Triathlon : Dorian Coninx, un champion du monde paré pour la dernière ligne droite vers Paris
PORTRAIT
Champion du monde en titre et 3e de l’épreuve-test de triathlon sur le parcours des JO, Dorian Coninx va aborder les Jeux à domicile en confiance. Rencontre avec un triathlète français plein de confiance, avant l’une des saisons les plus importantes de sa carrière.
Mille cinq cent mètres de natation, 40 kilomètres de vélo, 10 kilomètres à pied et une saison entière à s’entraîner et se préparer… C’est "tout" ce qui sépare désormais Dorian Coninx de son Graal : une médaille d’or qui serait historique pour la France en triathlon.
Mais à l’heure d’aborder l’une des saisons les plus importantes de sa vie, le natif de l’Isère a la sérénité de celui qui sait comment s’y prendre. Et pour cause, il sort de la saison de sa vie : en septembre, il a été sacré champion du monde lors de la grande finale en format olympique du circuit World Triathlon Championship Series (WTCS).
Un mois auparavant, il impressionnait sur le circuit où il espère briller à Paris: troisième sur l’épreuve-test du parcours des JO. Pour la Fédération française, ces performances équivalent à un critère de premier rang et donc il est “présélectionné” pour Paris. Lui reste un simple critère de confirmation à valider pour montrer à la Fédération que ces performances ne s'écroulent pas en 2024. Normalement, une formalité.
Première présélection de sa carrière
"Mon objectif principal avant le classement général, c'était la présélection. Il se trouve que les deux ont été réussies, donc c'est vraiment très cool."
À 29 ans, l’Isérois (sud-est de la France) va donc connaître – sauf blessure ou incident de parcours – ses troisièmes Jeux olympiques, après Rio et Tokyo. Des expériences aux souvenirs mitigés mais desquels il déclare avoir tiré de l’expérience pour la suite de sa carrière.
"Sur les deux dernières olympiades, je n’ai pas été présélectionné donc j'avais la pression, devoir courir toutes les courses du début de saison, ne penser qu’à ça…”, relate-il. Loin d’être idéal pour être prêt le jour-J.
“À Rio, j'étais relativement jeune, j'avais 22 ans. J'avais d'énormes problèmes de régularité. Je n’avais aucune sérénité sur ma capacité à reproduire ce que je savais être capable de faire et j’ai donc été un peu dépassé par les événements”, se souvient-il.
Déçu à Rio, médaillé en relais à Tokyo
Cette année-là, Dorian Coninx fait une bonne performance en natation mais gâche totalement sa course lors de la transition nage-vélo. Il pointe à la 36e place.
“J'étais déçu mais je pense que ça m'a beaucoup apporté par la suite. J’ai remis plein de choses en question et ça a été un des moments où j'ai le plus fait avancer ma perception du sport et ma carrière”, estime-t-il a posteriori.
À Tokyo, il arrive avec de grandes ambitions, même si les yeux sont rivés sur son compatriote Vincent Luis, alors double champion du monde. Dans la fournaise tokyoïte, il fait une course presque parfaite, entrevoyant longtemps un top 5 qui aurait été la meilleure performance française de l’histoire aux JO. Mais tout s’effondre à cause d’un coup de chaud à 2 km du but.
‘Il y avait plus de contrôle, j'avais produit une performance qui était quand même beaucoup plus aboutie. Il n'avait pas manqué énormément, mais j'étais un peu loin du compte, donc il y avait quand même un peu de frustration”, analyse-t-il.
La médaille de bronze décrochée sur le relais mixte, la première médaille olympique de la France dans la discipline, conclut sur une note d’espérance l’olympiade japonaise. Mais Dorian Coninx en garde un goût étrange.
“J'étais très content parce que le relais me tient à cœur. Mais en même temps, je pense que vu que le triathlon est un sport individuel à la base, ça m'a donné encore plus envie de faire une médaille en individuel… Et on fait troisième et on voit bien que c’est tout pour les premiers, donc ça donne encore plus envie de faire premier… C'était une expérience beaucoup plus joyeuse, mais si ça pouvait être encore mieux, ce serait pas mal”, estime-t-il.
Six mille calories par jour "et pas du Big Mac"
Et pour y parvenir, Dorian Coninx va s’astreindre à la vie de moine qui est le quotidien du triathlète : 28 séances par semaine pour 35 heures de sport avec de la natation, du cyclisme et de la course à pied tous les jours ainsi que “l’entraînement invisible “ : 6000 calories ingérées quotidiennement “de trucs qualitatifs et pas du Big Mac”, un rythme de sommeil à surveiller et une préparation mentale. De quoi rendre fou ?
"Le but, c'est de faire cet entraînement invisible en n'ayant pas l'impression que ce soit de l'entraînement. Je mange parce que je mange des trucs bons et parce que ça me fait plaisir. Parce que si on a l'impression d'être sous pression H24, je ne tiendrai pas du tout quoi. Donc maintenant c'est tellement ancré, tellement automatisé que de toute façon à 22 h je suis fatigué et je vais me coucher", raconte-il. "En fait, je le prends un peu comme comme un jeu. Dans ma jeunesse, je jouais pas mal aux jeux de rôles sur internet, eh bien je le prends comme ça. J'essaie de pousser les curseurs pour être meilleur. Et à partir du moment où on est dans l'amusement, on n'est plus dans la pression.”
En espérant que le 30 juillet 2024, Dorian Coninx saura exploiter toutes ses caractéristiques à fond pour réussir le dernier niveau du grand jeu du triathlon : décrocher l’or sur les bords de la Seine.