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Arts et People

TÉMOIGNAGE. "Je devais me placer contre le mur et attendre d'être frappé par les élèves"

1/2 - Hugo De ses années de souffrance dans l'indifférence, Hugo a tiré une conclusion courageuse : on ne mettra pas fin au harcèlement en ne soignant que les souffre-douleur. Insulté dès sa rentrée en CP, frappé au collège, puis humilié sur les réseaux sociaux, Hugo Martinez a vécu une scolarité douloureuse. Mais loin de renoncer face à l'adversité, il a décidé de se mobiliser pour faire évoluer la prise en charge de ce fléau. On dit souvent que l'enfance est le temps de l'innocence. Mais les enfants peuvent se montrer cruels... Le cauchemar d'Hugo Martinez a commencé dès les premiers jours du CP. "J'ai été baptisé l'intello, le gros ou le bigleux", explique ce jeune homme de 22 ans. En début de primaire, il est victime d'insultes et de harcèlement verbal. "En CM1, j'ai commencé à être menacé. Je vivais dans un climat de violence permanente." La situation ne s'améliore pas au collège. "En sixième, la violence physique a commencé, caractérisée par des coups et des bousculades." Ses bourreaux lui imposent même un rituel. "Le midi, je rentrais déjeuner chez moi. Avant de partir ou de revenir, je devais me placer contre le mur et attendre d'être frappé par les élèves. En hiver, je n'avais pas le droit d'accéder aux vestiaires pour me changer avant le sport." En fin de quatrième commence le cyber-harcèlement. "Lors d'un voyage scolaire en bus, j'ai ronflé et j'ai été filmé à mon insu. Quelques semaines plus tard, j'ai découvert que la vidéo circulait sur les réseaux sociaux. Avec mes parents, nous avons déposé une main courante ... qui n'a jamais été enregistrée par les gendarmes..." Au lycée, le calvaire continue et Hugo doit être hospitalisé En fin d'année, les parents d'Hugo lui font changer d'établissement scolaire. "J'espérais tourner la page, mais les élèves avaient vu la fameuse vidéo. Ils faisaient des montages vidéo en remplaçant mon visage par une tête de cochon, me filmaient quand je mangeais à la cantine, jetaient mon sac dans les escaliers." Au lycée, le calvaire continue, et Hugo finit par craquer. "En milieu de première, j'ai été hospitalisé pour obésité morbide. En terminale, je suis allé dans un lycée à Lyon, mais j'ai eu du mal à m'intégrer. J'ai fini par suivre les cours à distance et j'ai obtenu le bac avec tout juste la moyenne", explique Hugo, pourtant diagnostiqué HPI (Haut potentiel intellectuel) en fin de collège. C'est une nouvelle hospitalisation en mai 2017 qui fera office de déclic et poussera le jeune homme, aujourd'hui en cinquième année de communication politique, à créer l'association HUGO !, parrainée par Dany Boon, Guillaume Canet, Jamel Debbouze, entre autres. "Un enfant harceleur est soit une ancienne victime de harcèlement, soit un enfant complexé" Une association très active depuis sa création, et s'adresse à tous les intervenants. "Nous nous rendons dans les établissements scolaires, de la primaire jusqu'au post-bac. Nous sensibilisons les parents, proposons de l'écoute, accompagnons les jeunes et leur conseillons des pratiques artistiques ou sportives. Nous formons aussi les professionnels en contact avec les jeunes. En 2019, notre association a fait inscrire dans la loi française la notion de harcèlement scolaire", détaille Hugo, qui se bat pour les victimes, bien sûr, mais s'intéresse aussi à leurs bourreaux. "Les études montrent qu'un enfant harceleur est soit une ancienne victime de harcèlement soit un enfant complexé. La différence entre les harcelés et les harceleurs, c'est que les harceleurs savent diriger un groupe d'élèves et cacher leurs souffrances. Nous leur apprenons qu'il y a d'autres manières d'exprimer leur mal-être que de s'en prendre aux autres", conclut le jeune homme, preuve vivante que le pardon fait avancer.

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