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AeroScope : le détecteur de drones civils que l'Ukraine accuse de mettre ses pilotes en danger

En Ukraine, le gouvernement essaie d’obtenir le blocage d’un système chinois de localisation de drones civils. Le vice-Premier ministre ukrainien affirme que l’armée russe détourne cette technologie, baptisée AeroScope, pour viser pilotes de drones et civils avec ses missiles. Imaginez un appareil proche d'un radar, dédié aux drones, qui tient dans une valise rigide. On l’ouvre, on fixe deux antennes de part et d’autre de l’écran central, et en quelques secondes, on obtient la localisation, l’altitude, la direction et la vitesse de tous les drones du n°1 mondial chinois, DJI, qui volent dans un rayon de 5 à 50 km, selon les versions. Tous ces drones sont identifiés, et ceux qui les pilotent aussi, avec une précision absolue. Ces points sur la carte deviennent donc, en temps de guerre, des cibles, d’où la demande du vice-Premier ministre ukrainien de désactiver tous les produits DJI vendus hors d’Ukraine et notamment en Russie. Mykhailo Fedorov l’écrit dans sa lettre à Frank Wang, le fondateur de DJI : l’armée russe utilise vos produits en Ukraine "pour guider ses missiles et tuer des civils". Plusieurs centaines d'AeroScope en Ukraine Ce produit, c’est donc AéroScope : un détecteur de drones mis au point, en temps de paix, pour sécuriser les zones sensibles que sont les aéroports, les prisons ou encore les centrales nucléaires, et empêcher les survols sauvages. En clair, pour éviter les coups d’éclat d’activistes ou de terroristes, et les accidents involontaires. Selon une source très bien informée, les Russes utilisent effectivement AeroScope en Ukraine, mais les Ukrainiens en disposent aussi. Plus surprenant : le nombre d’unités de cette technologie présentes en Ukraine : plusieurs centaines. C’est donc d’une véritable traque aux drones et aux pilotes de drones dont il s’agit, dans ce pays 10% plus grand que la France. Pourquoi ? Parce que ces petits drones civils très discrets, qui sont équipées d’une caméra, permettent de localiser les chars, les blindés et de suivre leurs déplacements. Le blocage des produits DJI utilisés par l’armée russe – qui dispose néanmoins de bien d'autres moyens d'observation que ces petits drones civils – deviendrait donc un avantage stratégique important pour les Ukrainiens. La demande ukrainienne a néanmoins peu de chances d’aboutir, pour plusieurs raisons. D’abord, officiellement, AeroScope a été conçu pour ne pas pouvoir être désactivé. Sauf exception, les unités ne sont connectées à rien, ni au réseau mobile ni à Internet. DJI n’aurait donc aucun moyen de les éteindre à distance. Bloquer les seuls drones et systèmes DJI utilisés par les Russes ? Impossible à nouveau : le fabricant pourrait, dans l’absolu, diffuser une mise à jour logicielle qui empêche ses drones de fonctionner, mais celle-ci clouerait au sol tous les drones de la marque dans le monde entier, et donc notamment les drones utilisés par les Ukrainiens. Reste une solution : que DJI crée une zone d’exclusion aérienne, au-dessus de toute l’Ukraine, pour ses appareils. Comme ce fut le cas en Syrie et en Irak en 2016, après l’utilisation de drones par l’État islamique comme engins explosifs. C’est possible technologiquement comme DJI l'a expliqué sur Twitter, en réponse à la lettre du gouvernement ukrainien. Mais les drones ukrainiens ne pourraient plus voler non plus. Pour l’instant, selon nos informations, DJI n’a reçu aucune nouvelle demande officielle de la part du gouvernement ukrainien.

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