Plan "anti-émeutes" : l'exécutif annonce plus de fermeté pour lutter contre les violences urbaines
La Première ministre Élisabeth Borne a présenté jeudi un plan de fermeté pour lutter contre les violences urbaines. Parmi les mesures annoncées, la création de "forces d'actions républicaines" composées de policiers, de magistrats et de personnels sociaux, déployées dans certains quartiers. La cheffe du gouvernement français a également évoqué la responsabilité des parents.
Sanctionner les jeunes délinquants et leurs familles. La Première ministre Élisabeth Borne a présenté, jeudi 26 octobre, les mesures "régaliennes" du gouvernement en réponse aux violences urbaines survenues en juin après la mort du jeune Nahel à Nanterre, en présence de nombreux maires réunis à la Sorbonne à Paris.
Pour répondre à cette "crise de l'autorité", un encadrement par des militaires sera envisagé pour les jeunes délinquants et l'amende pour non-respect du couvre-feu sera multipliée par cinq pour être portée à 750 euros, a notamment annoncé la Première ministre. Ceux qui incitent à la violence sur les réseaux sociaux pourront par ailleurs en être bannis temporairement.
Les émeutiers de juin étaient en majorité des hommes, très jeunes, peu diplômés, a-t-elle rappelé devant plusieurs élus réunis dans le prestigieux grand amphithéâtre de l'université parisienne.
Des "forces d'action républicaine"
Pour corriger la "démission" de certains parents devant la "dérive" de leurs enfants, le gouvernement entend légiférer pour proposer des peines de travaux d'intérêt général à ceux "qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs", a déclaré la Première ministre.
"Quand un mineur a causé des dégradations, nous allons nous assurer que les deux parents, qu'ils soient séparés ou non, qu'ils vivent avec leur enfant ou non, soient responsables financièrement des dommages causés", a-t-elle également dit, après avoir rappelé que, parmi les émeutiers, "les jeunes issus de familles monoparentales" en juin étaient "fortement surreprésentés". "Il ne s'agit pas d'ennuyer des parents qui sont dépassés", a précisé Éric Dupond-Moretti.
Pour les maires qui le souhaitent, les polices municipales pourront accomplir des actes de police judiciaire, a par ailleurs annoncé la cheffe du gouvernement. Cet élargissement des champs d'action de la police municipale avait déjà été voté en 2021 mais censuré par le Conseil constitutionnel. "Il faudra des dispositions législatives", a précisé Matignon.
Des "forces d'action républicaine" – policiers, magistrats et personnels sociaux – seront également déployées ensemble dans certains quartiers pour une plus grande efficacité "en matière de sécurité, mais aussi pour des réponses judiciaires, éducatives ou sociales". Les premiers déploiements auront lieu à Besançon, Valence et Maubeuge d'ici à la fin de l'année.
Ce dispositif, promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022, sera piloté sur le terrain "par le maire, le préfet et le procureur de la République", précise Matignon.
Enveloppe de 100 millions d'euros
Une semaine d'émeutes particulièrement violentes avait suivi la mort, le 27 juin, de Nahel, un jeune tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) après un refus d'obtempérer. Les violences s'étaient très rapidement étendues à l'ensemble de la banlieue parisienne et de la France, touchant même certaines petites villes de zones rurales ou périurbaines.
Les forces de l'ordre, massivement déployées, avaient dû faire du "rétablissement de l'ordre" et non du simple "maintien de l'ordre", a estimé jeudi Gérald Darmanin.
Ces émeutes, plus courtes mais ayant dépassé celles de 2005 pour l'étendue des dégâts, avaient choqué le pays. "Il faut s'atteler à reciviliser", avait exhorté pendant l'été le président Emmanuel Macron. Au 1er août, 2 107 personnes impliquées dans ces violences avaient été jugées et 1 989 condamnées, dont 90 % à une peine d'emprisonnement, selon le ministère de la Justice.
Quelque 100 millions d'euros seront débloqués pour la réparation et la reconstruction des bâtiments touchés, a par ailleurs indiqué la Première ministre. Pour nombre d'entre eux, il s'agissait de bâtiments de la République.
Comité interministériel des villes
Après ces annonces, un Comité interministériel des villes, plusieurs fois reporté, se tiendra finalement vendredi à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Il doit apporter des solutions aux problèmes récurrents des quartiers prioritaires, tant sur le plan de l'emploi, du logement que de l'école ou des discriminations.
L'équation selon laquelle ces violences ont été l'apanage des quartiers les plus défavorisés "n'est pas exacte", a rappelé Matignon pour expliquer la différence entre les deux rendez-vous.
La moitié des quartiers prioritaires de la ville (QPV) n'avaient pas été touchés par les dernières violences. À l'inverse, un tiers des communes concernés par ces émeutes n'étaient pas classées QPV, ont expliqué les services de la Première ministre.
Concernant les rapports entre la police et les jeunes, dont les émeutes ont montré qu'ils s'étaient considérablement détériorés, "les travaux se poursuivent au ministère de l'Intérieur", a indiqué Matignon.
Avec AFP