prenaient pas aux policiers ni aux gendarmes, et ne mettaient pas le feu aux bâtiments publics. À Agen (sud-ouest), des manifestants ont déversé des pneus, du plastique, des cagettes et du fumier devant la gare, pendant qu'une autre équipe bloquait les voies. Un sanglier a été pendu devant un bâtiment de l'Inspection du travail. Pour Charles Demeyer, producteur d'endives dans le Nord, "en mettant la France à l'arrêt comme ça, peut-être qu'on aura des réponses". Appels à débrider les règles sur l'eau ou les pesticides Les ministres de l'Agriculture et de l'Économie mènent vendredi un comité de suivi des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs, censées sanctuariser le revenu des producteurs. Les manifestations ont aussi ramené au premier plan les projets d'accords de libre-échange, notamment entre l'Union européenne et le Mercosur, qui regroupe des puissances commerciales d'Amérique du Sud, et auquel s'oppose une large part de la classe politique française. En France, les importations d'aliments augmentent, parfois sans avoir les mêmes normes sur les pesticides par exemple. Alors que les agriculteurs sont également mobilisés en Allemagne, en Belgique, en Pologne ou en Suisse, le mouvement est populaire en France, mais tous les syndicats ne plaident pas pour sabrer les normes environnementales. La Confédération paysanne, troisième syndicat représentatif, classé à gauche, propose des solutions bien différentes de celles des syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale. Les ONG écologistes s'alarment des appels à débrider les règles sur l'eau ou les pesticides. "Ce n'est pas en réduisant les mesures environnementales que l'agriculture règlera sa crise, au contraire, ça ne fera qu'aggraver la situation", dit Sandrine Bélier, directrice de l'ONG "Humanité et Biodiversité". Avec AFP

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