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Frances Haugen, l’ex-salariée de Facebook qui fait trembler le géant du web

Cinq mois après avoir quitté le groupe, cette lanceuse d’alerte témoigne pour la première fois à visage découvert, dans une interview sur CBS et devant une commission parlementaire. Elle espère pousser les élus à encadrer les réseaux sociaux. Elle fait sans doute plus trembler Facebook que la panne géante de serveur qui a fait perdre six milliards de dollars en bourse au géant américain. Tout simplement parce qu’elle veut faire changer la loi. Frances Haugen, 37 ans, est diplômée d’Harvard et ancienne ingénieure, chef produit du réseau social le plus utilisé dans le monde. Si l’on parle d’elle mardi 5 octobre, c’est parce qu’elle a décidé de témoigner à visage découvert sur la chaîne CBS et que ses révélations font très mal à Facebook. Ce qu’elle dit, c’est que le réseau social a encouragé l’attaque du Capitole le 6 janvier 2020. Que si des militants d’extrême droite ont envahi l’enceinte parlementaire américaine, c’est non seulement parce que les algorithmes n’ont pas censuré leurs appels à la haine, mais parce qu'ils les ont mis en avant sur les fils d’actualité des utilisateurs. "Il y a un conflit d’intérêts entre ce qui est bon pour le public et ce qui est bon pour Facebook, explique Frances Haugen. Le groupe choisit de privilégier son intérêt à lui, c’est-à-dire faire plus d’argent." Le schéma est simple : plus l’on s’énerve, plus on commente, plus on passe de temps sur Facebook, plus le prix des publicités ciblées augmente, plus cela rapporte d’argent au géant. La colère rémunère. C’est ce que prouve, exemples à l’appui, Frances Haugen. Elle n’en est pas à sa première : tous les documents confidentiels relatifs au fonctionnement de Facebook utilisés par le Congrès, c’est elle. Ces mêmes documents envoyés au Wall Street Journal, c’est elle. L’étude interne qui démontre qu’Instagram est nocif pour les petites filles et qu’une sur trois en repart avec une image négative de son propre corps, c’est encore elle. Frances Haugen est une spécialiste des réseaux sociaux. Avant d’entrer au département "intégrité civique" de Facebook, elle a travaillé chez Google, Pinterest et Yelp. "J’ai vu beaucoup de choses dans ma carrière, mais la situation chez Facebook était sensiblement pire à tout ce que j’avais pu observer avant", dit-elle. En mai dernier elle a donc fait ses cartons, emportant des milliers de documents confidentiels, pour devenir lanceuse d’alerte. Elle dénoncera ces dérives mardi devant le Congrès qui l’auditionne. Pour informer les 2,8 milliards d’utilisateurs de Facebook, mais aussi pour tenter d’inspirer de nouvelles lois, d'encadrer les réseaux, et de défendre une vraie liberté d’expression, sans manipulation.

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