Guadeloupe : des manifestants anti-passe occupent pour la nuit le Conseil régional
Des habitants passent près d'une barricade à Petit-Bourg, en Guadeloupe, après une nuit de violences, le 23 novembre 2021.
Le Conseil régional de Guadeloupe a été occupé toute la nuit par des manifestants ayant pénétré jeudi dans l'hémicycle. Ceux-ci demandent à l'État de revenir à la table des négociations pour discuter une nouvelle fois de l'obligation vaccinale.
Des manifestants ayant fait irruption, jeudi 23 décembre, en fin de matinée dans l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe, ont décidé d'y passer la nuit pour poursuivre ce qui a été qualifié par des élus d'acte d'une "violence inédite", qui illustre une contestation qui dure depuis plusieurs semaines dans l'archipel.
"C'est devenu la maison du peuple", a déclaré à la presse locale Gaby Clavier, syndicaliste de la branche santé de l'UGTG, après une réunion avec le président de la région Ary Chalus.
"Le président s'est engagé à nous obtenir une réunion avec les parlementaires, mardi", a affirmé à l'AFP Jocelyn Zou, syndicaliste FO et pompier mobilisé contre l'obligation vaccinale.
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Les manifestants, qui comptent rester "dormir dans l'hôtel de région", doivent décider vendredi de la suite à donner au mouvement. Ils demandent à l'État de se joindre à la table des négociations, interrompues depuis deux semaines, pour discuter des problématiques à l'origine de la crise sociale en Guadeloupe, avec en tout premier lieu l'obligation vaccinale.
Cette intrusion à l'issue d'une séance plénière des élus a été condamnée par l'ensemble de la classe politique de Guadeloupe. "Ces faits (...) relèvent d'une radicalisation qui utilise la terreur" et sont "une atteinte inacceptable à la démocratie", ont estimé les élus de la Commission permanente du département.
"Détruire le mobilier de la Région,(...) saccager les bureaux des agents, molester des journalistes, insulter et menacer des agents de la Région Guadeloupe est inexcusable !", avait dénoncé plus tôt l'exécutif régional, critiquant dans un communiqué des "pratiques d'intimidation et de violence indignes".
Selon la région, "plus d'une centaine de personnes" ont pénétré dans l'hémicycle en fin de matinée mais au total ce sont "plus de 400 personnes" qui ont envahi les locaux.
Une pétition contre des violences commises au CHU
En Guadeloupe, où un premier cas de variant Omicron a été détecté samedi et où la quatrième vague de Covid-19 a fait plus de 800 morts, la résistance à la vaccination est forte.
L'archipel a été touché en novembre par un mouvement de contestation, parfois violent, né de l'opposition à l'obligation faite au personnel soignant et aux pompiers de se vacciner contre le Covid-19. Le conflit a tourné à la crise sociale.
Plusieurs représentants de la société civile (universitaires, philosophes, syndicalistes, etc) ont lancé une pétition il y a quelques jours contre des violences commises au CHU de Guadeloupe et ont dénoncé l'action de jeudi.
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"Il est des espaces communs qui méritent d'échapper à la fureur et aux violences. C'est le cas des hôpitaux et des enceintes du débat démocratique", ont-ils écrit dans un communiqué.
En s'introduisant au sein du Conseil régional, les manifestants – un collectif d'organisations, notamment syndicales et citoyennes, très revendicatif – entendent faire pression sur les élus afin qu'ils demandent la participation de l'État aux négociations destinées à mettre un terme à cette crise.
"Aucune revendication ne justifie d'entraver le bon déroulement d'une assemblée d'élus en pleine séance plénière", a tweeté le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu.
Les personnels de santé "suspendus" au 31 décembre
"Nous voulons que les élus votent une motion pour faire venir l'État à la table des négociations" car il a "les manettes financières pour beaucoup de points de négociations", a expliqué Jean-Marie Nomertin, leader du syndicat CGTG, présent dans l'hémicycle.
Les négociations ont tourné court il y a deux semaines après la signature d'un "accord de méthode" par les élus locaux et le collectif mais pas par l'État, absent du processus.
Le ministère des Outre-Mer a annoncé il y a trois jours que les personnels de santé des Antilles réfractaires à l'obligation vaccinale seraient "suspendus" au 31 décembre et pourraient "s'orienter vers un nouveau métier" via une "cellule d'accompagnement et de reconversion professionnelle".
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Des manifestations se sont déroulées au cours du weekend. L'accès au plus grand centre commercial de l'île a notamment été bloqué plusieurs heures samedi, et un incendie s'est ensuite déclaré dans l'hypermarché.
En Martinique, l'hôtel de la collectivité territoriale à Cluny (Fort-de-France) a aussi été jeudi la cible d'une action des opposants à l'obligation vaccinale et au passe sanitaire, mais dans des proportions moindres.
Des manifestants ont bloqué l'accès à l'hôtel de la collectivité avec des palettes, branchages et poubelles, a constaté l’AFP. Une délégation a finalement été reçue par des élus et les manifestants ont quitté les lieux en fin de matinée.
Avec AFP