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Sports

Tokyo 2021 : les boxeurs français et l'arbitrage, une malédiction aux JO ?

Seul Français encore en lice dans le tournoi de boxe des Jeux olympiques de Tokyo, Mourad Aliev a été éliminé sur disqualification de l'arbitre chez les + 91 kg, La boxe française rentre bredouille de Tokyo. Après une belle moisson de six médailles à Rio, ce sport n'a rien décroché au Japon. Plusieurs membres de l'équipe, éliminés prématurément, se sont encore une fois plaints de l'arbitrage. Le dernier Français en lice, Mourad Aliev, a même vécu sa disqualification comme une injustice. Mourad Aliev ne voulait pas quitter le ring. Le boxeur est resté 45 minutes assis sur le bord après son combat. Seul Français encore en lice dans le tournoi à Tokyo, il a été éliminé sur disqualification de l'arbitre chez les + 91 kg face au Britannique Frazer Clarke. "C'est injuste, tout le monde a vu que j'ai gagné", a protesté Mourad Aliev, encore sur le ring, alors que l'arbitre venait de lui signifier sa disqualification pour un coup de tête porté à son adversaire.     Incrédule et en colère, Mourad Aliev, qui semblait dominer le combat après un premier round donné gagnant 3 juges à 2, a ensuite tourné en rond sur le ring, allant voir son adversaire pour lui dire "c'est moi qui ai gagné". Durant le combat, Frazer Clarke s'est ouvert aux deux arcades sourcilières et c'est après le deuxième soin que l'arbitre, regroupant les boxeurs, a signifié sa décision. "Je subis une injustice" Après l'officialisation du résultat par le speakeur, le Français a ensuite fait le signe "non" avec ses doigts devant les caméras. Interrogé sur l’antenne de France TV, Mourad Aliev est ensuite revenu sur cette décision qu’il considère comme "un scandale". "Je me suis toujours battu contre les injustices et là, aujourd’hui, je subis une injustice. Tous mes entraineurs, tous mes supporters, tous ceux qui ont vu le combat ont bien vu que j’ai gagné, que je me suis fait voler. Vraiment, c’est un vol", a-t-il dit ne cachant pas son immense colère. Selon John Dovi, manager général de l’équipe de France de Boxe, les juges ont admis qu’ils s’étaient trompés. "Ils attestent qu’il y a une erreur d’arbitrage sur le ring. Ils ont revisionné le combat à plusieurs reprises. On ne voit aucune erreur de la part de Mourad, mais on ne peut rien faire car le règlement stipule qu’on ne peut pas changer la décision", a-t-il expliqué. "On a tenté de faire un sitting car on ne peut pas rester comme ça. Mourad est notre dernier représentant en plus après tout ce qu’il s’est passé pendant cette quinzaine", a-t-il ajouté. Les Bleus ont effectivement une nouvelle fois été maudits au cours de ces Jeux. Alors que la boxe avait engrangé six médailles à Rio, elle a réalisé à Tokyo un zéro pointé. Plusieurs membres de l’équipe se sont plaints de l’arbitrage. Billal Bennama a été battu d'entrée samedi par le gaucher kazakh Saken Bibossinov aux points (29-28 pour les cinq juges) en huitièmes de finale des -52 kg. Cette décision l’a fait fulminer. "Le Kazakh a fait son combat, félicitations à lui, mais il ne mérite pas la victoire", a-t-il réagi comme le rapporte le journal l’Équipe. Le même jour, son coéquipier Sofiane Oumiha, vice-champion olympique des -63 kg, a également été éliminé dès son entame, par arrêt de l'arbitre qui a estimé qu’il n’était plus en mesure de continuer le combat. Selon le champion olympique Brahim Asloum, consultant pour France TV, cet arbitrage est incompréhensible car le Français était tout à fait lucide : "Il aurait dû demander à Sofiane de faire un pas de côté, ou d'avancer, pour voir s'il était lucide. [...] C'est dur, c'est un arrêt trop rapide, prématuré, injuste. Surtout que l'arbitre ne l'a compté que jusqu'à 6, et non pas 8 réglementairement." Pour John Dovi, il n'y a aucun doute. Il y a clairement une "cabale" contre l'équipe tricolore. "Toutes les décisions sont contre les Français, il y a toujours un truc. Et on ne sait pas pourquoi. Eux seuls le savent. Peut-être que la pilule des six médailles à Rio était mal passée. Là c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est abusé", a-t-il affirmé auprès de Ouest-France. Les larmes d'Alexis Vastine Ce n’est pas la première fois que l’arbitrage de la boxe olympique fait polémique. L’exemple le plus marquant reste celui d’Alexis Vastine dont les larmes avaient marqué la France. En 2008 à Pékin, le jeune boxeur avait été éliminé en demi-finales après une décision d'arbitrage controversée. Il menait le combat aux points face au Dominicain Félix Diaz jusqu'à la fin de la troisième reprise (9 à 6). Son adversaire s’était alors lancé dans un pressing effréné. L’arbitre avait sanctionné le Français une première fois, lui faisant perdre deux points, puis à dix-neuf secondes de la fin, une seconde fois, l'accusant de s'être trop accroché. Alexis Vastine s'était incliné finalement 10 à 12. Agenouillé sur le ring, en pleurs à la fin du combat, le Normand avait crié : "Ils n'ont pas le droit, ils n'ont pas le droit de faire ça !". Quatre ans plus tard, la malédiction s’était de nouveau abattue sur le champion à Londres. Il avait perdu son quart de finale face à l'Ukrainien Taras Shelestiuk, champion du monde en 2011, sur décision des juges (18-18 à l'issue des trois manches). Même son adversaire avait semblé surpris, tant la dernière reprise était apparue à l'avantage du Français. Très en colère juste après la décision finale, Alexis Vastine avait frappé de son poing nu dans l'un des coins du ring. Il disparaîtra trois ans plus tard dans un accident d’hélicoptère au cours d’une émission TV. L'exclusion de la fédération internationale de boxe À l’époque, d’autres délégations avaient critiqué cet arbitrage. Dans la catégorie des moins de 56 kg, le Japonais Satoshi Shimizu en avait aussi fait l’expérience, rappelle le site de France Info. Opposé à l'Azerbaïdjanais Magomed Abdulhamidov en 8e de finale, il avait envoyé son adversaire six fois au tapis lors de la troisième reprise. Malgré sa domination, les juges avaient désigné son adversaire vainqueur du combat (22-17). Certains avaient alors pointé du doigt des affaires de corruption. Après des années de scandales de gouvernance et de soupçons de matchs truqués, la fédération internationale de boxe (AIBA, Association internationale de boxe amateur) aété exclue du Comité international olympique (CIO) il y a deux ans. Comme l’explique Euronews, le nouveau président, le Russe Umar Kremlev, avait alors affirmé vouloir faire le ménage : "Ce qui est important pour nous, c'est de tourner la page de tous les problèmes auxquels la fédération a été confrontée. Nous devons établir la liste de tous ceux qui ont été corrompus et faire en sorte qu'ils soient exclus du monde la boxe à l'avenir." Richard McLaren, l'avocat canadien qui a enquêté sur le dopage en Russie, a ainsi été recruté pour mener des investigations sur la mauvaise gestion passée au sein de la fédération ."La boxe a une longue histoire d’activités douteuses", a-t-il insisté en juin dernier dans un communiqué annonçant sa mission pour l’AIBA. "De multiples enquêtes ont été menées dans le passé sur ce sport, qui n’ont pas été achevées ou auxquelles il n’a pas été donné suite. (...) Notre équipe mènera une enquête indépendante sur les questions entourant la corruption ou la manipulation des résultats sportifs pendant les Jeux olympiques de Rio, identifiera les personnes responsables et recommandera la marche à suivre appropriée."  En raison de l’exclusion de l’AIBA par le CIO, la fédération internationale n’a pas organisé le tournoi à Tokyo et pourtant les polémiques sont toujours présentes. Comme Alexis Vastine en son temps, Mourad Aliev repart du Japon en colère et avec beaucoup amertume : "Ils me dégagent du ring. Ils me disent tu perds. Ciao, rentre dans ta chambre, va te laver, fais tes affaires et rentre chez toi. Je rentre bredouille alors que j’aurais pu au moins ramener une médaille de bronze." Avec AFP

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