Infractions contre une usine Lafarge : quatorze interpellations d'écologistes
La police a procédé à quatorze gardes à vue mardi dans l'enquête sur l'action menée en 2022 contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes. Cette vague d'arrestation intervient au moment où le gouvernement confirme la dissolution prochaine du mouvement Les Soulèvements de la terre.
Photo d'archive prise le 7 avril 2014 montrant le logo Lafarge dans une usine de la cimenterie française à Paris.
Coup de filet dans les rangs des activistes écologistes. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue mardi 20 juin dans l'enquête sur l'action menée en 2022 contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes, au moment où le gouvernement confirme la dissolution du mouvement Les Soulèvements de la terre, prévue mercredi.
Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment à Notre-Dame-des-Landes, où divers militants écologistes ont élu refuge au sein de l'ex-ZAD (zone à défendre), selon le parquet d'Aix-en-Provence, mais également "dans la région marseillaise", selon une source proche du dossier.
"Dégradation en bande organisée"
Les personnes interpellées sont soupçonnées de "dégradation en bande organisée par moyen dangereux", "dégradation en réunion" et "association de malfaiteurs", a expliqué le parquet à l'AFP.
Il n'a cependant pas voulu préciser l'identité ni le profil des personnes interpellées qui sont toutes, à l’exception d'une, actuellement en garde à vue à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Ces interpellations, menées par les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat), en lien avec la section de recherches de la gendarmerie, font suite à d'autres effectuées au début du mois lors desquelles une quinzaine de personnes avaient été arrêtées dans le cadre de cette enquête menée par deux juges d'instruction.
Toutes ces personnes avaient cependant été "remise en liberté à l'issue de leur audition" et sans suite judiciaire, a précisé à l'AFP le parquet d'Aix-en-Provence.
En décembre dernier, plusieurs dizaines d'activistes du climat avaient pris pour cible une cimenterie située à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) du groupe Lafarge, accusé d'être un gros "pollueur" au niveau mondial, en y occasionnant d'importants dégâts.
"C'est qui les dindons de la Farge ?"
Dans une vidéo de cette opération, postée à l'époque sur plusieurs sites, on apercevait des dizaines de personnes vêtues de combinaisons blanches à capuche marcher sur un sentier. Sur d'autres plans, des militants vêtus des mêmes combinaisons s'en prenaient à une caméra de surveillance à coups de marteau ou à un tuyau à coups de hachette.
Un graffiti "C'est qui les dindons de la Farge?" avait été bombé sur un mur.
Un texte anonyme accompagnant cette vidéo avait revendiqué l'action contre le "cimentier-pollueur" en précisant que celle-ci avait été menée par "200 personnes (qui) ont envahi et désarmé par surprise l'usine Lafarge de la Malle à Bouc-Bel-Air".
Le mouvement informel les Soulèvements de la Terre (SLT) avait salué cette action "contre le géant écocidaire du béton" sans pour autant la revendiquer.
"Nous avons décidé de relayer dès maintenant ce communiqué, la vidéo (...), en espérant que cette action déterminée et qui en appelle à d'autres, trouve l'écho qui lui est dû", pouvait-on lire sur leur site.
En revanche, le parquet d'Aix-en-Provence n'a pas voulu établir de lien entre ces arrestations et Les Soulèvements de la Terre, dans le collimateur du gouvernement qui pourrait prononcer sa dissolution mercredi en Conseil des ministres.
Peut-être au Conseil des ministres de mercredi, peut-être à celui de "la semaine prochaine" mais en tout cas la dissolution sera prononcée "dans les plus brefs délais", a précisé le porte-parole du gouvernement Véran sur le plateau de la télévision CNews.
"L'écoterrorisme" en question
En octobre, lors d'une première manifestation contre les "méga-bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fustigé "l'écoterrorisme" des auteurs de violences en pointant du doigt ce groupe, présenté comme appartenant à la mouvance de l'ultragauche.
SLT est un groupement "de fait", c'est-à-dire pas formellement déclaré comme association auprès des pouvoirs publics, né en janvier 2021 dans l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes et devenu l'un des acteurs principaux de la contestation écologiste "radicale". Il revendique des actions d'occupation ou parfois de sabotage au nom de la défense de l'environnement.
Depuis l'automne dernier à Sainte-Soline, le collectif multiplie les actions: en mars une nouvelle fois dans les Deux-Sèvres, en mai à Rouen contre un contournement autoroutier de la ville, à Saint-Colomban (Loire-Atlantique) le 11 juin contre l'exploitation du sable, et le week-end dernier contre la liaison ferroviaire Lyon/Turin.
Les militants des Soulèvements de la Terre sont "réprimés comme des terroristes qu'ils ne sont pas", a dénoncé mardi sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise.
Avec AFP