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Réquisitoire anti-Facebook d'une lanceuse d'alerte : "On a une pression politique comme jamais pour essayer de réguler ces plateformes", estime un spécialiste

"C'est vrai qu'on a une sous-régulation par rapport à d'autres champs d'activité", estime sur franceinfo le journaliste Julien Le Bot, au lendemain du réquisitoire anti-Facebook de la lanceuse d'alerte, Frances Haugen. Cette ancienne ingénieure cheffe de produit chez Facebook a accusé le groupe de "[choisir] le profit plutôt que la sûreté" de ses utilisateurs.  "On a une pression politique comme jamais pour essayer de se dire qu'il est enfin temps de réguler ces plateformes", a déclaré mercredi 6 octobre sur franceinfo Julien Le Bot, journaliste, auteur-réalisateur, ayant travaillé sur la géopolitique des réseaux sociaux notamment pour son livre Dans la tête de Mark Zuckerberg, paru aux éditions Actes Sud en novembre 2019. La lanceuse d'alerte Frances Haugen a livré mardi 5 octobre devant une commission parlementaire un témoignage inédit sur les pratiques de Facebook pour augmenter inlassablement sa fréquentation. "Il faut vraiment qu'on fasse un travail de fond sur comment encadrer ces activités", souligne Julien Le Bot. franceinfo : Peut-on dire que c'est un coup dur pour Mark Zuckerberg ? Julien Le Bot : C'est la continuation d'une cascade de mauvaises nouvelles. La croissance à tout-va de Facebook a été émaillée de scandales quant à la sécurité de ses utilisateurs, de leurs données personnelles. On est dans un moment particulièrement aigu puisqu'on sort d'une phase de candeur et de naïveté sur la puissance des réseaux pour se poser la question de l'impact de ces plateformes sur nos sociétés. Les déclarations faites par Frances Haugen sont-elles nouvelles ? Cela fait très longtemps que l'on sait tout ça. On a vraiment du mal à prendre en compte le fait que depuis des années, il y a tout un travail qui est fait pour documenter le fait que ces plateformes ont à la fois, en permanence, préféré faire du profit plutôt que de réfléchir à l'impact de leurs activités. C'est vrai qu'on a une sous-régulation par rapport à d'autres champs d'activité, comme l'alimentation, le tabac. On est en train de sortir de cet état de candeur. Il faudrait qu'on ait des données un peu plus scientifiques. On a tendance à sombrer dans une sorte de déterminisme technologique qui est de penser que si on casse Facebook on met fin aux problèmes de nos sociétés, mais évidemment non. C'est le risque de ce moment politique. On a une pression politique comme jamais pour essayer de se dire qu'il est enfin temps de réguler ces plateformes, mais en même temps j'ai bien peur qu'on manque encore de données puisqu'on sait bien que Facebook a encore fermé l'accès à des chercheurs externes qui souhaitaient essayer de mieux comprendre les choses. Il faut vraiment qu'on fasse un travail de fond sur comment encadrer ces activités. Le Congrès a-t-il les moyens de réguler Facebook ? Le Sénat est obligé de faire quelque chose parce que Facebook est un monopole donc ça bride l'innovation, c'est dangereux, ce n'est pas sain et quand ça tombe en panne on se retrouve sans infrastructure de communication. Dans le même temps, il ne s'agit pas de substituer à ce géant américain un géant chinois qui pourrait être Tik Tok [développée par une entreprise chinoise]. Donc, il y a fort à parier que des régulations vont venir mais sous quelles formes, avec quel impact réel, c'est difficile à dire. On est quand même dans une sorte de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Tik Tok, depuis 2020, est l'application hors jeux qui est la plus téléchargée dans le monde.

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