Incidents au Stade de France : trois billets ont été dupliqués "des centaines de fois", selon un rapport gouvernemental
Les tickets ont été reproduits "avec une bonne qualité de contrefaçon visuelle sur un support cartonné allant bien au-delà de la simple photocopie", selon le rapport, qui évoque une fraude "inédite" à la billetterie lors de la finale de la Ligue des champions.
Une fraude "inédite" à la billetterie. C'est l'une des conclusions du rapport d'enquête interministériel sur les incidents lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, remis vendredi 10 juin à la Première ministre, Elisabeth Borne. Selon un premier comptage, 2 589 billets inconnus ont été scannés aux portiques d'entrée. Parmi eux, "trois billets en particulier ont été dupliqués des centaines de fois", souligne le rapport.
Les trois tickets ont été reproduits "avec une bonne qualité de contrefaçon visuelle sur un support cartonné allant bien au-delà de la simple photocopie", selon la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs (DGIES). Le même code barre a ainsi été dupliqué "dans un cas 760 fois, dans un autre 744 fois et dans un troisième cas 360 fois", précise le document. Lors de son audition au Sénat, le 1er juin, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait déjà déclaré que "plusieurs billets [avaient] été dupliqués des centaines de fois".
Certaines personnes "ont acheté des billets très chers de bonne foi, en pensant pouvoir rentrer au Stade de France." D'autres, "naïves ou faussement naïves ont acheté des billets au tarif de 50 euros, malgré une fourchette de prix pour ce match de 80 à 690 euros".
La première version de l'Intérieur "à relativiser"
Même si le risque de faux billets était connu, "c'est pourtant la première fois qu'une fraude, dans de telles proportions, a été constatée", poursuit le document de 30 pages. Le parquet de Bobigny a ouvert le 31 mai une enquête pour "escroquerie en bande organisée" à la suite du signalement de la préfecture de police pour une "fraude massive" aux faux billets.
Selon le rapport, les faux billets sont en partie responsables de "phénomènes d'obstruction" aux pré-filtrages et au niveau des tripodes d'entrée, "empêchant les personnes en possession de billets valides de pouvoir entrer dans le stade". "L'élément déclencheur principal résulte de la massification d'une foule de spectateurs sur l'espace public au niveau des points de pré-filtrage, spectateurs dont une part significative était démunie de billets ou munie de faux-billets", ajoute également la DGIES.
Cependant, le rapport appelle à "relativiser" la version de Gérald Darmanin qui avait évoqué dans un premier temps entre 30 000 à 40 000 supporters anglais sans billet ou munis de faux billets. Ce chiffre correspond "à la déduction entre le volume total de personnes arrivées par tous moyens jusqu'au Stade de France et le nombre de spectateurs comptabilisés dans le stade". Or, il "n'existe pas de possibilité de quantifier par catégories les riverains, les personnes de passage et les spectateurs" ayant emprunté les transports en commun dans cette zone.