Enlèvement de Mia : les enfants victimes d'un réseau pédocriminel, une théorie du complot qui séduit sur les réseaux sociaux
Enlèvement de Mia : les enfants victimes d'un réseau pédocriminel, une théorie du complot qui séduit sur les réseaux sociaux
À travers les derniers développements de l'affaire se dessine une théorie complotiste en plein essor : celle qui consiste à dénoncer des enlèvements d'enfants censés alimenter des réseaux organisés.
"Les services sociaux en ont après vos enfants", "des stars, des politiques abusent de mineurs grâce à des réseaux organisés". C'est le genre de messages diffusés sur internet et que la mère de la petite Mia partageait sur Facebook, elle qui n'avait plus qu'un droit de visite limité à sa fille.
Parmi les figures complotistes à développer cette thèse et qui aurait inspiré voire aidé la jeune femme : Rémy Daillet-Wiedemann, Français exilé en Malaisie et sous le coup d'un mandat d'arrêt international dans ce dossier. Il lui est notamment reproché d'être "l'animateur principal de la mouvance" dans laquelle s'inscrivent les différents ravisseurs de Mia.
>> Enlèvement de Mia : qui est Rémy Daillet-Wiedemann, soupçonné d'être lié aux ravisseurs de la fillette ?
Dans une nouvelle vidéo, celui qui par ailleurs promet de renverser le gouvernement français assume complètement. "Le système est en train de s'effondrer, affirme-t-il. Les peuples reviennent, reprennent leurs enfants et n'admettent plus qu'ils se les fassent kidnapper comme c'est le cas par milliers en France chaque année. Beaucoup de familles se font enlever leurs enfants de manière indue."
Cette théorie de l'existence d'une élite qui s'adonnerait à la pédophilie n'est pas d'hier. Une frange de l'extrême droite la développe depuis longtemps. Mais cette croyance reprend de la vigueur depuis deux ans environ. Tendance venue des État-Unis avec le mouvement américain QAnon qui cible précisément un état satanique et pédocriminel. Ainsi, pendant la campagne américaine de 2016, un adepte de ces thèses est entré armée d'un fusil d'assaut dans une pizzeria de Washington pour sauver des enfants qu'une rumeur disait enfermés dans la cave pour servir de proie à des pédopiles de l'entourage d'Hillary Clinton. Il n'y avait ni cave ni enfants.
En France aussi, ces rumeurs semblent gagner du terrain. "Cette menace, c'est vraiment la première fois qu'on la voit à l'oeuvre", estime Paul Conge, spécialiste du complotisme et auteurs du livre Les Grands-Remplacés : enquête sur une fracture française.
"Les enquêteurs antiterroristes, qui avaient déjà commencé depuis quelques semaines à surveiller plusieurs membres de cet équipage, ont en tête d'arrêter d'autres personnes, poursuit le spécialiste. Ensuite, c'est difficile de déterminer par avance s'il y en a d'autres qui vont passer à l'acte parce que c'est souvent de l'ordre du discours. Il y a en tout cas beaucoup de personnes qui partagent cette vision des choses qui peut vraiment gagner de l'ampleur."
Selon les experts, la pandémie de Covid-19 et les confinements successifs, qui fragilisent et désoeuvrent beaucoup de personnes, favorisent également la diffusion de ce discours sur les réseaux sociaux.