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Attaque du Hamas en Israël : Jean-Luc Mélenchon isolé, l'union de la gauche menacée

Tempête politique En renvoyant dos à dos le Hamas et le gouvernement israélien, la France insoumise est sous le feu des critiques, accusée d'ambiguïté, voire de complaisance par ses partenaires de la Nupes ainsi que par l'exécutif. Malgré la polémique, Jean-Luc Mélenchon, le leader du parti, accuse le Conseil représentatif des institutions juives de France d'"empêcher" la solidarité des Français "avec la volonté de paix".  Le fondateur de La France insoumise (LFI) et ancien député Jean-Luc Mélenchon s'adresse à la presse en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 6 juin 2023. Les événements dramatiques qui endeuillent le Proche-Orient continuent de s'inviter dans le débat politique en France. Jean-Luc Mélenchon a reproché, lundi 9 octobre, au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) d'"empêcher" la solidarité des Français "avec la volonté de paix", quelques heures après les rassemblements en solidarité avec Israël auxquels le Crif a appelé. "En obligeant tout le monde à s'aligner sur la position du gouvernement d'extrême droite israélien, en acceptant de manifester avec le RN, en insultant les élus futiles du PS, le Crif a isolé et empêché la solidarité des Français avec la volonté de paix et la demande de cessez-le-feu immédiat. Les morts de tous côtés méritent mieux et notre compassion totale", a écrit sur X (ex-Twitter) le dirigeant de La France insoumise (LFI). À Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées, lundi, en fin de journée, dans une atmosphère grave pour dire leur solidarité avec Israël après l'offensive du mouvement islamiste, qui a fait au moins 800 morts en Israël. À l'inverse des autres formations de gauche, LFI, esseulée au sein de la Nupes sur cette question, n'avait pas envoyé de représentant à la marche parisienne. "Jean-Luc Mélenchon a choisi de ne pas s'exprimer en solidarité avec Israël mais de légitimer le terrorisme par sa mise en équivalence entre Israël et le Hamas", a réagi, mardi, Yonathan Arfi, le président du Crif, sur RMC, qualifiant le leader de LFI d'"ennemi de la République".  Depuis plusieurs jours, les prises de positions du parti d'extrême gauche sur l'attaque du Hamas contre Israël ont été jugées ambiguës, voire complaisantes, par ses partenaires de gauche, ainsi qu'au gouvernement. Elisabeth Borne avait pointé les "ambiguïtés révoltantes" des Insoumis, dont l'"antisionisme" affiché est, selon elle, "une façon de masquer une forme d'antisémitisme". Le porte-parole du gouvernement,Olivier Véran, avait, lui, dépeint un Jean-Luc Mélenchon "tout en haine" qui "légitime le recours à la violence". D'autres formes de procès émanent de l'extrême droite, où Jordan Bardella estime que LFI "se fait la caution morale du terrorisme islamiste". "Trop longtemps que la France ferme les yeux" Le ton a été donné par LFI dès le premier communiqué. Samedi aux premières heures du conflit, les députés Insoumis avaient évoqué une "offensive armée de forces palestiniennes", menée "dans un contexte d'intensification de la politique d'occupation israélienne". Le leader du parti, Jean-Luc Mélenchon, avait ensuite expliqué que "toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu'une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu'elle-même". "Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez-le-feu doit s'imposer", avait-t-il ajouté sur la plateforme X. Une prise de position encore appuyée par le député LFI Louis Boyard : "Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine. Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l'État israélien et celle de groupes armés palestiniens". Rejetant l'accusation d'"antisémitisme", le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a seulement reconnu, lundi, sur France 2, des "crimes de guerre" qui "peuvent prendre le qualificatif de terroriste". "Nous ne changerons pas d'un iota notre position qui est celle des partisans de la paix", a assuré, mardi, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, en réponse aux critiques de tous bords contre la réaction des Insoumis. Plusieurs figures de LFI ont toutefois voulu marquer leur différence. Dans une interview à Libération lundi soir, Clémentine Autain, une des "frondeuses" du mouvement, a reconnu que l'on pouvait reprocher à LFI "un manque de clarté" ou "des maladresses".  "Les mots sont importants", a-t-elle expliqué, s'indignant par ailleurs que l'on puisse "laisser entendre ou dire sérieusement que LFI soutient le Hamas". Dès samedi, le député de la Somme, François Ruffin, s'était distingué en exprimant sa "condamnation totale de l'attaque du Hamas". Des propos appuyés par l'élu de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. La Nupes se fissure (encore) Cette controverse sur le Proche-Orient a ouvert un nouveau front dans la crise sans fin que traverse l'alliance des partis de gauche, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Divisée pour les Européennes de juin 2024, elle ambitionne pourtant de présenter un candidat commun à l'élection présidentielle de 2027. Toute prise de position qui, dans l'immédiat, ne condamne pas "avec clarté" le Hamas palestinien "me dégoûte", a ainsi asséné le député socialiste Jérôme Guedj.  Pour lui, le parallélisme établi par LFI entre le mouvement islamiste et la politique israélienne n'est pas acceptable. À tel point que pour ce fervent partisan de la Nupes, "la question" de rester dans l'alliance "se pose" désormais. Le vocabulaire employé par LFI passe mal auprès de ses partenaires. "Que certains à gauche parlent du Hamas comme 'des forces armées palestiennes' me dégoûte. Le Hamas est une organisation terroriste", a répliqué dimanche la députée socialiste Valérie Rabault. Le patron du PS, Olivier Faure, qui a toujours défendu l'union des partis de gauche, a estimé que les déclarations de LFI "laisseront des traces", et exigé des "explications". Première action concrète : le groupe socialiste de la région Île-de-France a annoncé, lundi, "suspendre temporairement (ses) travaux en commun" avec les Insoumis, se disant "choqué par la position nationale du mouvement". Côté communistes, même si Fabien Roussel a bien évoqué une attaque "terroriste", le député du Nord s'est pour une fois gardé de porter des coups aux Insoumis, avec qui il entretient pourtant une relation très difficile. "Se servir de tout ça pour instruire le procès de LFI, ce n'est pas à la hauteur, même si je ne sais pas ce qui leur est passé par la tête", soupire un responsable communiste, reconnaissant qu'il existe "historiquement des similitudes" sur la question palestinienne entre le PCF et LFI. Chez les communistes, la question de l'avenir de la coalition ne semble même plus se poser : on a déjà basculé dans l'après. "La gauche sous hégémonie LFI c'est l'échec assuré. Contrairement à Guedj, on n'a pas attendu ces évènements pour défendre cette option", indique le responsable communiste. Avec AFP

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