VIDEO. Enlèvement de Mia : "Complément d'enquête" a interrogé Rémy Daillet, cerveau présumé de l'opération et figure de l'extrême droite complotiste
L'enlèvement de la petite Mia est-il un acte de défiance vis-à-vis de l’Etat ? Les ravisseurs présumés de la fillette avaient-ils des motivations politiques ? En exclusivité, "Complément d'enquête" a pu rencontrer l’un des hommes mis en examen dans cette affaire, et interroger celui qui est suspecté d’en être l’organisateur.
C'était la première fois qu'il s'exprimait devant une caméra. "Complément d'enquête" a pu rencontrer l’un des hommes mis en examen dans le rapt de la petite Mia, pour "enlèvement en bande organisée". Psychologiquement fragile, il est le seul à avoir été remis en liberté sous contrôle judiciaire. La porte de son appartement, en banlieue parisienne, porte encore les traces de son interpellation quelques jours plus tôt.
Après plusieurs minutes de pourparlers, l'homme finit par sortir sur le palier. La mère de Mia lui aurait confié qu'elle souffrait de ne pas voir sa fille, et que "son droit de visite n'aurait pas été respecté. Ce n'est peut-être pas bien ce qui s'est passé, mais séparer une enfant d'une mère, c'est inadmissible", estime-t-il. Jugeant que "la petite fille était en extrême danger potentiel", il dit avoir cru "de bonne foi qu'il fallait faire quelque chose".
Les manifs des Patriotes, "un vivier potentiel"
C'est lui qui conduisait la voiture lors de l'enlèvement de Mia : c'est la seule participation à l'enlèvement qu'il reconnaît. Comment est-il entré en contact avec le commando présumé ? Selon lui, il aurait été approché lors d'une des manifestations qu'organisent Les Patriotes (le mouvement de Florian Philippot, l'ex-bras droit de Marine Le Pen) contre le confinement ou le port du masque. Des manifestations utilisées comme "vivier potentiel", selon cet ancien cadre au chômage.
Un groupe surveillé par la DGSI
Pour préparer "l'opération Mia", le commando ainsi constitué se réunissait au troisième sous-sol d'un immeuble parisien, dans le box numéro 116. Le groupe ne le savait pas, mais il était repéré par la DGSI. Les hommes étaient placés sous surveillance pour leur affiliation supposée à un groupuscule d'extrême droite. Lors de leur garde à vue, ils reconnaîtront appartenir à un réseau, animé par un certain Rémy Daillet.
Selon notre témoin, ce serait donc le "cerveau" de l'opération Mia : Rémy Daillet, un ancien élu du MoDem qui multiplie sur internet les appels à l'insurrection. Ses vidéos ont fait de cet agitateur une figure de l'extrême droite complotiste. Visé par un mandat d’arrêt international, il a accepté de répondre aux questions de "Complément d’enquête" depuis la Malaisie où il se trouve actuellement.
Un discours proche de celui des QAnon américains
Comment s'est-il trouvé impliqué dans l'enlèvement de Mia ? "Dans la restitution, vous voulez dire", réagit-il. Selon lui (qui nie son implication), "des hommes rendent un enfant à sa maman à sa demande. Parce que, pour ce que nous en savons, ce qui est dit au sujet de cette maman, comme de très nombreuses autres mamans, ne tient pas lieu de qualification pénale… C'est-à-dire que l'anorexie, ou le goût pour le survivalisme, ou pour la choucroute farcie, ou pour l'alimentation végane, ça n'a pas lieu de donner suite au placement de l'enfant. C'est une aberration. Et des cas comme ça, on en a des milliers, des milliers, des milliers...". Un discours typique de la propagande complotiste et proche de celui des QAnon américains, cette mouvance d'extrême droite qui a envahi le Capitole en janvier 2021...
Extrait de "France : l’ultradroite passe aux actes", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 29 avril 2021.
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