Incidents au Stade de France : "un carton jaune à l'Etat", une "communication désastreuse", les réactions à la suite du rapport du Sénat
Incidents au Stade de France : "un carton jaune à l'Etat", une "communication désastreuse", les réactions à la suite du rapport du Sénat
Le Sénat a remis mercredi 13 juillet son rapport d'enquête sur les incidents survenus au Stade de France en marge de la finale de la Ligue des champions le 28 mai dernier. Ce fiasco serait pour certains le résultat d'une "séries de décisions prises sans coordination", quand d'autres pointent un problème de culture avec le football en France.
Laurent Lafon (Union centriste) et François-Noël Buffet (LR) ont dévoiléles conclusions du rapport sénatorial et fait plusieurs propositions pour qu'une soirée chaotique comme celle qu'a connue le Stade de France ne se reproduise plus. "Il apparaît très clairement au regard des auditions que nous avons menées, que les causes du dysfonctionnement ne sont pas" la fausse billetterie et la présence de supporters anglais, a déclaré Laurent Lafon.
Une communication "désastreuse" du ministre de l'Intérieur
Le sénateur et président de la commission de la culture, qui a présenté mercredi 13 juillet les conclusions du rapport d'information sur le fiasco sécuritaire de la soirée du 28 mai au Stade de France. La cause "c'est une série de décisions administratives qui ont été prises sans coordination et sans qu'il y ait l'autorité qui assure le bon fonctionnement de ces décisions", a-t-il expliqué.
Le sénateur centriste adresse "un carton jaune" à "l'État", car "c'est lui qui avait la charge de la sécurité publique, de l'organisation, de la préparation de l'événement du point de vue des transports". Par ailleurs, Laurent Lafon a dénoncé "la communication" du ministre de l'Intérieur qu'il a jugé "désastreuse". Selon lui, "elle n'a pas permis de dire clairement qu'il y avait dysfonctionnement et elle n'a pas permis de faire en sorte que la vérité soit établie par l'État", a-t-il expliqué. À l'époque Gérald Darmanin avait pointé le comportement des supporters de Liverpool, responsables, selon lui, des débordements et révélé l'existence de faux billets en masse.
Un rapport qui "restaure l'image de la France"
Marie-Pierre de La Gontrie, sénatrice PS de Paris et membre de la commission qui a interrogé le préfet Lallement, voit elle aussi des dysfonctionnements dans la communication gouvernementale et tient à ce que ce rapport "restaure l'image de la France pour cette affaire".
Pour la sénatrice, les autorités ont fait preuve d'une méconnaissance de "ce que sont les supporters de foot" avec "une culture totalement périmée", or le "hooliganisme n'existe plus en Grande-Bretagne". "On a géré ça avec du maintien de l'ordre, sans travailler avec les clubs de supporters en amont", regrette la sénatrice socialiste.
De son côté Ronan Evain, directeur général de l'association Football Supporters Europe, et présent au stade le soir du match comme observateur abonde en ce sens : "il y a ce problème spécifique au foot qui est que les spectateurs sont perçus comme des menaces". "On a des évènements qui sont organisés de manière verticale, il faut avoir beaucoup plus de dialogue avec tous les acteurs", déplore le spécialiste du supportérisme.
Les commissions des lois et de la culture dressent au total une liste de quinze recommandations à l’endroit des autorités et des organisateurs. Des recommandations "intéressantes" selon Ronan Evain, mais qui constituent plutôt un "rattrapage" que "quelque chose d'inovant". "La France est tellement en retard sur ces questions d'organisation de grands évènements sportifs qu'on est sur des mesures de bon sens et qu'il faut instaurer de manière urgente", regrette-t-il.