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La France ne parvient pas à faire baisser ses émissions de CO2

Olivier Laurent (g), chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement Science et Fouzi Benkhelifa, responsable d'Origins.earth, installent un nouveau capteur de CO2 sur la plateforme Qualair au-dessus de l'université Jussieu à Paris, le 20 octobre 2019. Le recours plus important aux énergies fossiles pour compenser les difficultés du parc nucléaire et une reprise des transports empêchent la France de baisser ses émissions de gaz à effet de serre.  Pas d’amélioration dubilan carbone en France. Le pays peine actuellement à faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre à cause d'un recours plus important aux énergies fossiles pour compenser les difficultés du parc nucléaire, mais aussi des transports.  Sur les neuf premiers mois de l'année, ces émissions responsables du réchauffement climatique ont quasiment stagné (-0,3 %) par rapport à la même période de 2021, selon des données provisoires du Citepa, organisme mandaté pour réaliser l'inventaire français des émissions.    Une tendance bien loin de la baisse nécessaire pour que le pays reste dans les clous de ses engagements.  "Il n'y a pas de miracle"  "Ces chiffres nous inquiètent forcément mais on s'y attendait, il n'y a pas de miracle", réagit Jérémie Suissa, délégué général de l'ONG Notre affaire à tous, qui a fait condamner l'État pour inaction climatique l'an dernier.  "On n'a pas du tout fait ce qu'il fallait pour diminuer les émissions", estime-t-il, regrettant l'absence de politique ambitieuse en matière de transports en commun ou d'énergies renouvelables.  Dans le détail, les émissions ont notamment augmenté de 12 % sur les neuf mois dans la production d'énergie, selon le Citepa. "Cela s'explique notamment par l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires en 2022 qui a entraîné le recours aux centrales thermiques", relève-t-il.  La France a en effet été confrontée à l'indisponibilité d'une partie de son parc nucléaire en raison notamment de problèmes de micro-fissures. Pour compenser ce manque, le pays n'a ainsi jamais autant consommé de gaz pour sa production d'électricité que cette année.   En raison de la crise énergétique, également causée par l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement a également renoncé à fermer cet hiver la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle).  Hausse des transports  Le Citepa pointe également une hausse de 4 % des émissions des transports, avec une évolution en dent de scie selon les mois. "On revient sur le mode de fonctionnement d'avant la crise Covid dans le secteur des transports, qui continue a être tendanciellement à la hausse et pour l'instant on ne voit pas de changement structurel réel", remarque Michel Colombier, membre du Haut Conseil pour le climat (HCC).  Ces tendances s'inscrivent en net décalage avec la baisse nécessaire pour que la France respecte son objectif d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.  Elle s'est engagée à réduire ses émissions de 40 % d'ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55 %). Selon le HCC, le pays devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions à environ -4,7 % par an sur la période 2022-2030.  Michel Colombier appelle toutefois à faire le tri entre les données conjoncturelles - avec les problèmes de corrosion des réacteurs nucléaires - et les tendances de fond. "On ne peut pas tirer de cette stagnation des conclusions sur notre capacité à atteindre les objectifs", dit-il.  Un parc nucléaire "fragile"  Il pointe toutefois des défis importants dans les domaines des transports et de l'énergie. Dans ce dernier, il y a "urgence à ce qu'on développe les renouvelables parce qu'on a un parc nucléaire qui est fragile, dont on en est hyper dépendants" et qui pourrait encore réserver des mauvaises "surprises", remarque-t-il.  Les émissions sont d'autant plus scrutées que la justice avait, en 2021, donné jusqu'au 31 décembre à l'État pour agir de manière plus décisive sur le plan climatique, dans un litige porté devant le tribunal administratif de Paris par des ONG réunies sous la bannière "l'Affaire du siècle".  Les ONG se déclarent désormais prêtes à retourner en justice en 2023 pour redemander des pénalités financières, estimant que l'État n'a pas assez agi. "L'étape suivante est de demander des astreintes pour une application réelle par l'État de la décision du juge", souligne Jérémie Suissa.  "Le gouvernement est pleinement engagé pour tenir ses engagements climatiques", assure de son côté le ministère de la Transition énergétique, mettant en avant une série de mesures en faveur de la rénovation énergétique, de la sobriété, du vélo, du covoiturage, ou encore la prochaine interdiction de location des passoires thermiques...  Avec AFP    

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