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Insolite et Faits divers

"C’est un peu comme les fêtes de fin d’année" : les sites de paris sportifs misent sur l'Euro de football pour séduire de nouveaux clients

Les récents chiffres du secteur sont encore en hausse. Ces sites ont engrangé de nombreux clients pendant la crise du Covid-19 et espèrent continuer à en séduire de nouveaux pour le championnat d'Europe de football qui débute en juin.   Décalée d’un an, la date du 11 juin est cochée dans les agenda des sites de paris sportifs. Le début du championnat d’Europe de football est l’événement de la saison pour ces plateformes. "Chez nous l’Euro, c’est un peu comme les fêtes de fin d’année pour les commerçants", indique Martin Houdbine, président de Betclic France. “Sur une année, on permet à nos clients de parier sur quasiment 300 000 matchs, et les 51 matchs de l’Euro pourraient représenter 10% du chiffre d’affaires”, explique le président de ce site de paris sportifs où le football représente près de 65% des mises. Même prévision chez les concurrents. "On s'attend à quelque chose d'assez gros parce que c'était déjà énorme lors de la Coupe du monde 2018", explique Julien Huber, responsable marketing et offre du betting chez Winamax. Car, comme lors du dernier mondial de foot, le parcours des Bleus va être déterminant sur les paris sportifs des Français. "C’était une très grosse compétition. Elle a généré pas loin de 400 millions d'euros de mises sur le marché français avec environ 20% uniquement sur la la finale", explique Julien Huber. Pour l’instant, la France est la favorite des bookmakers avec l’Angleterre. Un effet Benzema se fait d’ailleurs ressentir avant la compétition, il est le joueur qui attire le plus de paris sur certaines plateformes. Le secteur profite des confinements De quoi rassurer les différentes sociétés qui profitent d’une conjoncture favorable. “À chaque trimestre, on bat de nouveaux records”, explique Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), l’instance de régulation du secteur (ex-Arjel). L’arrêt des compétitions en mars 2020 est loin derrière pour les plateformes de paris sportifs. Les derniers chiffres publiés par l’ANJ pour le trimestre 2021 sont excellents. Le nombre de parieurs sportifs du trimestre augmente de 29% avec près de 2,5 millions de comptes joueurs actif, c’est-à-dire ceux dont les joueurs ont engagé au moins une action de jeu sur la période. Les mises s’élèvent à 2,2 milliards d’euros, une augmentation de 79% par rapport au premier trimestre 2020. Cette progression s’établirait à environ 50% indique l’ANJ, si on prend en compte les pertes liées à la crise dès le premier trimestre 2020. Il s'agit tout de même du montant d’enjeux le plus important relevé au cours d’un trimestre. Ces bons chiffres s’expliquent tout d’abord par un effet de rattrapage lors du retour des compétitions ainsi que par le bon parcours de clubs français, notamment du Paris Saint-Germain, lors des deux dernières Ligue des champions. Mais surtout, le secteur est l’un des gagnants de la crise du Covid-19. "Le pari sportif est en croissance déjà depuis plusieurs années, explique Isabelle Falque-Pierrotin. Mais la crise du Covid a accéléré les pratiques digitales, et en particulier les paris sportifs. Depuis plusieurs trimestres, on a des croissances à deux chiffres.” La poursuite des compétitions alors que les restrictions sanitaires étaient en place a incité au jeu en ligne. "Pendant les deuxième et troisième confinements, on observe une augmentation surtout sur le nombre de paris sportifs plus que sur les sommes, indique le président de Betclic France Martin Houdbine. Il s’agissait de l’un des rares divertissements qui continuaient. L’intérêt pour le pari sportif était donc plus fort." Un nouveau public à attirer Un intérêt encore en croissance pendant cet Euro ? Les joueurs novices vont être la cible des plateformes qui veulent profiter de l’effet d’attraction de la compétition. À Betclic, ”un nouveau client sur quatre s’inscrit pendant cette période" de compétition. Des nouveaux venus qui "vont dépenser en général deux fois moins que les clients réguliers, explique Martin Houdbine : On a des populations différentes en termes d’intérêt au sport. Par exemple, on a 8% de femmes qui s’inscrivent et jouent de manière régulière sur notre site, et avec un évènement comme l’Euro ou la Coupe du monde on double cette proportion avec 16% à 17% de parieuses." Au final, un tiers des nouveaux clients restent après la compétition sur la plateforme. Pour attirer ce nouveau public, les offres de bienvenue des différents sites de paris en ligne se veulent attractives. "D’habitude c’est 100 euros, mais on le double, c’est-à-dire qu’on a jusqu’à 200 euros de votre premier pari qui est remboursé en crédits de jeu", explique Martin Houdbine de Betclic. Même somme annoncée du côté de Winamax mais autre système. "On va lui offrir tout de suite des paris gratuits, qu'on appelle des Freebets avec lesquels il va pouvoir jouer un peu comme il veut", explique Julien Huber. L’idée est de fidéliser en laissant le client multiplier les paris. "On a été un peu échaudé par l'expérience de 2018, raconte le responsable marketing de Winamax. On a fait un bonus assez agressif par rapport au marché et finalement, on a eu pas mal d’opportunistes. C’est-à-dire des gens qui sont venus bénéficier de l’offre et qui sont partis." Illustration paris sportifs en ligne sur le site Betclic. (LP/ MATTHIEU DE MARTIGNAC / MAXPPP) Télévision, radio, site internet, réseaux sociaux ou affichage dans la rue, ces offres vont être partout durant la compétition. "On a des campagnes pour toucher plutôt le grand public, explique le président de de Betclic France. Il y aura des campagnes à la télévision de prévues autour des matchs de l’Euro. D’habitude on ne va pas sur les chaînes en clair car les sports nationaux sont sur les chaînes payantes." Des spots de publicité dont le prix oscillerait entre 70 000 et 120 000 euros. "Ce sont des investissements qui se chiffrent en millions d’euros", explique Martin Houdbine. Plusieurs millions d’euros aussi du côté de Winamax qui a lancé sa nouvelle campagne publicitaire le soir de la finale de la Ligue des champions explique Julien Huber : "Nos campagnes sont toujours construites pour essayer d'être assez grand public. Après, très clairement, notre tranche majoritaire de joueurs c'est des 25-35 ans, c'est essentiellement des hommes qui sont quand même assez connectés, dans le sens qu'ils regardent un match et regardent les stats et les scores des autres matchs." Des nouveaux joueurs plus à risque ? Des publicités en augmentation que surveille l’Autorité nationale des jeux. "Sur ce premier exercice début 2021, on a attiré l’attention des opérateurs sur le fait que il y avait auprès de tous une augmentation des budgets publicitaires de plus de 20% en prévision justement des événements sportifs, explique Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ. En soi c'est déjà un sujet d'alerte parce que ça veut dire que la pression médiatique va être plus forte en 2021." L’institution à maintenant la possibilité de regarder les stratégies commerciales des sites de paris sportifs et même de demander le retrait d’une publicité qui serait contraire à la législation. Une nouvelle compétence qui n’a pas encore été utilisée. À SOS Joueurs, une plateforme téléphonique qui vient en aide aux personnes souffrant d’un problème avec le jeu, la pression médiatique inquiète en particulier pour les nouveaux joueurs. "Je pense que ce ne sera pas forcément un problème pour celui qui est déjà 'addict', mais véritablement beaucoup plus le problème de non-joueurs aujourd'hui et de joueurs dits récréatifs", explique Armelle Achour, présidente de l’association. Elle a en tête des exemples de joueurs qui ont basculé dans l’addiction durant les différents confinements : "En deux ou trois mois, ils se sont mis minables à un point invraisemblable. On a d'autres joueurs, qui eux, jouaient modérément et qui se sont mis à flamber comme des malades." Armelle Achour regrette "une surenchère en termes de messages adressés."  "Les nouveaux ont quand même une vulnérabilité supérieure aux joueurs plus aguerris, explique la présidente de l’ANJ, parce qu'ils n'ont pas nécessairement la culture de se fixer des modérateurs ou de contrôler leur temps de jeu. Ils n'ont pas des habitudes de jeu qui sont quand même très solides et également, ils ne connaissent pas les dispositifs d’aide."  Il y a un an, l'Observatoire des jeux (ODJ) alertait sur l’addiction aux paris sportifs qui présente trois ou quatre fois plus de risques que les jeux de loterie car les joueurs se pensent "experts". L’ODJ estimait qu'"un million de joueurs ont un risque modéré avec les jeux d’argent, et 370 000 qui sont des joueurs excessifs".

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