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VIDEO. Financement de fake news : "C'est le prix à payer", juge le fondateur de la plateforme Tipeee, qui a contribué à produire le film "Hold-up"

Financement de fake news : "C'est le prix à payer", juge le fondateur de la plateforme Tipeee, qui a contribué à produire le film "Hold-up" Après le succès de "Hold-up", ce film qui dénonce "un complot mondial" autour de la pandémie de Covid-19, l'ancien journaliste Pierre Barnérias prépare un nouvel opus. Il prévoit de le produire comme le premier, qui avait récolté près de 300 000 euros de dons sur des plateformes de financement participatif. Comment ces plateformes jugent-elles leur rôle dans la diffusion de fausses informations ? Extrait de "Complément d'enquête" sur cette "machine à fric" que sont les "fake news". Pour son film controversé Hold-up, qui prétend que la crise du Covid-19est un "complot mondial" manigancé par "les gouvernants", Pierre Barnérias avait réuni près de 300 000 euros de dons en quelques mois. Un record. Les contributeurs qui ont choisi de soutenir Hold-up ont, pour la plupart, fait un don sur des plateformes de financement participatif, des sites internet qui permettent à tout citoyen de participer à des projets par le biais de cagnottes. La plateforme, elle, touche une commission sur ceux qui aboutissent.   Comment réagit-on chez celles qui ont largement contribué au financement de Hold-up ? Le film a été épinglé pour ses nombreuses "fake news" (qui vont de l'inutilité des masques à la fabrication du virus par l'Institut Pasteur) par la plupart des médias et des organisations de vérification de l'information... Chez l'un des leaders du secteur, Ulule, on regrette d'y avoir contribué, mais ce n'est pas le cas chez son concurrent Tipeee. Les journalistes de "Complément d'enquête" ont rencontré ses gérants, Michaël Goldman et Jonas Mary. Comment justifient-ils leur choix d'avoir laissé en ligne une cagnotte pour financer un film qualifié de "complotiste" ? Le projet a très vite fait polémique. Un soir, se remémore Michaël Goldman, il reçoit "20 textos, 30 coups de fil, dont le ministère" qui l'alertent au sujet de Hold-up. "Toutes les plateformes ont viré Hold-up (…) Nous, on n'avait aucune idée de ce que le film contenait, poursuit-il. C'est Jonas qui s'est dévoué pour le regarder, et la question qui s'est posée, c'est 'Est-ce que c'est juridiquement attaquable ou pas ?'" La réponse de Jonas Mary est négative. "Ok, se disent les deux gérants, on va passer des semaines vraiment pourries, mais on va le garder." En quelques jours à peine, les compteurs de Tprod, la société de production de Hold-Up, s'affolent : plus de 158 000 euros de dons sont versés par plus de 8 000 fans. Du jamais vu chez Tipeee. Grâce à Hold-up, la plateforme a gagné près de 10 000 euros de commission. Via Tipeee, des dons réguliers à des "créateurs de contenus" douteux La plateforme n'offre pas seulement la possibilité de créer une cagnotte en ligne, elle permet aussi aux particuliers de verser des dons réguliers à des créateurs de contenus. Et visiblement, chez Tipeee, on se montre très tolérant sur les propos qu'ils tiennent sur internet... L’un des utilisateurs de la plateforme est convaincu qu'un réseau pédophile sataniste dirige le monde ; un autre compare le passeport sanitaire à un crime contre l'humanité, quand un troisième incite sa communauté à se rebeller contre "une élite criminelle" et dénonce ce qu'il appelle "la mafia juive"... "Si vous me demandez mon avis, est-ce que je suis content, moi, Michaël Goldman, d'avoir un antisémite sur mon site, réagit le fondateur de Tipee, qu'est-ce que vous voulez que je vous apporte comme réponse ? Ça tombe sous le sens !" Pourquoi, alors, accepter de relayer leurs propos ? Tipeee ne poserait-elle aucune limite à la liberté d'expression ?  "Mon rôle, affirme Jonas Mary, c'est d'accompagner toutes les paroles pour qu'elles aient les moyens de débattre entre elles." Michaël Goldman va plus loin : "J'assume tout ce qu'il y a sur ce site, du plus antisémite au moins antisémite, et du plus complotiste au moins complotiste, parce que tant que ces gens-là n'ont pas été condamnés par la justice pour ce qu'ils disent, je ne vois aucune raison valable et morale de les enlever du site, et je leur dis même que nous, on fera en sorte de les défendre sur le site." Extrait de "Fake news, la machine à fric", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 2 septembre 2021. > Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

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