En images : les agriculteurs passent la nuit sur des autoroutes avant de nouvelles annonces
Les agriculteurs ont campé dans la nuit de lundi à mardi sur plusieurs autoroutes menant à la capitale dans l'attente de "nouvelles mesures" qui seront dévoilées dans la journée par le gouvernement.
Une effigie est suspendue sur un point de blocage d'agriculteurs sur l'autoroute A4 à Jossigny, près de Paris, le 30 janvier 2024.
Ils ne désarment pas. Les agriculteurs entament mardi 30 janvier leur deuxième jour de blocage d'axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu'ils peuvent tenir plusieurs jours si les "nouvelles mesures" qui doivent être dévoilées dans la journée par le gouvernement déçoivent encore.
Sur l'A1, l'A4, l'A6, l'A13.... des agriculteurs ont passé la nuit dans leur tracteur ou dans un semi-remorque au plancher recouvert de paille après avoir entamé lundi après-midi le blocage d'autoroutes à proximité de la capitale.
Plus d'une semaine après le premier blocage d'axe routier en Occitanie, qui avait lancé le mouvement le 26 janvier, d'autres actions sont prévues un peu partout en France, sous des modalités diverses, mais toujours pour frapper les esprits.
De "nouvelles mesures seront prises dès demain" en faveur des agriculteurs, a assuré lundi la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, à l'issue du Conseil des ministres.
Pour tenter d'éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne comptent pas leurs heures mais ne parviennent pas à vivre de leur métier, le Premier ministre français Gabriel Attal avait dévoilé vendredi des mesures d'urgence en se déplaçant dans le sud-ouest de la France.
"Il faut aller plus loin", avait toutefois d'emblée conclu Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole français, la FNSEA.
Gabriel Attal a reçu une nouvelle fois lundi soir Arnaud Rousseau et son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot, dans l'optique d'esquisser une sortie de crise. La réunion a duré trois heures trente. Les participants ne se sont pas exprimés en en sortant.
Non convié, le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, appelle les autres organisations à porter avec lui principalement "deux mesures" : "l'arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations" et "l'interdiction formelle de l'achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient".
Les organisations écologistes s'inquiètent d'un éventuel retour en arrière sur les normes environnementales, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage. Ils demandent notamment de revenir sur des restrictions d'usage des pesticides.
Autre chose que des "mesurettes"
Selon une source policière, les blocages autour de Paris ont impliqué lundi un millier d'agriculteurs et "un peu plus de 500 engins". "L'objectif de tenir jusqu'à vendredi est manifeste", selon cette source.
Sur les points de blocage, les agriculteurs ont apporté ravitaillement, groupes électrogènes, citernes d'eau, toilettes de chantiers. Et organisé des tours de garde et la rotation des effectifs.
"On a tous envie de retourner auprès de nos cultures et de nos animaux", assure Samuel Vandaele, secrétaire général de la FDSEA 77 et ex-président des JA. "On n'a pas envie d'embêter nos concitoyens", ajoute-t-il, tout en organisant le campement lundi.
Gabriel Attal, qui fera sa déclaration de politique générale mardi, a notamment annoncé vendredi des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique et l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).
Les manifestants disent attendre autre chose que des "mesurettes" dans une France qui a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et recourt de plus en plus aux importations : un poulet consommé en France sur deux vient d'ailleurs, comme 60 % des fruits.
Un cortège, parti lundi matin d'Agen, vise le marché de gros de Rungis, protégé par des blindés de la gendarmerie.
Quelque 150 agriculteurs avec leurs tracteurs, venus de Haute-Garonne, du Gers, du Tarn et de l'Ariège prévoient de bloquer mardi matin les accès à l'aéroport de Toulouse dans la matinée, selon le secrétaire général de la FDSEA Haute-Garonne, Luc Mesbah.
En Mayenne, la FDSEA et les JA menacent d'emmurer les services de l'État mardi à l'aide de pneus, comme le centre des impôts de Laval et la sous-préfecture. Ils comptent aussi planter des haies devant la cité administrative et le centre des finances publiques de Laval.
Dans un autre registre, pommes, fromages, vins, lait devraient être proposés à la dégustation aux passants devant la préfecture d'Indre-et-Loire.
En Corse aussi, une manifestation est prévue à 10 h à Ajaccio, avec cortège de tracteurs roulant au pas jusqu'à la préfecture dans le centre-ville.
Signe d'une certaine fébrilité, la préfecture de la Drôme a demandé aux habitants du département "de ne pas constituer de stocks alimentaires", assurant que "les principales grandes surfaces de la Drôme restent correctement approvisionnées en denrées alimentaires et en carburant".
Avec AFP