La dissolution des Soulèvements de la terre suspendue par le Conseil d’État
Le Conseil d'État a suspendu vendredi en référé le décret entraînant la dissolution du collectif écologiste des Soulèvements de la terre. "Ni les pièces versées au dossier, ni les échanges lors de l'audience, ne permettent de considérer que le collectif cautionne d'une quelconque façon des agissements violents envers des personnes", indique la plus haute juridiction administrative française dans un communiqué.
Des manifestants protestent contre la dissolution des Soulèvements de la Terre, le 28 juin 2023, à Nantes.
La bataille judiciaire s'annonce longue mais le Conseil d'État a rendu une première décision favorable au collectif écologiste. La plus haute juridiction administrative française a annoncé vendredi 11 août suspendre en référé la dissolution des Soulèvements de la terre, qui avait été prononcée par décret, estimant que le gouvernement n'avait pas apporté la preuve que le collectif cautionne "des agissements violents envers des personnes".
"Les juges des référés estiment qu'il existe un doute sérieux quant à la qualification de provocation à des agissements violents à l'encontre des personnes et des biens retenue par le décret de dissolution", indique la haute juridiction administrative.
Le Conseil d'État avait été saisi fin juillet selon une procédure d'urgence dite de "référé-suspension" par les Soulèvements de la terre. Plusieurs associations et partis (dont La France insoumise, Europe Écologie-Les Verts (EELV), Agir pour l'environnement...) ainsi que plusieurs milliers d'individus s'étaient associés au recours des Soulèvements de la terre. Celui-ci visait le décret de dissolution pris le 21 juin par le gouvernement, qui reproche au collectif d'"appeler" à des violences et d'y "participer".
"Quelle belle victoire pour les libertés et l'écologie !", s'est réjouie vendredi sur Twitter, rebaptisé "X", l'une des avocates du mouvement, Aïnoha Pascual.
"La justice a joué son rôle de rempart" face à un gouvernement qui voulait "interdire un collectif qui le dérange politiquement", a félicité de son côté la cheffe d'EELV, Marine Tondelier. "C'est un gouvernement qui est condamné par la même justice française pour 'inaction climatique', qui n'arrive pas à s'attaquer au problème et qui, pour créer une sorte de diversion (...), préfère s'attaquer au messager", a-t-elle déclaré à l'AFP, jugeant qu'il n'existait pas d'"éléments juridiques et factuels suffisants" contre le collectif écologiste.
La "première manche d'une très longue bataille judiciaire"
La décision en référé n'est que la "première manche d'une très longue bataille judiciaire", avait rappelé mardi les Soulèvements de la terre, avant l'audience de référé. Le Conseil d'État doit encore se prononcer sur le fond de l'affaire.
Lors de l'audience de mardi où les deux parties avaient présenté leurs arguments, les juges du Conseil d'État avaient indiqué en préambule que, quelle que soit leur décision sur le référé-suspension, cela "ne présagera pas" de celle qui sera rendue sur le fond.
"Ni les pièces versées au dossier, ni les échanges lors de l'audience, ne permettent de considérer que le collectif cautionne d'une quelconque façon des agissements violents envers des personnes", indique vendredi le Conseil d'État dans le communiqué accompagnant sa décision.
Les juges estiment par ailleurs que "les actions promues par les Soulèvements de la terre ayant conduit à des atteintes à des biens, qui se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d'initiatives de désobéissance civile", ont été "en nombre limité".
Le gouvernement avait annoncé son intention de dissoudre ce mouvement le 28 mars, quelques jours après de violents affrontements entre gendarmes et opposants à la construction de retenues d'eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).
Dans son décret, il affirme que "ce groupement incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence".
Les Soulèvements de la terre jugent eux que cette dissolution est "liberticide car attentatoire à la liberté d'expression" et "à la liberté d'association". Ils assurent en outre que les faits qui leur sont reprochés sont "inopérants", "matériellement inexacts" ou ne lui sont pas "imputables".
Avec AFP