Incendie dans le Var : "La forêt méditerranéenne va se régénérer par elle-même", assure le Conservatoire du littoral
"La forêt méditerranéenne, il faut lui faire confiance et elle va pouvoir se régénérer par elle-même", a assuré samedi 21 août sur franceinfo François Foucher, délégué Provence-Alpes-Côte d'Azur du Conservatoire du littoral, après l'incendie qui a touché le massif des Maures cette semaine. "Il convient juste de la laisser s'exprimer sans trop intervenir", explique-t-il.
franceinfo : le montant des dégats se chiffre-t-il à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros ?
François Foucher : Oui, ça se chiffre même probablement à plus que ça. Vous savez, dans les espaces naturels les plus emblématiques, il va falloir accompagner la nature plutôt que d'être interventionniste. Nous avons souvent des fausses bonnes idées. On imagine qu'un espace naturel, c'est un espace jardiné par l'homme. Or, la réalité, c'est que la forêt méditerranéenne se régénère par elle-même et qu'il convient juste de la laisser pouvoir s'exprimer sans trop intervenir. Et ça vient heurter peut-être les bonnes intentions des uns et des autres. La forêt méditerranéenne, il faut lui faire confiance et elle va pouvoir se régénérer par elle-même. Certains utilisent le terme de catastrophe écologique mais ce n'est pas un terme que je m'approprie. Il faut considérer les choses à une échelle de temps un peu différente et il faut savoir que la nature a une capacité de résilience si on ne vient pas trop perturber sa régénération naturelle. En 2017, lors du précédent incendie, il y a eu une régénération de la flore d'une manière tout à fait exceptionnelle. ll est clair que des pins qui ont brûlé, qui ont 30, 40, voire 70 ans mettront le même temps à se régénérer, ce qui constitue à la fois un temps long pour une génération donnée, mais à l'échelle de l'existence de ces territoires, c'est quelque chose de tout à fait acceptable.
Ce que vous nous dites finalement, c'est qu'il y a plutôt de l'espoir que cette forêt va renaître en partie d'elle-même.
Oui, même s'il faut qu'on se mobilise. Il faut de l'action à court terme, ne serait-ce que pour certaines espèces faunistiques. On parle beaucoup dans cet incendie de la tortue d'Hermann. On s'aperçoit que plus de la moitié ont réussi à survivre à cet incendie en se calfeutrant dans des interstices. Elles savent survivre plusieurs jours à la déshydratation. Certaines sont d'ores et déjà soignées. Et puis, vous savez, la flore va reprendre très, très vite. Il y a un certain nombre d'actions à mener. Cet incendie, d'une manière particulière, a brûlé plus de la moitié d'une réserve nationale qui est un joyau international de la biodiversité mondiale. Et donc, il est clair que face à l'ensemble des espèces faunistiques et floristiques impactées, on a une responsabilité. Il faut savoir qu'on a eu des grands incendies à peu près tous les dix ans, dans les années 70, 80 et 90. Le dernier qui a traversé ce secteur-là date de 2003. Et l'idée, c'est que si on vient piétiner ces espaces là, empêcher la régénération naturelle, effectivement, il y aura des difficultés à retrouver le même paysage.
Est-ce que vous avez le souvenir des sommes récoltées par le passé après des incendies ?
En 2017, après l'incendie du Cap Taillat, c'est à peu près 200 000 euros qui avaient été rassemblés, 200 000 euros provenant uniquement des dons de particuliers, ce qui est quand même assez considérable et qui était d'ailleurs historique à l'époque.