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Insolite et Faits divers

TEMOIGNAGE. "J'ai perdu mon travail, mon quotidien" : employées d'un camping détruit par les incendies en Gironde, une mère et sa fille livrent leur désarroi

"J'ai perdu mon travail, mon quotidien" : employées d'un camping détruit par les incendies en Gironde, une mère et sa fille livrent leur désarroi Sylvie porte encore l'uniforme noir du camping Panorama du Pyla. Une habitude pour celle qui a travaillé "tous les jours", durant près de neuf ans, dans cet établissement situé à l'entrée du bassin d'Arcachon, au pied de la dune du Pilat. Désormais, plus question de s'y rendre au petit matin pour servir les clients. Le lieu a été ravagé en quelques heures par l'incendie qui fait rage dans la forêt de La Teste-de-Buch (Gironde) depuis le 12 juillet. Le même sort a été réservé aux quatre autres campings de la commune, situés dans cette pinède artificielle, plantée au bord de l'océan. Avec sa fille Noémie, 17 ans, Sylvie s'est rendue, fébrile, au point de ralliement des forces de l'ordre, l'hippodrome de La Teste-de-Buch, mercredi 20 juillet, à la recherche d'informations. Quand commenceront les travaux de reconstruction du camping ? Qui les dirigera ? Qu'en est-il des assurances ? Et y a-t-il encore un avenir au pied de cette dune ? Elles racontent le vide qui s'installe après la destruction d'un camping synonyme de tant de souvenirs. "Je suis imprégnée de ce camping" "J'ai commencé à travailler au Panorama du Pyla en octobre 2013, mais la première fois que nous y sommes allées, c'était en juillet 2010", se remémore la mère de famille, les yeux embués. Noémie, alors âgée de 8 ans, y découvrait "l'esprit camping", sous l'impulsion de sa mère : "Je voulais qu'elle se fasse des amis et de beaux souvenirs." Mais la fillette est malade en voiture, ce qui limite les déplacements pour les vacances. Le Panorama du Pyla, situé à 20 km du Teich (Gironde), où elles résident, fera bien l'affaire. "Ça nous a plu. Nous y sommes retournées tous les ans, jusqu'à ce que je sois embauchée" au sein de l'équipe d'une dizaine de salariés, raconte-t-elle en croisant le regard ému de sa fille. Au Panorama du Pyla, cette quadragénaire d'allure sportive assurait la maintenance des lieux jusqu'à la semaine dernière. "Installer les mobil-homes, remplacer une ampoule, gérer les imprévus. A force, j'en connaissais chaque centimètre. Je suis imprégnée de ce camping."  Toutes ces heures passées dans l'établissement 4 étoiles permettent à la famille de reconnaître le campement de 15 hectares "au premier coup d'œil', malgré les dégâts causés par les flammes. "Tu vois cette piscine, ou ce qu'il en reste, c'était ici que je travaillais", explique Noémie en présentant sur son smartphone une photo des lieux calcinés. "Maintenant, je m'ennuie."   Une perte personnelle de 6 350 euros L'adolescente avait été embauchée pour sa première saison, quatre jours avant d'être évacuée par les forces de l'ordre, à l'instar des touristes, dans la nuit du 12 au 13 juillet. Cette nuit-là, les deux femmes dormaient dans leur caravane de fonction, qu'elles occupaient durant la pleine saison pour faciliter le travail et éviter les allers-retours. La mère et la fille ont fait les comptes : entre les outils personnels de Sylvie, l'électroménager acheté à ses frais et la planche de surf de l'adolescente, elles ont perdu pour 6 350 euros d'affaires dans leur habitation provisoire. Mais le préjudice financier importe peu pour la quadragénaire, qui regrette avant tout sa vie d'avant. "On ne travaille plus, on tourne en rond, je me sens comme un lion en cage, souffle-t-elle, la gorge serrée. J'ai tout perdu dans l'incendie. Mon travail, mon quotidien…" Depuis la catastrophe, cette employée dynamique a une envie impérieuse de se rendre utile, comme elle l'était en gérant les détails de l'intendance du camping.  Mais la zone, toujours dans les fumées, est interdite à la circulation. "J'ai besoin de retrouver mon travail", ajoute celle qui ne se voit pas, pour le moment, frapper à la porte d'un autre camping, pour ne pas "trahir" le premier.  Dans cette épreuve, elle peut compter sur le soutien de certains clients, eux aussi impatients de revenir, un jour, au Panorama du Pyla. Il y a notamment ce couple d'habitués autrichiens, qui a pris soin de lui envoyer quelques messages. "Je communique avec eux grâce aux sites de traduction. Ils sont désolés de ne pas pouvoir être là cette année. Ils venaient chaque été depuis vingt-six ans. C'est dur pour eux aussi", regrette Sylvie, qui espère tout de même pouvoir les retrouver à la saison prochaine. "On va tout faire pour."

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