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Urgences débordées, grève des généralistes... le système de santé français à bout de souffle

Hôpitaux en crise Un infirmier installer un patient dans un couloir dans les urgences de l'hôpital Hautepierre, à Strasbourg, le 29 décembre 2022. Confrontées à la triple épidémie de Covid-19, de grippe et de bronchiolite mais aussi au manque d’effectifs et à la grève des médecins libéraux, 2022 s'achève dans une tension extrême pour le système de santé français, en voie de "déliquescence" selon des professionnels qui attendent la "refondation" promise par le gouvernement. Des urgences débordées, un manque criant de soignants à l'hôpital comme en ville... 2022 s'achève dans une tension extrême pour le système de santé français. Au moment où les médecins généralistes entament un mouvement de grève dénonçant leurs conditions de travail, la triple épidémie de bronchiolite, Covid-19 et grippe vient renforcer la pression sur les hôpitaux déjà mis à mal par un manque structurel de soignants.  Si la situation s'est améliorée sur le front de la bronchiolite et du Covid-19, elle s'est tendue pour la grippe. Selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, publié mercredi, le nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal a augmenté de 52 % sur la semaine du 19 au 25 décembre par rapport à la précédente, tandis que les hospitalisations ont bondi de 75 %.  "C’est un peu une semaine de tous les dangers, mais la mobilisation des personnels est absolument complète et le système arrive à tenir", a tenté de rassurer mercredi 28 décembre François Braun, le ministre de la Santé, lors d’une visite au centre hospitalier Annecy Genevois, en Haute-Savoie. Mais sur le terrain, les soignants ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. Partout, les appels au 15, les passages aux urgences et le recours aux brancards dans les couloirs sont anormalement élevés. >>À lire aussi - Covid-19, grippe et bronchiolite : la France face à une "triple épidémie" inédite Plus de 10 heures d'attente aux urgences Neuf hôpitaux et une clinique de Savoie et de l'Ain ont annoncé jeudi activer le "plan blanc", une décision qui conduit à "déprogrammer partiellement" certaines interventions. Le "contexte épidémique entraîne "une forte tension sur les lits et les ressources humaines, majorée cette semaine par une moindre disponibilité de la médecine de ville", qui se traduit par "des temps d'attente importants aux urgences, parfois supérieurs à 10 heures, et des difficultés pour hospitaliser les patients en médecine", indiquent ces 10 établissements dans un communiqué. "On est plus que complet, ça déborde dans les couloirs", dénonce-t-on aussi au CHU de Strasbourg. "Les jeunes, ça va encore, mais quand on a des nonagénaires, c'est compliqué", souligne le professeur Pascal Bilbaut, le chef des urgences, alors que les brancards alignés les uns à côté des autres s'accumulent jusque dans l'entrée du service. "On est arrivé à 220 passages par jour environ sur nos deux sites d'accueil des urgences. C'est un chiffre en augmentation de 6 % par rapport à 2021", qui était déjà une année record, souligne-t-il.  Ces "défaillances" du système ont des conséquences funestes, a souligné le syndicat Samu-Urgences de France, qui a recensé 26 "morts inattendues" de personnes en attente de prise en charge hospitalière depuis le 1er décembre en France. Une grève "au pire moment" S'il est difficile d'en mesurer l'impact, la nouvelle grève déclenchée chez les généralistes entre Noël et le jour de l'An a encore accru cette pression sur l'hôpital et les urgentistes libéraux de SOS Médecins. "Plus de 50 %" des cabinets sont fermés, selon le collectif Médecins pour demain, qui avait estimé à près de 80 % le niveau de sa première mobilisation, les 1er et 2 décembre. Sa revendication centrale demeure la hausse du tarif de la consultation à 50 euros pour créer un "choc d'attractivité" vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives et qui n'attire plus les jeunes. Tout en reconnaissant "les difficultés et parfois l'épuisement de certains médecins libéraux", François Braun a "fermement" condamné ce mouvement, alors que la négociation de la convention liant ces praticiens à l'Assurance maladie n'est pas terminée. L'ancien urgentiste a jugé "pas acceptable que l'accès à la santé des Français soit ainsi mis à mal" dans une période critique. Son successeur à la tête de Samu-Urgences de France, Marc Noizet, a estimé que cette grève arrivait "au pire des moments". Mais tous les médecins hospitaliers n'ont pas critiqué l'action. La coalition intersyndicale Actions Praticiens Hôpital a demandé "que le mouvement des médecins libéraux soit pris à sa juste considération : il n'est que la face émergée de l'iceberg qu'est la déliquescence de notre système de santé". "Une réponse de fond" L'amélioration des conditions de travail est au centre des attentes. "Il y a une réponse financière", mais elle n'est pas suffisante, a estimé vendredi l'urgentiste Mathias Wargon. Il faut "une réponse de fond qui est d'assurer une qualité de vie au travail, un intérêt du travail", a-t-il commenté sur franceinfo, en relevant que "les infirmières - plus que les médecins - ont l'impression de boucher les trous". Un collectif de plus de 5 000 médecins, soignants et agents hospitaliers a exigé récemment un horaire défini et un ratio maximal de patients par infirmière. Ce qui nécessiterait d'embaucher "environ 100 000 infirmières" sur trois ans. À eux seuls, les Hôpitaux de Paris veulent recruter 2 700 infirmières en 2023, et autant en 2024. Il faut dire qu'en quatre ans, les effectifs infirmiers de l'AP-HP, d'environ 17 000 en 2018, ont fondu de 10 %, avec pour conséquence une proportion de lits fermés qui s'est aggravée, à 16 %. François Braun a réaffirmé qu'il annoncerait dès janvier les "grands axes" de restructuration de l'offre de soins, à l'hôpital comme en ville, sur la base des travaux du Conseil national de la refondation (CNR). Avec AFP

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