Affaire Frédéric Mellet : le "Jubillar de l'Yonne" clame son innocence, "On se bouffait la gueule mais on avait nos limites"
Depuis le 2 juillet 2020, Chantal Mellet n'a plus donné de signe de vie. Selon les enquêteurs, son mari, Frédéric Mellet, est le principal suspect et a été mis en examen pour mettre sur conjoint le 20 mai 2022. Seulement, il ne cesse de crier son innocence. Retour sur une affaire qui ressemble étrangement à la disparition de Delphine Jubillar.
Où est passée Chantal Mellet ? C'est la question qui reste sans réponse depuis le 2 juillet 2020. Ce matin-là, la mère de quatre enfants a disparu de la ferme familiale située à Joigny et n'a plus donné de signe de vie. Rapidement, comme le rapportent nos confrères du Parisien, dimanche 28 août 2022, son mari, Frédéric Mellet, est considéré comme le principal suspect. Seulement, l'éléveur de chèvres ne cesse de clamer son innocence. Lors de sa garde à vue en mai 2022, il a dû, une nouvelle fois, rappelé ce qu'il faisait le jour où sa femme a disparu. Seulement, il ne s'est pas montré très coopératif devant les enquêteurs. "Vous croyez que 22 mois après je me souviens de ce que je faisais ou si j'étais aux chiottes", a-t-il pu lâcher. Mais c'est pourtant un instant précis qui intéressent les gendarmes. Ils cherchent à savoir ce que faisait l'homme de 54 ans entre 8h30 et 11 heures le 2 juillet 2020. C'est durant cette matinée que la mère de famille a disparu.
Si la disparition inquiétante a dans un premier temps été évoquée, les enquêteurs ont aujourd'hui peu d'espoir de retrouver Chantal Mellet en vie. Et face aux nombreuses "contradictions, éléments passés sous silence et contre-vérités" de son mari, il a été mis en examen le 20 mai 2022 pour meurtre sur conjoint. Depuis, l'éléveur de chèvres dort en prison. Tout comme la disparition de Delphine Jubillar, dans cette affaire, il n'y a ni cadavre, ni preuves scientifiques, ni aveux. Seulement, Chantal Mellet avait un amant et était sur le point de quitter son mari pour refaire sa vie. Frédéric Mellet a raconté que c'est la quatrième fois depuis leur mariage en 1999, que sa femme le trompe. "J'avais quatre fois le motif valable pour divorcer pour adultère, mais je ne l'ai jamais fait. Cela s'appelle de l'amour", a-t-il déclaré lors de sa garde à vue.
Frédéric Mellet a été trompé à quatre reprises par Chantal Mellet
Cette fois-ci, l'aventure de sa femme semblait être plus sérieuse puisqu'elle envisageait de tout lâcher pour cet homme. "Un soir que je n'étais pas là, elle avait déjà préparé ses cartons. Là, je suis resté calme, comme d'habitude. Je lui ai dit : là il va falloir vendre la maison, demander le divorce (...). J'avais entendu dire que son amant voulait venir travailler aux chèvres et partager le bénéfice avec moi...", a-t-il encore expliqué. Si cette hypothèse n'était pas envisageable pour Frédéric Mellet, pour les enquêteurs, elle devient un mobile crédible. Le couple aurait ainsi pu avoir eu une discussion très houleuse qui aurait pu dégénérer.
Là encore, le père de famille nie en bloc. "Je ne l'ai pas tué, je ne l'ai pas bousculé (...) Il n'y a pas eu d'accident, il n'y a pas eu de conflit." Selon lui, son épouse n'est pas morte. Elle a fait une fugue. Pourtant, nos confrères du Parisien assurent que le comportement de Frédéric Mellet intrigue les enquêteurs. Le jour de la disparition de sa femme, il aurait assuré à sa dernière fille, aujourd'hui âgée de 21 ans, que sa mère "ne reviendrait plus".
Frédéric Mellet : "je n'ai pas fait de mal à mon épouse"
Comme dans l'affaire Jubillar, le portable de Frédéric Mellet a lui aussi été analysé. Selon l'expertise téléphonique, l'appareil du suspect n'était "plus localisable de 6h28 à 10h20 (...) au moment de la dispartion". Devant cette information, le père de famille s'est montré vulgaire. "Aujourd'hui, il faut se mettre le téléphone dans le cul pour ne pas être emmerdé. Ma réponse est la même que je vous ai faite depuis le début : je n'ai pas fait de mal à mon épouse. On se bouffait la gueule, mais on avait des limites", a-t-il lancé, toujours lors de sa garde à vue.
Du côté de sa défense, là encore on retrouve les mêmes lignes mises en avant par les avocats de Cédric Jubillar, le principal suspect dans la disparition de sa femme. Les hommes de loi assurent que les enquêteurs ont mis leur client en examen alors que les preuves n'étaient pas suffisantes. "L'attitude de la justice a été scandaleurse dans cette affaire et l'enquête a été bâclée. On l'incrimine dans la disparition de son épouse alors qu'il ne cesse de clamer son innocence et qu'il a dès le début collaboré avec la justice et continuera de le faire pour obtenir la vérité. C'est en procédant de cette manière que la justice commet ses plus grandes erreurs", ont ainsi lancé Me Yasmina Belmokhtar et Franck Berton.
Frédéric Mellet est soutenu par ses quatre filles
Le père de famille peut compter sur le soutien de ses filles. L'aînée s'est d'ailleurs constituée partie civile. "Elle considère que les charges reprochées à son père ne sont pas solides et le temps passé par son père en prison est insupportable pour elle", a déclaré Me Florian Lastelle, sont avocat. Malgré tout, c'est le témoignage de la dernière fille, qui a semé le doute dans la tête des enquêteurs concernant la culpabilité de son père. En effet, comme elle était sur les lieux au moment de la disparition de sa mère, elle a été entendue à de nombreuses reprises. Lors de ses différentes auditions, la jeune fille a changé de version des faits.
Elle avait dans un premier temps assuré s'être réveillée et levée entre 10 heures et 10h30 avant d'assurer qu'il était plutôt aux alentours de 9 heures. Lorsqu'elle s'est levée, elle a expliqué qu'il n'y avait personne chez elle. "Je suis allée voir au laboratoire et le camion de mon père n'était pas là...", a-t-elle lancé. Une déclaration qui laisse supposer que Frédéric Mellet était bien absent de son domicile dès 9 heures et qu'il n'y avait plus non plus, à ce moment-là son épouse chez lui.
Frédéric Mellet et Cédric Jubillar restent présumés innocent des faits qui leur sont reprochés jusqu'à preuve du contraire.