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L'annonce de candidature d'Éric Zemmour, un agenda stratégique

Après des mois de faux suspense sur sa possible candidature, le polémiste Éric Zemmour s'est officiellement déclaré mardi candidat à la présidentielle. Un calendrier stratégique. Intention de parasiter le vote en congrès des Républicains ou nouvelle provocation destinée à bafouer l’hommage à Joséphine Baker, figure féministe et antiraciste honorée ce même mardi ? Les deux sûrement. L'annonce de la candidature d'Éric Zemmour présente tous les signes d'une offensive en règle. Contre les Républicains d'abord. Le polémiste d'extrême droite a en effet annoncé sa candidature à la présidentielle dans une vidéo intitulée "Un message aux Français" diffusée sur les réseaux sociaux mardi 30 novembre, soit la veille du début du congrès des adhérents des Républicains qui se tient du 1er au 4 décembre. Pour parfaire son offensive portée à la droite républicaine, le sulfureux polémiste a prévu de poursuivre son officialisation dans la campagne par un grand raout au Zénith de Paris, dimanche 5 décembre, où 5 000 personnes sont attendues. La veille, le parti LR devrait avoir désigné le nom de son candidat, fraîchement sorti des urnes. Voler la vedette à Joséphine Baker Le calendrier de l'annonce intervient également au moment où la majorité présidentielle se met elle aussi en ordre de bataille avec la création de la "maison commune" lancée par la macronie destinée à porter la réélection d'Emmanuel Macron. Le collectif Ensemble citoyens! lancé officiellement lundi soir à la maison de la Mutualité à Paris, a pour but de mobiliser tous les partis Macron-compatibles comme La République en marche, le Modem, Agir et Horizons. Sur les réseaux sociaux, d'aucuns regrettent que le choix du jour de l'annonce de cette candidature intervienne le jour de l'entrée de Joséphine Baker au Panthéon. Les pourfendeurs du sulfureux éditorialiste voient dans ce calendrier la volonté manifeste de bafouer la lutte pour l'égalité hommes-femmes et la lutte contre le racisme que l'artiste et résistante franco-américaine incarne. Des milliers de messages postés sous le hashtag  #MoinsdeHaineplusdeJosephine compile des allusions plus ou moins explicites aux positions idéologiques du polémiste d'extrême droite. "L'engagement pour la France n'a pas d'origine, de sexe ou de couleur de peau", résume notamment Armèle Portelli, militante féministe sur son compte Twitter.  "Je ne peux pas imaginer un seul instant qu'Éric Zemmour n'ait pas pris en compte tous les éléments saillants de l'actualité de ce jour, dont la Panthéonisation de Joséphine Baker fait partie", estime Michel Wieworka, directeur d'études de l'EHESS, contacté par France24.  Un doigt d'honneur à Marseille Une chose est sûre, il semble qu'Éric Zemmour ait surtout choisi de lancer sa campagne au moment où sa candidature se trouve au plus mal. Son entrée officielle dans l'arène politique intervient en effet après une mauvaise séquence politique, marquée par un déplacement raté à Marseille, sans rencontre, ni échange avec la population, si ce n'est ce doigt d'honneur adressé à une femme en guise de réponse au même geste de sa part. Un épisode qui jette le discrédit sur sa capacité à épouser une stature présidentiable, s'est unanimement indignée la majorité de la classe politique. "Le problème du bien vivre ensemble dans notre pays n'est pas un problème de prénom. C'est un problème de comportement et de savoir-vivre", a réagi Hugues Renson, vice-président LREM de l'Assemblée nationale. Un "geste instinctif" qu'Éric Zemmour "assume", se défend son entourage qui compare ce geste au "casse-toi pauv' con" lancé en février 2008 par le président Nicolas Sarkozy à un agriculteur qui refusait sa poignée de main. En résumé, à ce stade de la campagne, "les planètes n'étaient plus alignées [pour le tribun]", observe le politologue. Il n'avait plus le choix d'attendre plus longtemps. Cette annonce intervient au moment où le candidat doit donner un coup de fouet à sa campagne".  À cette nouvelle polémique s'ajoutent des sondages qui stagnent ou baissent, autour de 14 % à 15 % d'intentions de vote au premier tour, derrière le président sortant Emmanuel Macron (25 %) et la candidate du RN (entre 19 % et 20 %), redonnant le sourire à Marine Le Pen. Éric Zemmour a enregistré de nombreuses déconvenues, comme des salles qui ont refusé d'accueillir ses meetings, comme à Londres ou à Genève, des difficultés à trouver les parrainages d'élus nécessaires à sa candidature, et une organisation fragile critiquée en interne. Enfin, au chapitre des revers, Éric Zemmour doit aussi consigner la perte de précieux soutiens comme celui du financier Charles Gave ou de son "ami" Philippe de Villiers, qui ne participera finalement pas au meeting au Zénith à Paris le 5 décembre. Dans ce contexte, rien d'étonnant à ce que le polémiste d'extrême droite choisisse de relancer sa campagne au milieu de la tourmente.

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