Coupe du monde de rugby : le Chili veut s'offrir une belle sortie face à l’Argentine
Avant-papier
La rencontre entre l’Argentine et le Chili, le 30 septembre à Nantes, revêt un caractère historique car les deux équipes sud-américaines vont s’affronter pour la première fois en Coupe du monde. Si les Chiliens ne peuvent pas se qualifier pour les quarts, ils veulent finir sur une bonne note. Les Argentins ont, eux, besoin des points d’une victoire bonifiée et ne feront pas de cadeau à leur voisin de Cordillère.
Les supporters argentins ne manqueront pas de se faire entendre, samedi 30 septembre, au stade de La Beaujoire pour un duel sud-américain inédit contre le Chili
Après plusieurs semaines dans leur camp de base de Perros-Guirrec, les Condors arrivent à Nantes, samedi 30 novembre, pour disputer leur ultime match de la Coupe du monde 2023. Derniers de la poule D après trois défaites contre le Japon, les Samoa et l'Angleterre, les Chiliens savent que la compétition à laquelle ils participent pour la première fois est sur le point de se terminer pour eux. Et ils veulent la finir de belle manière contre un adversaire argentin bien supérieur, en quête de points dans l'optique de la qualification en quarts de finale. Après cette rencontre, les Pumas, défaits par l'Angleterre (10-27) et vainqueurs des Samoa (19-10) auront un dernier match décisif à jouer contre le Japon.
Ces voisins du Cône Sud se connaissent très bien, les échanges rugbystiques entre les deux pays étant nombreux. Des clubs ou des sélections provinciales traversent régulièrement la Cordillère dans les deux sens. Mais l'équipe type des Pumas n'a pas affronté depuis de longues années celle du Chili, les meilleurs joueurs argentins se trouvant en Europe. Le Chili est donc habitué à affronter l'équipe 2, Argentina XV, contre laquelle il s'est très souvent incliné. La dernière confrontation remonte au mois d'août et une victoire argentine en terre chilienne (28-26).
"L'Argentine se trouve à un niveau bien plus élevé, c'est une référence" , explique Sergio Valdés, un des rares joueurs chiliens à avoir mené une longue carrière professionnelle en France. Cet ancien deuxième ligne connaît bien cette différence pour avoir souvent croisé, en juniors ou en adultes, la route de sélections argentines. Avec une longue série de défaites à la clef, parfois très lourdes. "Pour nous, c'est l'Uruguay le véritable rival", ajoute-t-il.
Une fête latino à La Beaujoire
Sergio Valdés se réjouit bien sûr de la participation de l'équipe nationale chilienne à cette compétition, qui va leur permettre d'emmagasiner une précieuse expérience malgré les défaites. Et il pense qu'ils vont chercher à tout faire contre l'Argentine "pour s'offrir un bel au revoir". Même si le fossé est grand entre des deux équipes, il sait que "le Chili ne va pas entrer sur le terrain pour perdre". Et dans une ambiance qui s'annonce folle à La Beaujoire entre supporters chiliens et argentins, les Condors vont tout faire pour tenter de déstabiliser leurs puissants voisins.
Les Pumas en sont bien conscients et ils savent qu'ils doivent aborder ce match contre le Petit Poucet de la compétition avec sérieux et application. "L'Argentine n'a pas connu un très bon début dans le Mondial. La mentalité et la philosophie argentine font que les joueurs ne vont pas prendre ce match à la légère. Ils ne doivent pas se relâcher et vont essayer de mettre le plus de points possible", explique Lisandro Arbizu, qui a porté 86 fois le maillot des Pumas.
L'encadrement argentin a choisi pour cette mission un groupe très expérimenté, avec des vieux grognards comme le talonneur Agustin Creevy (38 ans), l'ailier Juan Imhoff (35 ans) ou l'ouvreur Nicolas Sanchez (34 ans), qui va fêter sa 100e sélection sous le maillot argentin. En face, l'ailier chilien José Ignacio Larenas (34 ans) sera le doyen d'un XV de départ assez jeune.
Le scénario du match dépendra beaucoup de la capacité des Chiliens à maintenir la même intensité physique tout au long de la rencontre, après trois matches déjà très éprouvants. Ils ne sont pas habitués à des rencontres internationales contre des équipes d'un tel niveau. Pour décrocher sa qualification, la sélection chilienne s'est appuyée ces dernières années sur la création d'une franchise professionnelle dans le cadre d'un championnat mis en place en Amérique latine par l'instance World Rugby. Regroupés au sein des Selknams, les internationaux chiliens disputent cette compétition de janvier à mai. Mais ils manquent cruellement de rencontres internationales de haut niveau en dehors de ce championnat.
L'Amérique du Sud en force
Pour Lisandro Arbizu, le défi des Chiliens va être désormais de réussir à pérenniser cette expérience mondialiste. "Un gros travail a été effectué pendant quatre ans et il faut qu'il se poursuive désormais", analyse cet ancien joueur passé par cinq clubs français entre 1997 et 2006. "La qualification du Chili est un bon signe pour le rugby sud-américain. Il faut continuer à avancer", explique-t-il en soulignant l'importance de ce duel nantais pour le rugby de la région. Car l'engouement qu'il suscite chez les adeptes du rugby des deux pays peut aider au développement local de ce sport.
Jamais l'Amérique du Sud n'avait pu compter sur trois représentants dans une même Coupe du monde. Dans l'ombre des Pumas qui se sont hissés en en 2007 à la troisième place de cette compétition, l'Uruguay a été la première à attirer la lumière sur elle. Elle participe en France à sa cinquième Coupe du monde et elle a livré une très belle prestation contre les Bleus, à Lille, ne s'inclinant que 12 à 27 . Victorieuse de la Namibie (36-26), il lui reste encore un match de poule à disputer contre les All Blacks, le 5 octobre à Lyon.
Le parcours mondialiste de cette équipe uruguayenne a de quoi inspirer le XV du Chili. Tout comme la régularité de cette sélection, puisque les Teros ont disputé les trois dernières Coupes du monde. Après leur envol réussi, les Condors vont s'efforcer de continuer de planer et viser une nouvelle qualification pour la prochaine édition, dans quatre ans, en Australie. Et ils ont déjà en tête l'édition 2031 qui se déroulera pour la première fois aux États-Unis. Une occasion unique pour tous les rugbymen américains de se mettre en valeur sur leur propre continent.