Incendies dans l'Hérault : le pompier pyromane "est au cœur même de ce qui le fascine : le feu", analyse une psychologue
Incendies dans l'Hérault : le pompier pyromane "est au cœur même de ce qui le fascine : le feu", analyse une psychologue
"Pour le pyromane mis en cause dans l'Hérault, on s'aperçoit que malgré le statut qu'il avait à la maison et la reconnaissance sociale qu'il tirait de son travail, la pulsion d'allumer les feux a été plus forte", explique sur franceinfo la psychologue Marjorie Sueur.
Marjorie Sueur, psychologue et experte auprès de la cour d'appel d'Aix-en-Provence livre une analyse de la pyromanie vendredi 29 juillet sur franceinfo. Un pompier volontaire de l'Hérault a été mis en examen et placé en détention provisoire jeudi 28 juillet, soupçonné d'être à l'origine de 8 départs de feux cet été dans le département. Le suspect a reconnu les faits et les a expliqué par "l'adrénaline que l'acte lui procure" et par un besoin de "reconnaissance sociale".
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franceinfo : Comment analysez-vous le fait qu'il soit pompier ET pyromane ?
Marjorie Sueur : Il ne faut pas tomber dans l'excès, tous les pompiers ne le sont heureusement pas. Disons qu'il est au cœur même de ce qui le fascine : le feu. Il a le plaisir, de l'excitation et une recherche d'adrénaline en allumant le feu puis la gratification de passer pour le sauveur, celui qui participe à l'extinction du feu. Il y a de la maîtrise : c'est comme s'il avait un sentiment de toute puissance sur l'acte qu'il a commis.
Pour le pyromane mis en cause dans l'Hérault, on s'aperçoit que malgré le statut qu'il avait à la maison et la reconnaissance sociale qu'il tirait de son travail, la pulsion d'allumer les feux a été plus forte.
Est-ce une maladie, une pathologie ?
On parlera plus de troubles du comportement. Pour certains pyromanes, on parlera plutôt de troubles de la personnalité lorsqu'ils ne reconnaissent pas les faits ou n'éprouvent aucun remord, aucune culpabilité par rapport aux conséquences que leurs actes peuvent avoir.
Est-ce un moyen d'exprimer une agressivité aussi ?
Cela peut être un moyen d'exprimer une agressivité, mais surtout son mal-être et sa difficulté à communiquer sur ce qu'il ressent, à gérer ce qui se passe en lui. C'est difficile à prévenir car tous les pyromanes n'agissent pas de la même façon. Ce n'est pas une activité saisonnière : ils agissent aussi en hiver, sauf que les conséquences de leurs actes sont moins désastreuses, donc on en entend moins parler. Ils sont aussi difficiles à repérer car certains se mettent en veille : lorsqu'ils ont réussi à trouver un équilibre dans leur vie, ils peuvent rester, comme vous et moi, complètement adaptés à la société dans laquelle on évolue. Il suffit alors d'une réactivation, soit un ancien traumatisme ou soit une tension non contrôlée, pour qu'ils passent à l'acte.
Quelle est la différence avec un incendiaire ?
Les motivations ne sont pas les mêmes : le pyromane est plus victime d'un problème de communication et du plaisir qu'il tire de l'acte. L'incendiaire, lui, est plus motivé par la revendication ou la vengeance. C'est vraiment la motivation qui va différencier les deux.