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Affaire Sarah Halimi : le meurtre antisémite de 2017 ne sera jamais jugé

Les couloirs du palais de justice de Paris, le 19 janvier 2021. La Cour de cassation a confirmé mercredi l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une sexagénaire juive tuée en 2017 à Paris. Kobili Traoré, 27 ans au moment des faits, ne sera donc pas jugé. Le caractère antisémite du crime n'est pas remis en question. Il n'y aura pas de procès dans l'affaire Sarah Halimi. Cette sexagénaire juive était morte en 2017 après avoir été rouée de coup puis jetée de son balcon à Paris. La Cour de cassation, tout en entérinant le caractère antisémite du crime, a confirmé mercredi 14 avril l'irresponsabilité pénale du meurtrier, pris d'une "bouffée délirante" lors des faits. Cette décision, qui ne remet pas en cause son hospitalisation psychiatrique ordonnée par la justice, a suscité déception et colère de représentants de la communauté juive. "C'est un drame supplémentaire qui s'ajoute à cette tragédie", a déploré la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). "Désormais, on peut, dans notre pays, torturer et tuer des juifs en toute impunité", a vivement réagi le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat. L'une des avocats de la famille Halimi, Me Muriel Ouaknine-Melki, a annoncé vouloir porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Pour la défense au contraire, la Cour a maintenu sa jurisprudence "malgré la pression politique ou médiatique" : "On peut comprendre la frustration des victimes en l'absence de procès mais, en l'état actuel, notre droit refuse le jugement des actes de ceux dont le consentement a été aboli", s'est félicité Me Patrice Spinosi. En proie à une "bouffée délirante" L'affaire, qui suscite la controverse depuis quatre ans en France et en Israël, notamment sur l'antisémitisme qui imprégnerait certains quartiers populaires, remonte au 4 avril 2017. Cette nuit-là, Kobili Traoré, 27 ans, fait irruption chez sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, également appelée Sarah Halimi. Aux cris de "Allah Akbar", il la roue de coups en récitant des versets du Coran, avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville, dans l'est de Paris. Le jeune homme, fort consommateur de cannabis depuis l'adolescence, est arrêté et immédiatement hospitalisé. D'un côté, la polémique s'enflamme et un bras de fer s'engage entre le parquet de Paris et la juge d'instruction sur le caractère antisémite du geste, finalement retenu par la magistrate en 2018. De l'autre, sept experts examinent successivement Kobili Traoré : à l'unanimité, ils concluent que le jeune homme était en proie à une "bouffée délirante". La charge revenait alors à la justice de décider si son discernement était alors "altéré", ouvrant la voie à un procès, ou bien "aboli", synonyme d'abandon des poursuites. Après un débat public, la cour d'appel de Paris, le 19 décembre 2019, avait déclaré Kobili Traoré irresponsable pénalement, et ordonné son hospitalisation assortie de mesures de sûreté pour 20 ans. "Le besoin de procès est là" Cette décision avait fait scandale, suscitant de vives réactions politiques à droite comme à gauche. Une initiative sénatoriale était lancée pour changer la loi sur la responsabilité pénale, et la ministre de la Justice lançait une mission d'experts. "Le besoin de procès est là", avait commenté le président Emmanuel Macron depuis Jérusalem, récoltant une rare mise au point des deux plus hauts magistrats français sur l'indépendance de la justice. Sur la caractère antisémite, la Cour de cassation a validé les décisions antérieures, fondées sur les conclusions du docteur Daniel Zagury : selon le médecin-expert, Kobili Traoré avait été pris d'un "délire persécutif polymorphe, à thématique mystique", lors duquel "le simple préjugé" antisémite s'est transformé "en conviction absolue". Avec AFP

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