AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Cécile Bloch, l'infanticide qui lança la folie meurtrière du "Grêlé"
Retrouvée morte le 5 mai 1986 au troisième sous-sol de son immeuble, Cécile Bloch, 11 ans, est la première victime du "Grêlé". Retour sur l'acte abominable ayant hanté la Crim' pendant plus de trente-cinq ans.
C'était l'un des plus vieux cold-cases de France. Dans la soirée du jeudi 30 septembre 2021, le parquet de Paris a annoncé avoir officiellement retrouvé "le Grêlé", un tueur en série ayant commis au moins cinq crimes entre 1986 et 1994. De son vrai nom François Verove,"l'homme au visage grêlé" a été retrouvé mort le 29 septembre au Grau-du-Roi, dans le Gard. Sentant l'étau se resserrer sur lui, ce "gendarme devenu policier" de 59 ans avait mis fin à ses jours après avoir rédigé une lettre d'aveux. Après un test ADN comparatif avec les séquences retrouvées sur plusieurs scènes de crimes attribués au Grêlé, la police a établi une correspondance et annoncé avoir indubitablement découvert l'identité du tueur en série.
C'est notamment au Grêlé que sont imputés les meurtres de Karine Leroy, 19 ans, Irmgard Müller, 20 ans et Gilles Politi, 38 ans, mais aussi de Cécile Bloch, 11 ans. Retrouvée morte le 5 mai 1986 au troisième sous-sol de son immeuble du XIXe arrondissement de Paris, la petite Cécile est la première victime connue de François Verove. Particulièrement monstrueux, ce crime a marqué le début d'une traque de plus de 35 ans pour la Crim'.
Une scène d'horreur
Tout commence le 5 mai 1986. Aux alentours de midi, Suzanne Bloch téléphone à sa fille, Cécile Bloch, pour s'assurer que celle-ci est bien rentrée déjeuner au domicile familial. Restant sans réponse, elle contacte l'établissement scolaire de Cécile. C'est alors qu'elle apprend la nouvelle qui va tout faire basculer : Cécile ne s'est jamais présentée au collège ce jour-là. Aussitôt prévenu, Jean-Pierre, le père de l'enfant, rejoint sa femme à la cité Fontainebleau. Des recherches sont lancées par le gardien de l'immeuble, qui découvre, peu avant 15 heures, le corps sans vie de la petite fille. C'est une scène d'horreur qu'observent, à leur arrivée, la brigade criminelle du 36, quai des Orfèvres. Dissimulée sous un morceau de moquette, Cécile présente "deux traces de strangulation" sur le cou, une "plaie abdominale à l'arme blanche" au niveau du cœur, des "excoriations des genoux et de la figure", des "griffures d'ongles et des bleus" et "des ecchymoses vulvaires" témoignant de violences sexuelles.
L'enquête lancée, l'inspecteur Jean-Marie Zahra s'adresse à la famille de Cécile, ainsi qu'au voisinage. Il interroge notamment le demi-frère de la jeune victime, Luc Richard-Bloch, 24 ans, qui lui fait une confidence surprenante : le matin-même, il a croisé dans l'ascenseur un étranger à l'attitude suspecte. "À 8 h 20, j'ai attendu l'ascenseur dans le noir car la lumière du palier du troisième étage ne marchait pas", témoigne le jeune homme. "Quand la porte du monte-charge s'ouvre, il y a un homme à l'intérieur qui a déjà appuyé sur le bouton du -2 car le voyant rouge est allumé. (...) J'ai pu l'observer le temps de descendre : il a entre 25 et 30 ans, a des cheveux châtains courts avec une mèche sur le front. Il a une peau irrégulière avec des marques d'acné ou de variole. (...) Son comportement m'a étonné parce qu'il a été trop poli, obséquieux même."
Trente-cinq ans de mystère
Ce témoignage est le premier à incriminer le Grêlé. Il sera appuyé par celui de six autres voisins, qui affirmeront avoir croisé "l'homme au visage grêlé" dans le monte-charge entre 7 h 55 et 8 h 45. Il sera conclu plus tard que l'homme avait saboté l'ascenseur pour attirer la petite Cécile dans ses filets. Malheureusement, ni ces témoignages ni la diffusion du portrait-robot de l'assaillant ne permettent de retrouver sa trace. Quelques mois plus tard, un suspect affirme être à l'origine du meurtre de Cécile, mais son groupe sanguin le met hors de cause. Finalement, la police cherchera 35 ans l'identité du Grêlé, jusqu'à ce que le tueur en série, auquel furent imputés une dizaine de meurtres et de viols, ne finisse lui-même par passer aux aveux. Les parents de la petite Cécile Bloch, Suzanne et Jean-Pierre, sont respectivement décédés en 1989 et 2011.
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