AFFAIRE OUBLIÉES. L'affaire Jean-Claude Romand, le faux médecin mythomane et familicide
Inoubliable pour les proches des victimes, l'affaire Jean-Claude Romand ne fait plus la Une mais a défrayé la chronique au début des années 1990. Closer revient sur cette affaire hors norme.
Médecin reconnu, mari adoré, père respecté, Jean-Claude Romand avait tout d'une vie parfaite. Et pourtant... Le 9 janvier 1993, l'homme de 41 ans est conduit dans un hôpital de Genève suite à l'incendie de sa maison de Prévessin-Moëns (Ain), dans lequel les pompiers découvrent sa femme, Florence Romand, et ses enfants, Caroline, âgée de sept ans, et Antoine, cinq ans. À première vue, tout indique la famille a succombé dans un grave accident. Mais l'enquête prend une toute autre tournure. Dans la voiture de location du père de famille, un médecin respecté de l'est de la France, les gendarmes font la découverte d'une note inquiétante, rédigée par Jean-Claude Romand lui-même : "Un banal accident et une injustice peuvent provoquer la folie. Pardon".
Par ces mots, l'homme admet les meurtres de ses proches, d'autant que des traces d'essence sont retrouvées sur les corps de ces derniers. Il raconte avoir assassiné sa femme à coup de rouleau à pâtisserie, abattu ses enfants à la carabine puis assassiné, le même jour, ses parents dans leur maison de Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura. Il révèle également avoir tenté de se débarrasser de son ancienne maîtresse, Chantal Delalande, sans succès.
Dix-huit années de mensonges
S'ensuit alors une série de révélations bouleversantes. En interrogeant le meurtrier présumé et remontant le fil des années passées, les enquêteurs comprennent que rien, dans la vie de Jean-Claude Romand, n'était ce qu'il paraissait. Connu de tous en tant que médecin et chercheur à l'INSERM puis à l'Organisation mondiale de la santé, Jean-Claude Romand se révèle n'avoir jamais obtenu le moindre diplôme de médecine. Bien qu'il ait effectivement suivi des études à la faculté de Lyon, l'homme n'a jamais dépassé le stade de la deuxième année. Il s'y est pourtant réinscrit douze fois entre 1975 à 1986, sans jamais parvenir à obtenir le diplôme. Pour faire croire à ses mensonges, celui-ci s'informait dans des ouvrages spécialisés, parvenant même à s'attirer l'admiration et le respect de véritables médecins, avec qui il était ami.
Ainsi, pendant 18 ans, Jean-Claude Romand a menti à son entourage, y compris à sa femme et ses parents, prétendant passer ses journées en consultation et en conférence alors qu'il tuait le temps sur des parkings d'autoroute, près du lac Léman. Il entretenait sa famille à l'aide de sommes escroquées à ses proches, prétextant vouloir faire des placements en Suisse. Au moment du quintuple meurtre, la famille de Jean-Claude Romand se rapprochait peu à peu de la vérité. Sa femme se plaignait notamment de ne pas pouvoir le contacter dans son bureau de l'OMS, et l'un de ses amis avait compris que celui-ci n'y travaillait pas. Lors de son procès, en juin 1996, Jean-Claude Romand déclarera : "Si j'ai tué mon épouse, c'est par rapport à la douleur intolérable qu'elle allait vivre en comprenant mes mensonges." Il souligne sa "crainte de décevoir sa famille", et justifie ses mensonges par la "peur de l'échec" et l'"injustice" des diplômes.
Daniel Auteuil en Jean-Claude Romand
Le 2 juillet 1996, Jean-Claude Romand est condamné à a réclusion criminelle à perpétuité assorti d'une période de sûreté de vingt-deux ans. Il est libéré en janvier 2015, non sans avoir marqué la France par ses mensonges titanesques. En 2000, son histoire a inspiré à l'écrivain Emmanuel Carrère le livre L'Adversaire, adapté en film en 2002 avec Daniel Auteuil dans le rôle de Romand, rebaptisé Jean-Marc Faure à l'écran.
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