TEMOIGNAGE. "Malgré ses 2 millions d'abonnés, j'ai supprimé les réseaux sociaux de ma fille de 14 ans"
Ulcérée de voir sa fille faire des danses lascives sur TikTok ou sponsoriser de la fast fashion, cette maman a fermé ses comptes sur les réseaux sociaux. Mère et fille ne regrettent pas.
"Les réseaux sociaux, je pense que c'est amusant... mais hyper-insuffisant. Nous sommes nés avec des dons variés qui nous rendent uniques. Quand on copie-colle ce que fait le reste de la meute, on se fond dans la foule et on devient un membre de plus du troupeau." La position de Fernanda Rocha Kanner, médecin à São Paulo (Brésil), à propos de l'activité en ligne de Valentina, sa fille de 14 ans, a le mérite de la clarté. Cette dernière est ce que l'on appelle une "influenceuse" connue sur Instagram et TikToksous le pseudonyme de Nina.
En ce mois de juin 2021, elle cumule près de 2 millions d'abonnés. Et Fernanda n'aime pas ça. "Il est déjà assez difficile de découvrir qui on est à 14 ans, alors quand il y a des millions de personnes qui pensent vous connaître et vous renvoient une image faussement survalorisée de vous-même, c'est dangereux. Il est facile de se perdre", avertit-elle. La mère de famille de 38 ans, mère de deux autres enfants, Nicholas, 16 ans, et Thomas, 11 ans, va alors prendre une décision radicale.
"Mon rôle de mère n'est pas d'être son amie"
"J'ai décidé de supprimer les comptes TikTok et Instagram de ma fille. C'est ennuyeux, je sais, mais mon rôle de mère n'est pas d'être son amie. Elle ne comprendra qu'avec du recul. Je ne veux pas qu'elle grandisse en croyant être ce personnage. Je ne veux pas qu'elle fasse la promotion de vêtements en polyester inflammables fabriqués en Chine. Je ne veux pas que ma brillante fille se livre à des danses quotidiennes comme un babouin dressé", publie la maman sur son propre compte Instagram le 5 juillet.
Par son geste "radical mais nécessaire", Fernanda souhaite protéger sa fille. Mais aussi lancer une réflexion au sujet du type de notoriété alimentée par les algorithmes des réseaux sociaux et qui, selon elle, fourvoie la génération actuelle "parce qu'être célèbre à tout prix est peut-être le rêve le plus triste dont j'aie jamais entendu parler", assène-t-elle. Valentina a évidemment eu du mal à accepter ce qu'elle a vécu comme une censure.
Au bout d'une semaine, désintoxiquée à la dopamine des likes, l'ado a accepté
Elle est restée fâchée, enfermée dans sa chambre pendant plusieurs jours. Une semaine plus tard, tout était redevenu normal. "Il est évident qu'elle souffrait d'une sorte de 'manque' de dopamine. Nous sommes tellement habitués à ce flot artificiel de neurotransmetteurs sous la forme de 'likes', de commentaires élogieux et de notifications que, lorsque nous en sommes privés, le cerveau s'emballe", explique la maman.
"Lorsqu'elle aura trouvé l'essence de ce qui la rend différente, elle pourra créer un nouveau compte. Mais ce filtre de bon sens doit venir de sa maturité." Valentina semble depuis comme désintoxiquée. "En ce moment, je n'en ai pas envie. J'ai compris qu'il s'agit de quelque chose qui pourrait me nuire", assure l'adolescente à propos des médias sociaux. Selon sa mère, Valentina a l'intention de poursuivre ses études à l'étranger. "La vie n'est belle que lorsque vous êtes d'abord heureux en dehors d'Internet", conclut Fernanda.
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