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JO de Paris-2024 : "100 euros et deux places" contre un logement Crous, les étudiants amers

"100 balles et un Mars" La décision, annoncée jeudi par la ministre de l'Enseignement supérieur, d'octroyer "100 euros et deux places" aux étudiants en dédommagement pour la réquisition de leur logement Crous pour les Jeux olympiques de Paris-2024 n'a pas manqué de faire réagir. Étudiants, organisations étudiantes et politiques dénoncent le "mépris" du gouvernement, alors que la justice a pour le moment suspendu la réquisition des logements. "100 balles et un Mars, littéralement". Après l'annonce de la ministre de l'Enseignement supérieur, les réactions ne se sont pas fait attendre sur X (ex-Twitter). Dans une interview publiée jeudi 26 octobre dans Le Parisien, Sylvie Retailleau a annoncé la nature du dédommagement prévu pour les étudiants qui verront leur logement Crous réquisitionné durant les Jeux olympiques de Paris l'été prochain. Une indemnité de "100 euros" et "deux places" offertes pour assister à des "épreuves olympiques". Le dédommagement proposé par le gouvernement n'a pas manqué de faire réagir dans les rangs des députés. Julien Bayou, élu écologiste à Paris, a, comme beaucoup, repris l'expression "100 balles et un Mars" pour illustrer le traitement accordé aux étudiants à l'occasion des JO de Paris-2024. Sa collègue Fatiha Keloua Hachi, député de Seine-Saint-Denis, dénonce quant à elle le "mépris" avec lequel les étudiants sont traités. Le syndicat Solidaires dénonce de son côté un "foutage de gueule". À l'occasion des Jeux à Paris, plus de 2 000 étudiants vont devoir être relogés car leur logement Crous, organisme qui gère notamment les résidences étudiantes, sera réquisitionné pour loger les pompiers, soignants, forces de l'ordre et de la sécurité civile. Autre revers pour la ministre, le même jour, le tribunal administratif de Paris a suspendu en référé la décision du Crous de limiter les baux d'occupation des logements étudiants. Une procédure judiciaire contre la réquisition prévue des logements avait été entamée par le syndicat Solidaires. "L'exécution de la décision du Crous de Paris de limiter de manière générale le droit d'occupation des logements en résidence universitaire (...) pour l'année 2023-2024 au 30 juin 2024 est suspendue", peut-on lire dans cette décision rendue jeudi. La décision du Crous "revient à faire primer les intérêts des participants aux Jeux olympiques sur la situation des étudiants alors que les Crous ont pour mission d'assurer aux étudiants une qualité de vie, au regard des incertitudes qui l'entoure", poursuit le tribunal administratif. Dans un communiqué, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), qui pilote le réseau des Crous, rappelle que "contrairement à ce que laissent entendre certains commentaires, il ne sera jamais question de priver un étudiant de logement pendant les Jeux olympiques de Paris 2024". De son côté, face à l'impopularité de la mesure, Sylvie Retailleau justifie dans Le Parisien les réquisitions de logements par le "bon sens", rappelant que 30 % des logements Crous restent chaque année inoccupés durant l'été, les étudiants arrêtant leur bail pour de multiples raisons. "Sur ces quelque 6 000 logements étudiants vides, l'idée sera d'en utiliser 3 200", dit la ministre qui précise que "2 200 étudiants auront besoin d'être relogés". "Une source d'anxiété de plus" "Les étudiantEs ont déjà du mal à savoir comment finir le mois, maintenant certainEs ne savent pas où iels seront logéEs cet été. Une source d'anxiété de plus. Une réponse du gouvernement encore une fois à côté de la réalité de ce que vivent les étu[diants]", a commenté, vendredi, sur X, Maelle Nizan, présidente de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). "C'est parfait, ils pourront dormir dans les tribunes", ironise un utilisateur de X. "C'est très compliqué pour eux de se projeter alors même que ces jobs étudiants (qu'ils occupent l'été, NDLR) sont nécessaires pour eux, de façon à pouvoir envisager une rentrée étudiante l'année prochaine", poursuit Maëlle Nizan. Sylvie Retailleau assure, quant à elle, que les JO à Paris sont "une chance pour les étudiants". Dans son interview pour le Parisien, la ministre développe : "1 667 logements du village olympique et du village des médias", dont "1 300 en Seine-Saint-Denis", vont être reconvertis en logements étudiants après les Jeux olympiques de Paris, à compter du "premier semestre de l'année universitaire 2024-2025". Réagissant à l'"héritage immatériel" évoqué par la ministre, la vice-présidente du Fage, Sarah Biche, s'insurge : "Les étudiantEs sont sans logement depuis la rentrée, mais il faut attendre un événement international pour s'en soucier ? L'héritage que nous voulons c'est un minimum de respect de la part du gouv[ernement] et la permission de vivre décemment grâce à une réforme des bourses" Des propos complétés par Maëlle Nizan sur franceinfo. "Ce ne sont pas ces 1 600 logements qui vont venir compenser le retard qu'on a aujourd'hui", dit-elle, précisant le ratio d'"un logement Crous pour 17 étudiants". Audience "fin novembre-début décembre" Vendredi, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, est à son tour entrée dans l'arène, justifiant la décision par l'importance de pouvoir loger des agents du service public "indispensables à l'organisation des Jeux". "On a aujourd'hui 7 % des résidences en Île-de-France où les étudiants vont être concernés par le fait de laisser leur logement en juillet et août (...) Les étudiants ont été prévenus, depuis le printemps, de cette perspective. Ils ont l'assurance, dès le 1er septembre, de pouvoir retrouver leur logement", a-t-elle rappelé en marge du tournoi de rugby des quartiers à Marcoussis. Par ailleurs, la ministre assure que "chaque étudiant qui le souhaite sera relogé pour les mois de juillet et août, dans une résidence à proximité et sans surcoût". L'avenir de cette mesure, pour le moment suspendue, est désormais entre les mains du tribunal administratif de Paris. Après un recours du Crous, une audience devant le Conseil d'État est prévue "fin novembre-début décembre", a assuré à l'AFP une source judiciaire. Avec AFP

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