La "shrinkflation" ou "réduflation", une stratégie commerciale décriée
Dictionnaire
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la cheffe de file des députés La France insoumise à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot ont tous deux affiché jeudi leur volonté de s'attaquer à la pratique marketing de la "shrinkflation". Définition.
La "shrinkflation", une pratique marketing qui consiste à masquer la hausse des prix des produits en réduisant les quantités dans un emballage semblable avec un prix de vente identique.
Attention, nouvel anglicisme à la mode ! Jeudi 31 août, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l'Assemblée Mathilde Panot ont l'un et l'autre évoqué le phénomène de la "shrinkflation" – un mot-valise anglais venant de la contraction du verbe "to shrink" ("réduire") et du nom "inflation". Une stratégie commerciale consistant à masquer la hausse des prix des produits en réduisant les quantités dans un emballage semblable avec un prix de vente identique.
"On garde le même 'package', il y a moins de contenu, et on vend au même prix, voire au prix supérieur", s'est indigné Bruno Le Maire sur France 2, citant la marque de fromage Kiri. "Nous lutterons contre ces pratiques trompeuses, contre ces pratiques abusives. Je saisirai le Conseil national de la consommation et il y aura l'obligation – là aussi légale – pour les industriels de faire figurer le changement de contenu lorsqu'il a baissé et que le prix reste le même", a ajouté le ministre.
De son côté, la cheffe de file des députés insoumis a annoncé jeudi déposer une proposition de loi contre la pratique commerciale. La France insoumise veut que soit considéré comme trompeur, et donc interdit, le fait de "réduire la quantité" d'un produit "pour un prix équivalent ou supérieur sans clairement en informer le consommateur".
"Réduflation", "rapetiflation", "rétréciflation"
Un terme en français – mot-valise lui aussi – est mis en avant au Québec pour désigner la stratégie commerciale : la "réduflation". L'Office québécois de la langue française (OQLF), toujours très en pointe dans la lutte contre les anglicismes, la définit comme le "sous-dimensionnement d'un bien de consommation courante par son fabricant, sans diminution du prix de vente".
D'autres mots existent en français, comme "rapetiflation", terme utilisé notamment fin 2016 par le journal économique Les Échos, quand la marque de confiserie Toblerone avait annoncé réduire le poids de deux barres en vente au Royaume-Uni sans toucher au prix du produit. D'autres préfèrent encore le terme "rétréciflation". Faudra-t-il légiférer contre cette inflation de néologismes ?