VIDEO. Entraînement en vue d'une guerre civile, esprit de groupe... "Le survivalisme est très à la mode dans l'extrême droite française"
Entraînement en vue d'une guerre civile, esprit de groupe... "Le survivalisme est très à la mode dans l'extrême droite française"
Construire un abri, s'entraîner aux sports de combat… ces stages survivalistes dont les images ont envahi la Toile, une certaine extrême droite en a fait son terrain de jeu. "Complément d'enquête" a interrogé des spécialistes de la mouvance et contacté un Français qui propose des formations au tir en Pologne... Extrait d'un reportage sur l'ultradroite en France, diffusé le 29 avril 2021.
Survivre dans la nature, construire un abri, pratiquer des sports de combat… la Toile regorge de vidéos de stages survivalistes. Ils sont parfois le terrain de jeu d'une certaine extrême droite. Et surtout son terrain d'entraînement à une guerre civile raciale annoncée... "Complément d'enquête" sur cette facette de l'ultradroite en France.
Suprémacisme blanc
Le survivalisme est très à la mode dans la mouvance française, confirme le spécialiste Nicolas Lebourg, car il présente des avantages multiples. Il "permet de s'entraîner légalement, explique-t-il, mais aussi de constituer un fort esprit de groupe" dans la préparation au "RaHoWa" (pour "Racial Holy War") – la "guerre sainte raciale" théorisée par les suprémacistes blancs américains dans les années 1970-80, complète le journaliste spécialiste de l'ultradroite Maxime Macé.
Des armes pour le RaHoWa, la "guerre sainte raciale"
De ce côté-ci de l'Atlantique, c'est contre l'immigration que les suprémacistes prétendent porter le combat. Comme le Suisse Piero San Giorgio, figure de la fachosphère (et proche d'Alain Soral, condamné pour antisémitisme). "En 2016, il disait (dans une émission sur YouTube) qu'être européen, c'était être un Waffen-SS, un lansquenet, un conquistador", rappelle Maxime Macé. Lors de l'effondrement prophétisé, il faudra lutter pour la suprématie de l'Europe, et les armes sont le nerf de cette guerre.
Formations au tir dynamique en Pologne
Sur le Web, on retrouve le Suisse en 2017 en "guest star" d'un stage de tir de combat. Son organisateur, le Français Grégory Leroy, est un nationaliste revendiqué. Il s'est installé en Pologne, car les formations au tir dynamique qu'il facture entre 400 et 700 euros sont strictement interdites en France. Il a accepté de répondre aux questions de "Complément d'enquête". Selon lui, sa clientèle se composerait à 90% de Français désireux d'apprendre à se défendre contre les délinquants...
Références à l'attentat du Bataclan
La page Facebook de sa société affiche pourtant des appels explicites à la défense des Blancs, en réaction notamment à l'attentat du Bataclan. "On a eu une contre-propagande 'Je suis Charlie on allume les bougies', et moi, c'était un certain plaisir de dérouler une propagande totalement inversée", se justifie-t-il face au journaliste de "Complément d'enquête", c'est-à-dire : 'On nous tue ? Eh bien tuez-les avant qu'ils vous tuent'." Très détendu, Grégory Leroy plaide la provocation, mais en France, ces propos qui sonnent comme une incitation au meurtre pourraient tomber sous le coup de la loi.
Extrait de "France : l’ultradroite passe aux actes", un reportage diffusé dans "Complément d'enquête" le 29 avril 2021.
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