Après plusieurs reports, le gouvernement présente son plan contre la pauvreté
Alors que de très nombreux Français fragilisés par l'inflation peinent à se loger, se nourrir ou encore se soigner, le gouvernement a dévoilé lundi un nouveau plan de lutte contre la pauvreté. Il prévoit notamment des petits déjeuners gratuits à l'école ou encore une prime de reprise d'activité. Des mesures qui vont "dans le bon sens", mais qui restent "insuffisantes", selon les associations de lutte contre la précarité, qui réclament une revalorisation des minima sociaux.
Une distribution de produits alimentaires organisée par les "Restos du Cœur" à Marseille, le 26 mars 2021.
Après huit mois de reports successifs, le gouvernement a enfin dévoilé lundi 18 septembre sa nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté, un plan particulièrement attendu dans un contexte de forte inflation.
"Pour se loger, pour sa santé, pour accéder à l'éducation ou à l'emploi, parfois même pour se nourrir, la pauvreté est un défi du quotidien, pour toutes celles et ceux qui y sont confrontés", a commenté la Première ministre, Élisabeth Borne, lors d'un discours de présentation de ce plan à des responsables associatifs.
Ce nouveau programme de lutte contre la pauvreté, qui reprend un certain nombre de mesures du précédent plan sur le sujet, entend "répondre à l'urgence de la situation sociale" actuelle et "corriger les inégalités structurelles", a-t-elle expliqué, en présence de nombreux ministres.
Quatre axes pour un "pacte des solidarités"
Prévention de la pauvreté dès l'enfance, retour à l'emploi, lutte contre l'exclusion et mesures pour que la transition écologique ne pèse pas trop sur les plus démunis : le "pacte des solidarités" se décline en quatre grands axes. De nombreuses mesures ont toutefois été annoncées précédemment.
À noter, le gouvernement prévoit des mesures spécifiques pour les territoires d'Outre-mer, particulièrement touchés par la pauvreté.
Le nouveau plan doit être doté d'une "augmentation de 50 % des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente", a par ailleurs indiqué la Première ministre. Lancé en 2018, le précédent plan avait été doté de 8 milliards d'euros sur quatre ans.
Échaudées par les différents reports d'un plan qui devait initialement être présenté en janvier dernier, les associations se montraient prudentes avant sa présentation, certains acteurs redoutant en effet un catalogue de mesures déjà connues.
"Il faut que le gouvernement montre qu'il prend la mesure de ce qu'il se passe sur le plan de la pauvreté et de la précarité", a déclaré le président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Pascal Brice.
9,2 millions de personnes touchées par la pauvreté
Parmi les mesures déjà annoncées et qui figurent dans le pacte, la création d'un "pass colo" pour les enfants de CM2 et la création de 200 000 places de crèches d'ici à 2030 visent à lutter contre la pauvreté dans l'enfance. Le gouvernement prévoit également à cet effet de poursuivre la distribution de petits déjeuners gratuits dans certaines écoles.
"Notre modèle doit permettre l'ascension sociale et j'ai une conviction : c'est par le travail que l'on s'en sort", a souligné Élisabeth Borne.
Des mesures comme la prime de reprise d'activité visent à favoriser le retour à l'emploi.
Le maintien des 203 000 places d'hébergement d'urgence existantes fait également partie du pacte, tout comme le second plan quinquennal "Logement d'abord", dont l'objectif est d'accompagner vers le logement des personnes sans domicile.
Des mesures qui vont "dans le bon sens", mais jugées "largement insuffisantes" par les associations de lutte contre la précarité, qui réclament notamment une revalorisation des minimas sociaux, une hausse des aides au logement (APL) et la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les secteurs en tension.
Des mesures telles que la poursuite de la distribution de chèques énergie aux plus modestes, ainsi que le renforcement du dispositif MaPrimeRenov' complètent ce plan.
La pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes, soit près de 15 % de la population française selon l'Insee – le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian de la population. Plus d'une personne sur dix rogne sur le chauffage, l'alimentation, divers produits et services.
Dans ce contexte, marqué également par une forte inflation, les demandes affluent auprès des distributeurs d'aide alimentaire, conduisant des associations au bord de la rupture, comme les Restos du Cœur qui ont poussé un cri d'alarme début septembre.
Avec AFP