AFFAIRES OUBLIÉES. Meurtres sur le quai : les disparues de la gare de Perpignan
Inoubliable pour les proches des victimes, l'affaire des meurtres de la gare de Perpignan ne fait plus la Une, mais elle a marqué les années 1990 par le mystère qu'elle constitue toujours. Closer revient sur cette affaire inimaginable...
Il y a de ces faits-divers dont on ne parle plus, mais qui nous restent dans un coin de la tête tant ils nous ont fait frissonner. Après l'affaire Valérie Subra, appât d'une série de meurtres féroces au milieu des années 1980, la rédaction de Closer se penche sur une autre affaire ayant défrayé la chronique française : celle qui, de 1995 à 2001, a vu disparaître quatre jeunes innocentes dans le quartier de la gare de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales...
Tout commence au milieu des années 1990. Le 24 septembre 1995, Tatiana Andújar, 17 ans, disparaît à son arrivée à la gare de Perpignan, après un week-end passé à Toulouse. Elle est la première d'une triste liste à subir ce sort. Deux ans plus tard, le 21 décembre 1997, Mokhtaria Chaïb, 19 ans, disparaît à son tour dans la nature. Vient ensuite le tour de Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, le 16 juin 1998, puis celui de Fatima Idrahou, 23 ans, plusieurs années plus tard, le 9 février 2001. Si les enquêteurs n'imaginent pas que ces affaires puissent être liées les unes aux autres de par leur éloignement dans le temps, plusieurs éléments les mettent sur la piste d'un serial killer. Outre la première victime d'enlèvement, Tatiana Andújar, toutes les disparues sont découvertes dénudées. Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez sont retrouvées les organes génitaux mutilés. Pire encore, la tête et les mains de Marie-Hélène Gonzalez restent introuvables durant plusieurs mois, avant d'être découverts dans des sacs poubelle.
Deux tueurs à la gare de Perpignan
En février 2001, Perpignan attire les regards du pays tout entier, bouleversé par ce qui semble être les actes d'un serial killer. Il n'en est pourtant rien. Un témoignage permet d'abord l'arrestation de Marc Delpech, manager d'un bar perpignanais. Ce dernier avoue l'enlèvement, le viol et le meurtre de Fatima Idrahou, qu'il avait rencontrée dans un magasin où elle était caissière et à qui il avait fait des avances non retournées. L'homme est condamné à 30 ans de réclusion criminelle dont vingt ans de peine de sureté. Les meurtres de Tatiana Andújar, Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez restent toutefois non-élucidés...
Il faut attendre 2014, soit dix ans plus tard, pour que l'enquête prenne un nouveau tournant. Mi-octobre, l'avancée technologique et les progrès de la génétique permettent aux enquêteurs d'établir un lien entre l'ADN retrouvé sur le corps de Mokhtaria Chaïb et Jacques Rançon, un cinquantenaire arrivé à Perpignan en 1997, année de la disparition de la jeune femme. L'homme, déjà condamné pour violences et agressions sexuelles par le passé, avoue l'assassinat de Chaïb. Il garde néanmoins le silence concernant les autres disparues, jusqu'au 9 juin 2015, où il s'attribue également le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez. A la stupéfaction générale, il avoue par ailleurs avoir violé et tué Isabelle Mesnage, 20 ans, en 1986. En juillet de cette année-là, la jeune femme avait été retrouvée morte près d'un chemin de randonnée à Cachy, dans la Somme.
Tatiana Andújar, le mystère irrésolu
Pour ces crimes, Jacques Rançon est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, dont une peine de sûreté de vingt ans. Mais si l'affaire semble close, un mystère plane toujours autour de la gare perpignanaise. L'enlèvement de Tatiana Andújar, la première victime disparue en 1995, n'a jamais trouvé sa résolution. A ce jour, le corps de la jeune femme reste introuvable et les enquêteurs ne savent plus quelle piste suivre. Jacques Rançon, incarcéré en Picardie à l'époque de la disparition, n'a pu commettre ce troisième crime. Tatiana aurait donc croisé la route d'un autre criminel... un troisième criminel ? Vingt-cinq ans après, sa mère Marie-José Andujar garde espoir de connaître un jour la vérité sur sa fille. "Mourir sans savoir n'est pas concevable. Alors Tatiana reste ma priorité", confiait-elle au Parisien en 2019. "Parce que quelqu'un quelque part sait."
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