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Sports

Valentin Bertrand, un homme en bronze avant le grand saut vers Paris-2024

PARA ATHLÉTISME Valentin Bertrand voit la vie en bronze depuis le 15 juillet, jour où il a terminé 3e au saut en longueur T37 aux mondiaux de para athlétisme à Charléty. Un accomplissement de dix ans de travail que savoure le Francilien, sans pour autant se reposer sur ses lauriers. Travail, plaisir et humilité sont au menu de son programme d’entraînement en vue des prochains Jeux paralympiques à Paris en 2024. “Je suis vraiment heureux, ça montre que le travail finit toujours par payer”. Valentin Bertrand ne boude pas son plaisir, le 15 juillet, quelques heures après avoir remporté la médaille de bronze au saut en longueur T37 (déficience cérébrale) aux Mondiaux de para athlétisme au stade Charléty, à Paris. À 27 ans, ce natif de Neuilly-sur-Seine a décroché la plus belle récompense de sa jeune carrière, et en plus à domicile. Un moment d’émotion et d’accomplissement pour celui qui a démarré le para athlétisme il y a un peu plus de dix ans. “Cette médaille, elle fait plaisir”, raconte-t-il. “J’ai commencé l’athlé’ vers 15 ans, ça fait donc un peu plus de dix ans de travail pour avoir un résultat comme celui-là.” Et Valentin Bertrand poursuit : “Quand j’ai vu que le quatrième (le Brésilien Mateus Evangelista, NDLR) ne faisait pas mieux que mon meilleur saut, ça a été un mélange d’émotions très positives en moi. Sur le coup, je me suis mis à verser quelques larmes. Après, j’ai pris le sixième saut comme un bonus… et j’ai fait un énorme mordu de deux mètres, même si techniquement il n’était pas moche (rire).” L’essentiel est assuré à un an des Jeux paralympiques. Collectivement, Valentin Bertrand fait partie des quatre seuls médaillés (tous de bronze) français durant ces mondiaux. Individuellement, c’est un signe incontestable de progression pour le para athlète qui n’avait encore jamais accroché un podium lors de championnats du monde – 6e à Londres en 2017, et 5e à Dubaï en 2019. “Se préparer à quelque chose d’encore plus grand dans un an” Que de chemin parcouru pour Valentin Bertrand en quelques années. Hémiplégique de naissance (paralysé à 50 % de la jambe et du bras droits), le jeune homme sans complexe pratique d’abord le tennis, le football et le ski. “Comme je suis né avec ce handicap, ce n'est pas un problème pour moi. C'est comme si j'étais valide”, raconte-t-il à Michelin, l’un de ses sponsors.  Il ne tarde pas à s’illustrer en para athlétisme, qu’un ami lui fait découvrir à l’âge de 15 ans. “J’ai découvert ce sport et je me suis rendu compte que j’avais un bon niveau, que je prenais du plaisir à en faire”, explique-t-il à Bleu Handisport. “Au début, j’ai commencé plus sur du sprint, à savoir 100 m, 200 m et 400 m, puis j’ai découvert le saut en longueur petit à petit, et j’ai beaucoup aimé.” Trois ans après avoir pris ses marques sur les pistes et dans les bacs à sable, Valentin Bertrand fait ses premiers mondiaux à Lyon, en 2013, où Il participe au 400 m T37. Puis il s’essaie au saut en longueur T37 – déjà avec du succès, puisqu’il termine 3e – aux championnats d’Europe à Grosseto (en Italie), en 2016. Le para athlète finit par délaisser le 400 m pour se consacrer uniquement au saut, comme il l’a expliqué à L'Équipe : “Je n'arrivais plus à me mettre dans les états physique et mental nécessaires pour atteindre le très haut niveau.” À Charléty, Valentin Bertrand a apprécié accrocher un podium. Il a aussi pris ses marques en vue des Jeux paralympiques de 2024. “Avant les mondiaux, j’avais dit que cette étape était un apéritif avant le plat principal l’année prochaine”, explique-t-il. Ces mondiaux ont été pour lui l’occasion de “voir l’ambiance du stade, de se mettre dans le rythme, d’avoir une première compétition où sont présents la famille, les amis, les sponsors… et de se préparer à quelque chose d’encore plus grand dans un an.” Dans une “bonne dynamique”, Valentin Bertrand “ne veut pas s’enflammer” Pour parvenir à un potentiel sommet aux prochaines Olympiades, le para athlète veut d’abord garder la tête froide et ne pas se laisser griser par sa performance. “Même si j’ai gagné une médaille de bronze, ce n’était que la vérité d’un jour. Elle pourrait ne pas être la même demain”, déclare-t-il. Valentin Bertrand ne compte pas modifier ce qui a bien fonctionné dans sa préparation avant de venir à Charléty. “Je ne vais pas changer grand-chose. Avec mon coach, on travaille bien à l’entraînement (à Amsterdam, NDLR), on est dans une bonne dynamique.” Et il ne compte pas ses heures pour arriver à ses fins, avec huit à dix entraînements par semaine d’une heure et demie en moyenne. “Toujours sauter plus loin”, voilà son objectif principal. À Charléty, il a fait une marque à 5,92 m. Son record personnel est à 6,10 m. “J’espère le battre d’ici l’année prochaine, ou pendant les Jeux. Ce serait un beau moment”, confesse Valentin Bertrand. “Pour cela, il va falloir que j’essaie de gagner en vitesse sur la phase d’élan, et que je progresse au niveau technique et mental.” L’idée de faire un podium à Paris-2024 est certainement dans un coin de sa tête, mais le para athlète “ne veut pas s’enflammer.” Par contre, il espère que le public verra l'handisport à sa juste valeur dans un an. “On est des athlètes de haut niveau, et les Mondiaux sont une bonne illustration du niveau qu’on atteint. Dans plusieurs catégories de handicap, le 100 m se court en 10’40-10’60. Peu de personnes valides sont capables d’atteindre ce niveau-là”. En dix ans de compétition, le para athlète dit avoir “vu énormément de changement” dans la manière de percevoir l'handisport. “Le regard des gens change sur nous”, se satisfait-il, tout en précisant que de plus en plus de pays comme la France se professionnalisent. De plus en plus de grosses entreprises sponsorisent aussi les compétitions d'handisport. Toutes les conditions semblent réunies pour que les prochains Jeux paralympiques soient une fête de l’handisport. Et en les attendant, Valentin Bertrand va s’entraîner avec ce leitmotiv en tête : “Travailler, prendre du plaisir, s’amuser et être sérieux… sans se prendre au sérieux.”

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