Ce que l'on sait de l'affaire de Roanne, où un père a frappé un adolescent soupçonné d'agression sexuelle sur sa fille de 6 ans
Ce que l'on sait de l'affaire de Roanne, où un père a frappé un adolescent soupçonné d'agression sexuelle sur sa fille de 6 ans
L'adolescent a été mis en examen et écroué dimanche soir. Avant son incarcération, le père de la victime, qui l'avait retrouvé, s'était fait justice lui-même en le rouant de coups. Il est visé par une enquête pour violences.
Deux enquêtes pour une affaire d'agression puis de vengeance. Un adolescent de 16 ans soupçonné d'avoir agressé sexuellement une fillette de 6 ans à Roanne (Loire), dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre, a été roué de coups par le père de cette dernière le lendemain. Dimanche, l'adolescent a été mis en examen pour "agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans" et placé en détention provisoire. Et une autre enquête visant notamment le père de l'enfant, pour "violences aggravées en réunion et avec usage d'une arme", a été ouverte par le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini. Voici ce que l'on sait de cette affaire.
Une petite fille agressée sexuellement à son domicile
Selon le récit de la famille de la victime, confirmé par le procureur à franceinfo, un jeune homme s'est introduit dans un pavillon du quartier du Mayollet, dans le sud de Roanne, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre, vers 3 heures du matin. Il est monté dans la chambre de la petite fille de 6 ans, au premier étage, et l'a agressée sexuellement, rapporte Abdelkrim Grini.
La mère de la victime, qui ne dormait pas car elle allaitait un bébé, témoigne avoir entendu du bruit dans la chambre de sa fille. Elle dit être alors tombée nez-à-nez avec le jeune homme. Prise de panique, elle a appelé son compagnon, mais l'intrus a pris la fuite. Vendredi matin, les parents sont allés porter plainte avant que les policiers se rendent à leur domicile pour faire des constatations.
Le suspect passé à tabac par le père
Mais le père doute alors de la capacité des policiers à retrouver l'agresseur. "Le soir même, il n'y a eu aucune ronde et aucune patrouille de police n'est passée, il n'y a rien eu. Moi, je sentais que la personne n'était pas très loin, elle a disparu trop vite", a-t-il expliqué mardi à BFMTV. Aidé de plusieurs amis et voisins, il décide d'établir une surveillance du quartier, pour tenter d'identifier l'individu.
"Dans la nuit de vendredi à samedi, à 2 heures du matin, soit environ 24 heures après les faits, un jeune garçon qui correspond au signalement est repéré près du domicile par le père de la petite fille et trois de ses amis", explique le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini, à franceinfo.
Le petit groupe le maîtrise. Le père va alors voir sa compagne, et lui présente une photo de l'individu, sur laquelle elle dit reconnaître l'agresseur de sa fille. "Il portait le même T-shirt, selon elle", précise Abdelkrim Grini. Le père ressort alors de chez lui et roue de coups le suspect avec ses trois amis. "Je n'aurais pas dû le faire, mais je ne regrette aucun cas de l'avoir fait. (...) Heureusement qu'il y avait mes amis et que j'étais un minimum lucide pour appeler la police, sinon il est possible que je sois allé plus loin", a reconnu le père sur BFMTV.
Selon le procureur, le suspect a notamment "été fouetté avec un câble électrique au sol". Les quatre hommes ont finalement appelé la police, qui a conduit l'adolescent à l'hôpital. "Sans l'intervention de la police sur place, il aurait pu être tué", affirme Abdelkrim Grini à franceinfo. Ses blessures ont été évaluées à 10 jours d'ITT.
L’adolescent mis en examen dimanche
L'adolescent a été placé en garde à vue, puis mis en examen dimanche pour "agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans" et placé en détention provisoire.
Il conteste les faits, a précisé son avocate, Me Camille Thinon, au Parisien : "Il faisait nuit. Mon client dit qu’il n’a jamais été dans cette maison, qu’il était au mauvais endroit, au mauvais moment". Mineur isolé, il résidait depuis une quinzaine de jours dans une structure spécialisée située à une centaine de mètres du domicile des parents de la fillette agressée.
Une enquête ouverte contre le père
En parallèle, le procureur de Roanne a ouvert dimanche une enquête pour "violences aggravées en réunion et avec usage d'une arme", un câble électrique, à l'encontre du père de famille et de ses amis. "L'infraction la plus grave concerne la petite fille de 6 ans, c'est la priorité. Mais je n'accepte pas qu'on se fasse justice soi-même, que cela devienne une vengeance personnelle. L'état de droit, ce n'est pas ça", justifie le procureur auprès de franceinfo. L'avocate du jeune homme frappé affirme au Parisien, mardi, qu'il "va déposer plainte".
Eric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritimes, a apporté son soutien au père de famille. "Qui peut condamner la réaction de ce père de famille ? Qui peut mesurer sa crainte, sa douleur ? Il ne devrait pas protéger sa fille, tenter que ça ne se reproduise pas ? (…) Je ne condamnerai pas le père de famille qui protège sa fille", a-t-il déclaré sur BFMTV mardi.