news-details
Arts et People

AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire des sœurs Papin, double meurtre et "bouillie sanglante"

Inoubliable pour la famille des victimes, l'affaire des sœurs Christine et Léa Papin ne fait plus la Une, mais elle a marqué les années 1930 par son caractère inexplicable et son incroyable sauvagerie. Closer revient sur cette affaire hors norme. La France des années 1930 fut marquée par de nombreux faits-divers bouleversants, lesquels ont souvent suscité la polémique dans les médias, mais aussi sur les bancs des tribunaux. L'année 1933, notamment, vit "le monstre en jupons" Violette Nozière condamnée à mort pour le meurtre de son père. Et au même moment, deux autres jeunes femmes affrontaient la justice pour un double crime inqualifiable. Christine et Léa Papin, surnommées les sœurs Papin, sont passées à l'acte le 2 février 1933, au Mans. Sans aucune raison apparente, les deux employées de maison se jettent sur leurs patronnes, Léonie Lancelin et sa fille Geneviève. Elles les assassinent à coups de couteau et de marteau, leurs arrachent les yeux et leurs tailladent le corps, ne laissant derrière elle que ce que le docteur Chartier, médecin légiste, qualifiera de "bouillie sanglante". Rien ne laissait pourtant supposer une telle cruauté. Nées en 1905 et 1911, Christine et Léa Papin se sont toujours illustrées en domestiques modèles, ne demandant jamais un seul jour de congé. Malgré une enfance difficile, marquée notamment par le viol de leur sœur aînée, Emilia, par leur père Gustave Papin, les deux jeunes femmes font leur bout de chemin et gagnent la confiance de tous leurs employeurs. Bien payées, elles économisent jusqu'à 22 200 francs en sept ans, ce qui leur assure une vie confortable pour l'époque. Elles développent même avec leur patronne, Léonie Lancelin, une relation de profonde confiance. En 1929, cette dernière avait en effet pris la défense des sœurs Papin auprès de leur mère, Clémence Derré, pour que celles-ci puissent garder leurs gages dans leur intégralité. Depuis, Christine et Léa appelaient Madame Lancelin "Maman". Le "doublet-redoublé" des sœurs Papin, une "bouillie sanglante" Pourtant, tout bascule le 2 février 1933. Dans l'après-midi, les deux sœurs profitent de l'absence de leurs patronnes pour repasser le linge et faire le ménage. Le fer à repasser tombe en panne et provoque une coupure d'électricité, qui plonge la maison dans l'obscurité. À son retour, Léonie Lancelin s'énerve sur Christine Papin, qu'elle juge responsable de la coupure de courant. S'ensuit alors une scène d'une abominable cruauté. Piquée au vif, Christine Papin se jette sur ses patronnes, qu'elle frappe violemment. À main nue, elle arrache un œil à Geneviève Lancelin et ordonne à sa sœur de faire de même. Léa arrache les deux yeux de Léonie avec ses doigts. Elle part ensuite à la recherche d'un couteau et d'un marteau, avec lesquels les sœurs Papin terminent leur besogne. Elles partent ensuite se coucher dans le lit de Christine, et s'endorment jusqu'à l'arrivée de René Lancelin, leur patron, accompagné du commissaire Dupuy. Le crime des sœurs Papin fait aussitôt la Une. Mais alors que beaucoup s'indignent du "doublet-redoublé" commis par les domestiques, d'autres transforment Christine et Léa en icônes martyres de la lutte des classes. Le philosophe Jean-Paul Sartre va jusqu'à les qualifier d'héroïnes, qui s'en seraient pris à la bourgeoisie par vengeance contre une société archaïque et injuste. Dans le même temps, la proximité des deux sœurs donne lieu à des rumeurs d'homosexualité et d'inceste. Mais les sœurs Papin, elles, ne confirment rien de tout cela. Lors de leur procès, Christine et Léa soulignent n'avoir jamais rien eu à reprocher à leur patronne (sinon un incident mineur survenu 5 ans plus tôt, durant lequel Madame Lancelin aurait pincé Christine Papin pour la punir). Le 29 septembre 1933, Christine Papin est condamnée à la peine de mort pour double meurtre. La benjamine, Léa Papin, écope de dix ans de travaux forcés et vingt ans d'interdiction de séjour. La première sera finalement graciée en 1934 et verra sa peine commuée aux travaux forcés à perpétuité. Elle mourra toutefois de cachexie vésanique trois ans plus tard. Sa sœur, elle, sera libérée en 1943 et vivra jusqu'à l'âge de 89 ans, solitaire. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

You can share this post!