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Une année en France : Emmanuel Macron réélu, records de chaleur et pénuries en tout genre

RÉTRO 2022 L'année 2022 en France a notamment été marquée par la réélection d'Emmanuel Macron, les effets du réchauffement climatique, les pénuries en tout genre et le verdict du procès des attentats du 13-Novembre. L’année 2022 en France a notamment été marquée par la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République et par des législatives ayant abouti à des résultats inédits, le tout dans un contexte d’inflation lié à la guerre en Ukraine. Elle est aussi devenue l’année la plus chaude jamais enregistrée dans le pays. L’année 2022 commence en France par un scandale de maltraitance de personnes âgées avec la publication, le 26 janvier, d’un livre-enquête de Victor Castanet, "Les Fossoyeurs" (éd. Fayard). Les témoignages et documents recueillis par le journaliste font état notamment de rationnements de nourriture et de produits d'hygiène au détriment des personnes âgées prises en charge dans les structures d'Orpea, groupe qui gère près de 1 200 établissements en Europe et en Amérique latine. Le pouvoir politique s’empare rapidement de l’affaire : la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, annonce l’ouverture d’une enquête administrative le jour même de la publication du livre, tandis que l’Assemblée nationale mène des auditions, notamment celles du PDG du groupe Orpea et de son directeur général France, courant février. L’État finit par porter plainte le 26 mars sur la base de l'article 40 du code de procédure pénale, qui oblige toute autorité à signaler des faits délictueux dont elle aurait connaissance, et demande également le remboursement du trop-perçu de dotations publiques, d’un montant de 55,8 millions d’euros. Une somme longtemps contestée par Orpea, mais qui sera finalement remboursée en intégralité, annonce le groupe en novembre. Restent désormais les affaires judiciaires, toujours en cours. Plus d’une cinquantaine de plaintes de familles de résidents des Ehpad ont été déposées, mais aussi des plaintes pour discrimination syndicale, entraves au droit syndical et faux et usage de faux. Ils étaient plus d’une quarantaine à vouloir se présenter à la magistrature suprême, mais ils sont finalement douze sur la ligne de départ, le 4 mars, après avoir validé leurs 500 parrainages : Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Anne Hidalgo (Parti socialiste), Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts), Jean Lassalle (Résistons !), Marine Le Pen (Rassemblement national), Emmanuel Macron (La République en marche), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Valérie Pécresse (Les Républicains), Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), Fabien Roussel (Parti communiste français) et Éric Zemmour (Reconquête!). La campagne présidentielle française est marquée par la guerre en Ukraine, avec des débats inédits sur la politique étrangère de la France et en particulier sa place au sein de l’Otan. Le président-candidat, Emmanuel Macron, en profite pour jouer la carte d’un chef de l’État à l’œuvre sur le front diplomatique et trop occupé pour faire campagne, se contentant de dévoiler un ersatz de programme quelques semaines avant le premier tour et n’effectuant qu’un seul meeting, le 2 avril, à La Défense Arena, en proche banlieue parisienne. La question du pouvoir d’achat, avec l’inflation en toile de fond, est l’autre grand thème plébiscité par les Français et les candidats. En revanche, l’environnement, et notamment la question du réchauffement climatique, peinent à s’imposer dans les débats, au grand dam des ONG. Le 28 mai, de nombreux spectateurs repartent choqués par les heurts entre supporteurs et forces de l'ordre en marge de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, près de Paris. Fait rarissime dans le monde du football, le match prévu à 21 h commence avec trente-six minutes de retard en raison des incidents aux abords du stade. Des supporters ont tenté d'escalader les grilles de l'enceinte pour forcer l'entrée. Des échauffourées ont alors éclaté, les forces de l'ordre faisant parfois usage de gaz lacrymogènes. Les images font fait le tour du monde, donnant une image négative de la France. Surtout, à un peu plus d’un an des Jeux olympiques de 2024 à Paris, elles sèment le doute sur la capacité des autorités françaises à organiser de grands événements sportifs sur son territoire. Après plusieurs semaines d’enquête, le Sénat rend un rapport en juillet. Le sénateur Laurent Lafon, président de la commission culture, y évoque un "enchaînement de dysfonctionnements" et des "défaillances" aussi bien "dans l'exécution" que dans la "préparation" de l’événement. Emmanuel Macron est réélu président de la République le 24 avril en l’emportant au second tour, comme en 2017, face à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen (58,55 % des voix contre 41,45 % pour son adversaire). Mais le "front républicain" pour faire barrage à l’extrême droite a moins motivé des Français qui apparaissent plus divisés que jamais. Au premier tour, le 10 avril, le "vote utile" avait joué à plein avec une répartition de l’essentiel des suffrages sur trois candidats : Emmanuel Macron (27,85 %), Marine Le Pen (23,15 %) et Jean-Luc Mélenchon (21,95 %). Le quatrième homme, Éric Zemmour, s’était retrouvé relégué loin derrière avec 7,07 % des voix. Tous les autres candidats avaient fini sous la barre fatidique des 5 % synonyme de remboursement des frais de campagne, y compris la candidate LR Valérie Pécresse (4,78 %), le candidat EELV Yannick Jadot (4,63 %) et la candidate PS Anne Hidalgo (1,74 %). Autre signe du malaise des électeurs : 26,31 % d’entre eux s’abstiennent de voter au premier tour et 28,01 % au second tour. Le 16 mai, Emmanuel Macron nomme Élisabeth Borne à Matignon. La nouvelle Première ministre prend la suite de Jean Castex avec un gouvernement marqué par la continuité. De nombreux ministres sont ainsi maintenus à leur poste (Bruno Le Maire à l’Économie, Gérald Darmanin à l’Intérieur, Éric Dupond-Moretti à la Justice, etc.). Les élections législatives donnent à l’Assemblée nationale, au soir du second tour le 19 juin, une représentation inédite avec une majorité présidentielle privée de majorité absolue (250 députés), une extrême droite plus forte que jamais (88 députés) et une gauche qui progresse grâce à l’union (150 députés). La campagne des législatives confirme ce qu’avait montré la présidentielle : Emmanuel Macron a été réélu sans passion et les Français ne souhaitent pas lui donner les pleins pouvoirs. L’intérêt pour ces élections est notamment porté par l’alliance historique entre les différentes forces de gauche : pour la première fois, insoumis, communistes, socialistes et écologistes ont fait campagne sur un programme commun au sein de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes). Mais leurs espoirs de forcer une cohabitation sont notamment contrecarrés par les résultats historiques du Rassemblement national (RN) qui, avec 88 députés, devient le premier groupe d’opposition à Renaissance (ex-LREM) au Palais Bourbon – les députés de la Nupes, certes plus nombreux, sont en effet répartis en quatre groupes. L’entrée en force de l’extrême droite à l’Assemblée signe aussi la mort du front républicain dans le cadre des législatives, l’exécutif ayant choisi de faire campagne en renvoyant dos à dos l’union de la gauche et le RN. Après dix mois d'audience, Salah Abdeslam, considéré comme le seul membre encore en vie des commandos islamistes du 13 novembre 2015, est condamné le 29 juin à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible par la cour d'assises spéciale de Paris. Au total, 19 des 20 accusés sont reconnus coupables de tous les chefs d'accusation retenus contre eux. Les avocats de la défense, partagés face à des condamnations jugées à la fois sévères mais aussi en deçà des réquisitions du parquet, avaient mis la cour en garde, dans leurs plaidoiries, contre la tentation d'une "justice d'exception" guidée par l'émotion, plus de six ans après cette nuit de terreur au Stade de France, sur les terrasses de l'Est parisien et au Bataclan. "Les peines sont assez lourdes. Ils ne sortiront pas tout de suite de prison. On va savourer, je ressens beaucoup de soulagement. Dix mois de procès, ça aide à se reconstruire. C'est fini, ça va faire un vide", commente alors Sophie, une rescapée du Bataclan, à la sortie de la salle d'audience, les larmes aux yeux. L’annonce a eu lieu très tôt. Au 30 novembre, déjà, les services de Météo-France pouvaient certifier que l’année 2022 battrait le record de chaleur de 2020 de 14,07 degrés Celsius, avec une température moyenne a priori comprise entre 14,2 et 14,6 degrés. La faute, notamment, à un été hors norme marqué par trois vagues de chaleur (15 au 19 juin, 12 au 25 juillet et 31 juillet au 13 août), soit un record de 33 jours. Celles-ci se sont accompagnées de nombreux événements extrêmes, comme une "sécheresse historique", des feux de forêt – notamment en Gironde et dans des régions habituellement peu ou pas sujettes à ce type de phénomènes comme la Bretagne –, des canicules océaniques en Méditerranée et des orages violents – comme celui qui a fait cinq morts en Corse le 18 août. La pluviométrie annuelle devrait présenter en moyenne un déficit de 15 à 25 % par rapport à la normale, avec deux mois records en mai (déficit de 60 %) et juillet (-85 %), qui sont les plus secs depuis le début des mesures en 1959. L'année la plus sèche en France reste 1989, avec un déficit de 25 %. Comme l’ensemble des économies du monde, la France est touchée par les conséquences de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l’énergie. En juillet 2022, l’inflation atteint 6,1 % sur un an, selon l’Insee, un niveau inégalé depuis 1985. Pour aider les Français à faire face à la hausse des prix, le gouvernement fait voter durant l’été une loi en faveur du pouvoir d’achat, dont le premier volet représente 20 milliards d’euros de dépenses. Le texte prévoit notamment une revalorisation de 4 % des pensions de retraite, des allocations familiales, des minima sociaux et de la prime d’activité. L’aide personnalisée au logement est revalorisée de 3,5 %. La "prime Macron" créée en 2019, que peuvent verser les employeurs à leurs salariés une fois par an et qui est exonérée de cotisations sociales, est remplacée par la prime de partage de la valeur avec un plafond augmenté à 3 000 euros. Les travailleurs indépendants bénéficient, quant à eux, d’une baisse de leurs cotisations sociales. Un autre volet de mesures, d’un montant de 44 milliards d’euros, est voté dans la foulée pour financer la renationalisation d’EDF, la poursuite du bouclier tarifaire sur l’énergie et de la remise carburant, ainsi que la revalorisation de 3,5 % du point d’indice des fonctionnaires. En France, il manquait 4 000 enseignants lors de la rentrée scolaire de septembre sur les 850 000 postes à pourvoir. Le phénomène n’est pas nouveau, mais s’aggrave année après année. Le signe, selon les syndicats, du manque d’attrait pour un métier qui s’exerce dans des conditions de plus en plus difficiles et avec un salaire de plus en plus bas. La baisse d’attractivité du service public concerne également le milieu hospitalier. Les soignants, en particulier dans les services d’urgences, manquent à l’appel. Fin mai, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparaient, selon un décompte de l'association Samu-Urgences de France. La psychiatrie est également touchée avec plus de 1 000 postes non pourvus. Et à l’automne, la pénurie se fait aussi sentir dans les services pédiatriques, en surchauffe en raison de l’épidémie de bronchiolite, avec des bébés soignés dans les couloirs des hôpitaux ou renvoyés chez eux. Les transports sont eux aussi en crise avec un nombre limité de chauffeurs de cars, de bus, de tramways et de métros. Les collectivités régionales estiment le nombre de postes vacants à près de 5 000. Les crèches, enfin, sont obligées de recruter des personnes non formées à la prise en charge d’enfants en bas âge. Le chiffre de 10 000 postes non pourvus est avancé dans un rapport de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) publié en juillet. Dans un contexte inflationniste, les salariés des raffineries de TotalEnergies et ExxonMobil se mettent en grève, fin septembre, pour obtenir des augmentations de salaire, entraînant des pénuries de carburant dans les stations-service partout en France. Mettant en avant les résultats records de TotalEnergies en 2021 et la hausse de la rémunération de leur patron, Patrick Pouyanné, qui s’établit à près de 6 millions d’euros, les grévistes réclament une augmentation de 10 %, ce que leur refuse la direction. Face au blocage, le gouvernement est contraint d’intervenir en demandant à TotalEnergies de faire un effort, puis en réquisitionnant des salariés grévistes. Le mouvement prend fin le 2 novembre dans la dernière raffinerie en grève, à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, après un accord trouvé entre la direction et les syndicats sur une augmentation comprise entre 7 % et 10 %. Si la loi en faveur du pouvoir d’achat a pu être adoptée grâce au soutien de députés de l’opposition, les débats sur le projet de loi de finances 2023 et le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2023 sont plus compliqués pour le camp présidentiel et sa majorité relative. La Première ministre, Élisabeth Borne, active donc, pour la première fois le 19 octobre, l’article 49.3 de la Constitution, qui lui permet de faire adopter un texte sans vote de l’Assemblée nationale. Cet article ne peut être utilisé qu’une seule fois par session parlementaire, à l’exception des textes budgétaires, pour lesquels il n’y a pas de limite. Or, avec les allers-retours entre l’Assemblée et le Sénat, et les différentes parties des projets de loi à examiner (dépenses et recettes), les occasions sont nombreuses. C’est ainsi qu’en moins de deux mois, la cheffe du gouvernement a fait usage au total de dix 49.3 – le dernier ayant été dégainé le 15 décembre. Après plus de trois mois d’audience, la cour d'assises spéciale de Paris a prononcé le 13 décembre des peines de deux à dix-huit années de prison contre les huit personnes – sept hommes et une femme – jugées au procès de l'attentat de Nice, qui avait fait 86 morts le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais. Les cinq magistrats professionnels qui la composent ont reconnu coupables les huit accusés, des proches du chauffeur du camion-bélier qui avait foncé sur la foule ou des personnes jugées pour trafic d'armes, et ont retenu la qualification d'association de malfaiteurs terroriste contre deux d'entre eux. Aucun des prévenus n'était accusé d'avoir joué un rôle de premier plan dans l’attaque.

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